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3 mai : la presse malienne à la croisée des chemins

Avec certaines dérives dues à des brebis galeuses, difficile de se réjouir, sur toute la ligne, du parcours de la presse malienne de 1991 à maintenant. Toutefois, cette presse est à féliciter à plus d’un titre, grâce à l’action d’hommes et de femmes qui se battent au quotidien contre un journalisme alimentaire, et qui œuvrent pour une presse digne au service de l’information professionnelle.

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Le monde entier célèbre ce mercredi 3 mai consacrant la journée internationale de la liberté de la presse. Cette célébration 2017 de la liberté d’expression intervient au Mali dans un contexte plutôt particulier pour les hommes de médias. Il est marqué par une légère avancée avec 6 places gagnées par le Mali qui se classe au 116ème rang sur 180 Etats. Cependant l’arbre ne doit pas cacher la forêt. L’exercice de la profession de journaliste au Mali reste confronté à un environnement politique et sécuritaire hostile. Il est marqué également par des actes d’intimidation (isolés soient-il) à l’endroit de plusieurs journalistes.

Cette célébration 2017 de la liberté de la presse nous impose surtout d’avoir une pensée pour notre confrère Birama Touré du journal « Le Sphinx » disparu depuis plus d’un an. A ce jour sa famille reste sans nouvelles, et les services de sécurité sont incapables de déterminer s’il a été assassiné, enlevé, en détention secrète, ou encore s’il est sorti du pays. Le fait embarrasse les hommes de médias et suscite bien des interrogations sur la sécurité des journalistes au Mali.

Au Mali l’accès à l’information demeure la croix et la bannière pour les journalistes. Témoignage sans doute de la volonté du pouvoir public de ne pas favoriser l’émergence d’une presse libre et indépendante au service du peuple et non de la classe dirigeante.

Quand le politique clochardise les médias !

Au Mali l’absence de volonté politique à accompagner la presse face aux défis a clochardisé une partie des médias. La difficulté dans la mise en place de grands groupes de presse, l’incapacité de l’Etat à véritablement jouer le rôle de gendarme dans la régulation des médias et l’absence d’appui conséquent de l’Etat à la presse, ont favorisé la précarité dans cette presse là. Bas salaires, souvent pas de salaires, absence de couvertures sociales, etc. les journalistes maliens sont obligés de se battre dans un environnement hostile sur le plan politiques (avec les difficultés d’accès à l’information), mais aussi sur le plan économiques cause de certaines dérives. Il est clair que les difficultés économiques de la presse ne sont pas une excuse pour expliquer certaines dérives, mais c’est une explication. L’une des raisons également, c’est aussi l’absence de formation adéquate (malheureusement) chez certains hommes de médias. Dans certains pays, le journalisme est une profession d’élite, en témoigne les concours d’entrée dans certaines écoles de formation. Il est absolument regrettable au Mali de constater que cette profession est devenue un refuge de diplômés à la recherche d’emploi. La presse n’est pas une passoire, encore moins un refuge d’hommes sans formation. L’autorité a pour mission et responsabilité de jouer un rôle de gendarme face à ce défi.

Mais, et si le politique avait tout à gagner dans cette précarité et ce désordre ? La thèse parait plausible au regard du comportement des dirigeants face à la nécessité de faire appliquer aux entreprises de presse la loi sur le travail et à assurer un accompagnement institutionnel et financier à cette presse là comme c’est le cas dans d’autres pays.

Vous avez dit « 4ème pouvoir » ? Pas si sûr ! Souvent on se pose véritablement la question de savoir, à quoi sert la presse au Mali comme contre-pouvoir ?

Pourtant, malgré cet environnement hostile et assez difficile à affronter, ils sont encore nombreux ces hommes de médias qui croient en l’idéal d’une presse libre et responsable.

La presse malienne a certes ses insuffisances, du fait notamment de certaines brebis galeuses se faisant appeler « journalistes » incapables de vérifier une information avant de la publier, qui ont excellé dans le chantage, mais il est clair qu’elle demeure un pilier essentiel dans l’avènement de la démocratie et son ancrage. Fort heureusement, elle regorge encore des hommes et des femmes qui ont refusé le choix du journalisme alimentaire et qui se battent au quotidien pour une presse digne, capable de collecter et de traiter une information professionnelle au service des populations. Hommages à eux.

Bonne fête de 3 mai aux hommes de médias.

Issa Fakaba Sissoko

Correspondance particulière

Source: Le Républicain

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