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22 Septembre fêtée dans un climat tendu: Les citoyens désespérés en marche vers les remparts

Passé le stade de l’exaspération, la situation de plus en plus fébrile est en passe de devenir calamiteuse. L’anxiété gagne partout les esprits et le mot d’ordre est désormais : « Au-dedans…, l’ennemi a découvert son front ».

 


Les effets néfastes de la mauvaise gouvernance sont de moins en moins supportables par les populations. Partout montent les colères populaires. Le moindre frottement de brindilles provoque l’incendie. À Niono, poumon de l’Office du Niger, une manifestation a dégénère, le jeudi, 19 septembre dernier . La police, quant à elle, a continué à tirer pour décourager les populations déterminées à en découdre avec elle. Le Commissariat de police a fini par être incendié et des informations  vérifiées officiellement donnent même le Commissaire pour mort.

Cette insurrection populaire à un niveau préfectoral n’a, malheureusement, pas été la seule enregistrée dans le pays le même jour. 

En effet, Tombouctou, la cité des 333 Saints, a aussi connu une journée surchauffée, le même jeudi 19 septembre, à trois petits jours de l’anniversaire de la fête de l’Indépendance nationale. Une forte tension aux causes encore mal cernées a mis aux prises différentes communautés. 

Sporadiquement, des tirs nourris ont été entendus dans le quartier d’Abaradjou, bastion de la Révolution de la jeunesse. L’emblématique monument de la Paix, symbole de la cohésion sociale et du mieux-vivre ensemble, a même été le théâtre des affrontements. Des jeunes protagonistes résolus de part et d’autre n’ont pas cessé de se regarder en chiens de faïence. Des heurts intercommunautaires, faut-il le souligner, qui se sont déroulés sous les yeux et à la barbe de l’Armée malienne, des troupes de la MINUSMA et de Barkhane. Ce qui soulève questionnements et provoque des angoisses. En tout cas, malgré que le marché de Tombouctou ait été fermé, les Groupes opposés ont pu néanmoins continuer à s’approvisionner en manchettes tranchantes, signe que l’on est prêt pour le pire. La peur et la psychose étreignent tant les populations que l’on a  compté en début d’après-midi quelque huit blessés auxquels il faut ajouter les deux du jour d’avant. Des slogans communautaristes comme « Vive l’Azawad » ont été scandés. Toutes ces violentes agitations se déroulent quelques jours seulement après le passage d’une Délégation gouvernementale, venue rassurer les populations locales quant à l’engagement des travaux de rénovation des infrastructures routières de la Région à compter de décembre prochain.

De Tombouctou à Bamako, en passant par Niono, il y a comme un effet papillon qui souffle sur le pays. Dans la nuit du 18 au 19 septembre, à  bout des nerfs en voyant la décharge publique de Lafiabougou nuire de plus en plus aux populations et aux usagers de la route, mais aussi aux éplorés qui viennent enterrer leurs morts dans le cimetière à côté, des jeunes de la Commune IV de notre capitale ont tout simplement coupé la circulation en bloquant toutes les issues aux alentours. Ils ne veulent mettre fin au blocus que si l’emmerdante décharge est évacuée pour de bon.
Pendant ce temps, la lutte contre la corruption s’accélère. Le Procureur en charge du Pôle Économique, après avoir retenu Bakary Togola, Président de l’APCAM, a déféré à nouveau quatre autres personnes parmi six qu’il avait annoncées être probablement liées à l’affaire.

Avant, il avait entendu Adama Sangaré, Maire de la ville de Bamako et l’on ne sait pas si ce dernier s’en est tiré à bon compte définitivement. Dans la foulée, il a lancé un appel à témoins qui est en train de produire des effets. Le Syndicat Autonome de l’Office du Niger a, en effet, fait parvenir au Parquet une dénonciation ciblant le Cabinet d’Avocat de Me Baber Gano, secrétaire politique du RPM et membre du Gouvernement. Quant à la Plateforme de lutte contre la corruption, elle a fait savoir à l’opinion nationale et internationale qu’elle se constituait partie civile contre Bakary Togola. Last but not the least, une dénonciation anonyme tirant sa substance d’un Rapport du Bureau du Vérificateur Général a connu un partage viral sur les réseaux sociaux. Elle pointe avec détails des détournements se chiffrant à des milliards de nos francs CFA aux Aéroports du Mali. Celle-ci vient, bien sûr, après un article d’un journal de la place qui indexe le Premier Ministre Boubou Cissé, les Ministres Nango Dembélé et Kassoum Denon, et aussi Baba Berthé, patron de la CMDT. 

Quant à l’affaire des engrais frelatés, on sait qu’elle vise l’ancien Ministre Dr. Bocary Tréta, du reste Secrétaire Général du RPM, le parti du Président de la République.

On voit bien qu’à défaut de devenir épileptique, la République est bien entrée en transe. La montée progressive des citoyens sur les remparts ne peut provoquer que des marches en chancelant. Trop d’ennemis ont découvert leurs fronts.

Bogodana Isidore Théra

LE COMBAT

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