Les habitants des 4000 maisons ciblées par l’Office malien de l’habitat (OMH) pour être démolies ont manifesté, dimanche 15 juin, leur désapprobation contre une décision « injuste de l’OMH ». Soulignant avoir acquis leurs parcelles dans des conditions légales, ces manifestants ont interpellé le président de la transition, le général d’armée Assimi GOÏTA, pour un dénouement heureux de cette crise.
« Monsieur le président de la transition, le général d’armée Assimi Goïta, je m’adresse à vous. Aujourd’hui, nous, les habitants de N’Tabacoro, on souffre. On a souffert sous le régime précédent et actuellement, sous ce régime, on souffre », a fait savoir M. Issiaka Fofana dit Badji, représentant d’une des familles « victimes de l’injustice de l’OMH », tout en exhortant à l’implication personnelle du président de la transition pour revoir la politique des logements sociaux au Mali. À ses dires, ils habitent sur cet espace litigieux depuis 2004, c’est-à-dire bien avant le projet des logements sociaux en 2009. « Nous, depuis 2004, on habite ici et il n’y avait personne », a-t-il indiqué, déplorant que c’est « l’OMH qui a grignoté nos terres ».
L’autre point d’incompréhension, selon ces manifestants, c’est que cette mesure est une ancienne décision déjà exécutée sous le Premier ministre Soumeylou Boubèye MAÏGA, qui ressurgit. « Boubèye (RIP), en son temps, en 2018, avait évalué les maisons en situation irrégulière et avait fait la démolition de presque 200 logements. C’est cette même décision qu’on nous a ramenée tout récemment », a-t-il regretté.
Pour ces habitants, les parcelles leur sont retirées pour être revendues aux plus offrants. « Les parcelles que l’OMH a retirées et dédommagées sont revendues à 20 millions », a-t-il fait savoir.
Dans les circonstances où le Mali peine à se relever d’une crise multidimensionnelle décennale, Badji Fofana et les représentants de milliers d’autres familles invitent à éviter le pire au Mali. « Le Mali n’a pas besoin de ça actuellement. Nous, on vient en paix et demandons à ce qu’on soit régularisés dans le plan des logements sociaux », a-t-il lancé comme cri du cœur au chef de l’État, le général d’armée Assimi GOÏTA.
De son côté, le président de l’association qui regroupe toutes ces familles, M. Issiaka Bengaly, a précisé que la rencontre de ce jour vise à mettre tout le monde au même niveau d’information et, par ricochet, à éviter que cette situation ne dégénère à certains niveaux.
Le président s’est ensuite montré disposé à toutes propositions de solutions pouvant conduire à un dénouement heureux de la crise, même s’il regrette que la partie en face reste fermée à tout dialogue constructif.
Issa Djiguiba