Les Forces armées maliennes (FAMa) sont responsables de la défense de l’intégrité́ territoriale et la souveraineté́ du Mali. Fondées le 10 octobre 1960 après l’indépendance du pays vis-à-vis de la France. Elles se composent d’une Armée de terre, une armée de l’air, une garde nationale ainsi que d’une Gendarmerie. 20 Janvier 1961, le jour où l’armée a écrit son histoire.
Ce jour-là dans la fierté et la dignité retrouvée ainsi que dans l’exaltation nationale, le président Modibo Keita exige le départ du pays des troupes françaises, ce qu’il entend comme une manifestation de solidarité avec le FLN algérien.
Les forces armées maliennes ont participé́ à des missions de maintien de la paix en République démocratique du Congo (ONUC en 1960-1964 et Monuc depuis 1999), au Liberia en 1990, en Sierra Leone en 1997 et Centrafrique en 2000.
L’armée malienne a eu à faire une guerre contre une autre armée. Il s’agit de la guerre de la Bande d’Agacher, un conflit de frontière entre le Mali et le Burkina Faso en 1985 autour de la frontière et réputée receler du gaz naturel et des ressources minières, durant laquelle notre armée s’est hissée en une puissance régionale incontestable.
Durant les années 2000 et au début des années 2010, des militaires maliens sont entraînés par des soldats américains.
Entre janvier et avril 2012, l’armée malienne subit une série de revers aboutissant à la partition de facto du pays.
En décembre 2012, l’Union européenne décide d’apporter son aide à l’armée malienne à travers la mission de formation de l’Union européenne au Mali.
Le 11 janvier 2013, la France déclenche l’opération Serval en riposte à une offensive vers le Sud de djihadistes venus du Nord-Mali, que l’armée malienne n’a pas réussi à contrer. L’intervention militaire au Mali est une opération militaire multinationale qui se déroule depuis le 11 janvier 2013, dont l’objectif est la contre le terrorisme.
Début février 2013, les effectifs sont estimés par le ministre des Affaires étrangères malien Tiéman Hubert Coulibaly à moins de 3 000 militaires opérationnels sur un effectif théorique de 14 000 hommes.
Si la diplomatie française a été quelque peu écartée en Syrie du fait de l’initiative russo-américaine, au Mali elle a pris le leadership, s’assurant un succès à la fois militaire et diplomatique. Mais de nouveaux défis attendent.
Cela a même surpris des généraux américains, mais au Mali la « puissance moyenne » qu’est la France a agi et atteint ses objectifs militaires pratiquement seule. Elle a réussi à projeter sa puissance militaire de manière efficace (4500 soldats avec un soutien aérien
portant un coup fatal aux groupes djihadistes après que ces derniers avaient lancé une offensive à partir du nord en janvier dernier. Le succès militaire a été accompagné de victoires diplomatiques.
Alors que la présence militaire française est progressivement renforcé depuis l’opération Barkhane en 2014, cependant la violence s’intensifie. Il faut savoir que le « maintien de la paix », ce n’est « pas l’imposition de la paix ». La France a donc choisi de maintenir la paix qui n’existe pourtant pas.
La vérité est que, sans l’intervention française, les militants islamistes auraient atteint Bamako. À bien des égards la préparation et la volonté d’action de l’ancienne puissance coloniale a renforcé sa position et son influence. Le président tchadien Idriss Deby n’a pas hésité à envoyer ses troupes d’élite pour combattre aux côtés des militaires maliens pour écraser l’insurrection islamiste. L’expertise en matière de guerre du désert (rezzous) des 2.000 hommes de cette force mobile rustique et rapide a été un véritable atout pour la libération des territoires du Nord partiellement et momentanément.
L’effort de reconstruction d’une force de combat professionnelle à la suite d’un conflit rude ayant ravivé des tensions ethniques ancestrales prendra du temps, mais il doit impérieusement réussir.
Cependant, le Mali dispose en d’autres cas des Écoles militaires pour la formation exclusive des soldats maliens. Il s’agit de l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondin Beye à Bamako, l’école militaire interarmes à Koulikoro, le Prytanée militaire de Kati,
l’École militaire d’administration de Koulikoro, l’École des sous-officiers de Banankoro, l’école des sous-officiers de la gendarmerie à Faladié à Bamako.
En outre, les forces aériennes maliennes se modernisent, pour s’adapter à la guerre contre le terrorisme. Officiellement créée en 1976, l’armée de l’air malienne poursuit son effort de modernisation, par l’acquisition de nouveaux aéronefs, afin d’étendre ses capacités de surveillance, de transport et d’intervention sur son territoire. Si les forces aériennes maliennes cherchent toujours à faire re-voler leurs MiG-21, elles ont en revanche récemment réceptionné le 20 septembre dernier sur la base aérienne 101 de Sénou deux avions de transport Harbin Y-12. Les bi-turbopropulseurs de l’industriel chinois HAIG (Harbin Aircraft Industry Group) sont destinés aux missions de transport, ils renforcent.
Le Mali possède également six petits avions de surveillance de type Tétras, un vieux Basler américain pour le transport de troupe, acheté́ par le Mali en 2003.
Aujourd’hui, le régiment le mieux entraîné est celui des commandos parachutistes, formé de plus de 600 hommes. Parmi eux, quelques unités d’élite ont eu des formations militaires de la part de la Corée du nord, des États-Unis, ou du Canada. Mais un grand nombre de ces hommes sont basé à Bamako et ne connaissent pas grand-chose du terrain et des conditions de survie dans le grand Nord désertique.
Reconstruction des FAMa : les stratégies ne marchent toujours pas
En ce sens, y a-t-il crime plus grave au sein d’une armée que le fait qu’un militaire déserteur retourne son arme contre son propre frère d’armes ? Assurément non, car la fraternité d’armes et la loyauté sont au cœur de toute armée. Et pourtant le gouvernement du Mali a annoncer, la réintégration de plus de 400 militaires déserteurs dont certains ont retourné leurs armes contre l’armée malienne en rejoignant les groupes armées indépendantistes ou jihadistes du Nord du Mali.
Mais au fait qu’elle est le sort réservé au déserteur de l’armée malienne qui rejoint l’ennemi ? « Est puni de mort, tout militaire, coupable de désertion à l’ennemi » (Article 117 Code de justice militaire). Au lieu de cela, ils reçoivent une véritable prime à « la désertion à l’ennemi » à travers cette réintégration dans l’armée malienne.
Imaginez simplement l’état d’âme du soldat resté loyal à l’armée malienne. Croyez-vous qu’il peut encore compter sur la solidarité de ce déserteur ?
Mais comprendre la chute du nord Mali en 2012 ne peut s’expliquer par les seuls avantages de l’ennemi, ni par les seules défaillances tactiques maliennes, d’ailleurs. À la lumière d’une recherche, voici quatre éléments opérationnels qui ont mené à l’armée malienne à sa défaite. Il devient évident que certains problèmes persistent aujourd’hui malgré les formations étrangères: incapacité à soutenir le front, incapacité de prévoir les effectifs de l’armée et les ressources de façon rationnelle, manque de stratégie réelle, etc.
Depuis la crise de 2012, la corruption dans l’armée malienne a été dénoncée à tous les niveaux. Elle apparait au moment du recrutement pour payer son entrée dans l’armée, puis tout au long de la carrière pour favoriser son avancement. La corruption se manifeste aussi dans le recensement des pléthoriques postes fictifs qui sont un moyen de gonfler les budgets pour détourner les fonds. Elle est endémique dans la gestion des stocks d’équipement, alors que l’armée manque de munitions, de carburant et de pièces de rechange. Elle est aussi très visible chez certains généraux proches du président.
En parallèle, de nombreux scandales de corruption éclatent. Lors d’une interview accordée à Jeune Afrique en juillet 2019, le président Ibrahim Boubacar Keïta a reconnu que deux hélicoptères pour lesquels le gouvernement avait dépensé 4,6 milliards de FCFA (7,8 millions de dollars) n’étaient pas fonctionnels. L’affaire de la surfacturation du matériel militaire avait également fait les polémiques dans la presse, au cours du premier mandat d’IBK.
Maintenant quelle armée pour la reconquête du Nord Mali et quelle nouvelle stratégie militaire ?
Notre armée continue d’être confrontée à la multiplication des attaques, et à des bilans qui ne cessent d’augmenter, les autorités maliennes ont décidé d’un changement majeur de stratégie.
Dioura, Boulkessi, Mondoro, Indelimane… À chacune de ces attaques, l’armée malienne a perdu de nombreux soldats. Serait-elle impuissante face à ces attaques jihadistes qui se succèdent à un rythme croissant, sur fond de conflits intercommunautaires qui minent le nord et le centre du pays ? « La situation s’est empirée ces dernières semaines. C’est la préoccupation majeure vraisemblablement du gouvernement. Ibrahim Boubacar Keïta a tenu plusieurs conseils de défense afin de trouver des solutions ».
Fruit de ces réflexions : une nouvelle stratégie a été décidée. Il s’agit désormais de concentrer les unités éparpillées sur de vastes territoires dans des bases où les soldats seront plus à même de se défendre. Parallèlement à cette stratégie de repli, l’armée a également annoncé qu’elle allait devenir « plus offensive » face aux groupes armés.
Il faut savoir qu’en quatre ans, plus de 11 000 militaires maliens ont été formés par la mission européenne d’entraînement EUTM au Mali. Cela représente près du tiers des effectifs des Forces armées maliennes (FAMA), selon les reponsables d’EUTM. Pourtant rien n’est réglé, car l’armée malienne souffre de profonds problèmes structurels, comme on l’a expliqué́, pour être plus efficace.
Issiaka Guindo
Étudiant en Master 2 Investissement international et développement territorial à la faculté de Droit Cadi Ayyad de Marrakech, au Maroc