Le 19 novembre 1968, le régime de Modibo Keïta succombe au coup d’Etat fomenté par des officiers de l’armée nationale malienne. Les évènements se déroulent si rapidement que le monde entier est surpris, d’autant que le régime malien paraît bien être l’un des plus solides d’Afrique. Rien, en 1968, ne laisse prévoir qu’il se prépare au Mali un complot visant à renverser le régime. Rien, sauf la situation économique assez précaire et le régime policier institué dans le pays.
La cohésion du parti et la bonne organisation des services de sécurité semblent si parfaites qu’un quelconque complot parait impossible. On comprend donc le secret qui a entouré la préparation du putsch. Le coup d’Etat éclate brutalement, à l’aube du 19 novembre 1968. Mais déjà, le 18 novembre, le chef d’Etat-major général des forces armées, le colonel Sékou Traoré était arrêté à son retour du Maroc.
Dans l’ombre, une activité intense se déploie et, en quelques heures, les principaux axes de Bamako sont bloqués, les édifices publics les plus importants investis, la capitale coupée du reste du monde. Pourtant, des agents de la sécurité parviennent tout de même à alerter Modibo Keïta qui se trouve à bord du bateau le «Général Soumaré», voguant de Mopti à Koulikoro. Le chef de l’Etat devait rentrer à Bamako, ce matin du 19 novembre, de retour de Mopti où il était allé présider la conférence économique annuelle de la région. Les miliciens sont mis hors d’état de nuire. Une colonne, sous le commandement du lieutenant Tiécoro Bagayogo, est ensuite envoyée à Koulikoro.
Pendant ce temps, on procède aux arrestations des dirigeants politiques. Tous ceux qui sont susceptibles de pouvoir déjouer l’opération sont arrêtés sauf Seydou Badian Kouyaté et Ousmane Bah, respectivement président de la Commission de développement et ministre des Affaires étrangères. Le bruit court qu’ils se sont réfugiés à l’ambassade de Chine populaire. En fait, ils se trouvent dans les quartiers populaires de Bamako. Ils seront arrêtés à leur domicile, le 21 novembre 1968.
Au matin du 19 novembre, tout est prêt pour arrêter Modibo Keïta. La population de Bamako vaque comme d’habitude à ses occupations. Elle est surprise de constater dans les rues une animation peu habituelle. Des militaires en tenue de combat sont en faction dans la rue, les quelques tanks de l’armée malienne patrouillent dans les rues.
Source: Inter De Bamako