BAMAKO – La police malienne a interpellé lundi à Bamako 21 personnes qui ont tenté de manifester en dépit de l’état d’urgence contre un projet d’accord entre le gouvernement malien et les rebelles touareg contrôlant Kidal (nord-est du Mali), a constaté un journaliste de l’AFP.
Les 21 personnes interpellées étaient détenues dans un commissariat de la capitale malienne dont les responsables ont décliné tout commentaire à l’AFP.
Elles font toutes parties d’une coalition d’ONG, le Forum des organisations de la société civile du Mali (FOSCM), qui avait appelé à manifester à Bamako alors que l’état d’urgence en vigueur au Mali interdit théoriquement toute manifestation pouvant troubler l’ordre public.
Selon leurs responsables, le FOSCM entendait par sa marche protester contre un projet d’accord, actuellement en cours de discussions depuis le 8 juin à Ouagadougou entre Bamako et des groupes armés touareg.
Parmi les personnes interpellées, figurent le président du FOSCM, Mamoutou Diabaté et un autre membre du directoire, Amadou Mallé, pour lequel les textes actuellement sur la table de discussions « font la part trop belle aux rebelles touareg qui ont égorgé des militaires maliens ».
« On nous accuse de +trouble à l’ordre public+. Il n’y a pas de trouble, nous voulons défendre notre pays, c’est tout! », a dit M. Mallé.
Près du commissariat où étaient retenus les membres du FOSCM, un journaliste de l’AFP a vu des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire: « Non à Ouagadougou, l’armée malienne doit immédiatement et sans condition aller à Kidal », « Rebelles touareg = à terroristes », « La France = complice du MNLA », en référence au Mouvement national de libération de l’Azawad.
Le MNLA a mené en janvier 2012 avec des groupes islamistes armés une offensive dans le nord du Mali, qu’ils ont occupé pendant plusieurs mois la même année.
Les jihadistes, qui avaient évincé leurs ex-alliés rebelles touareg, ont eux-mêmes en grande partie été chassés par une intervention militaire française entamée le 11 janvier avec l’armée malienne et d’autres armées africaines.
A la faveur de l’opération française, des mouvements armés touareg se sont installés fin janvier à Kidal (nord-est), y refusant la présence des armées et administration maliennes, alors qu’une élection présidentielle est programmée au Mali le 28 juillet.
L’accord attendu à Ouagadougou, qui peinait jusqu’à lundi à être conclu, doit permettre un retour de l’armée malienne à Kidal en vue du scrutin.
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