De l’ancien avion d’ATT au nouvel appareil d’IBK et voilà maintenant l’hélico. Nous demeurons condamnés à tirer au clair tout cet écheveau au risque d’une perte définitive de confiance et de crédit auprès des partenaires techniques et financiers. Mais, à mesure qu’on s’aventure dans la nébuleuse du parc aéronautique de Koulouba, l’histoire devient plus mystérieuse.
Pour en avoir le cœur net, le Fmi, chef de file des partenaires techniques et financiers du Mali, a exigé que l’opération soumise à un audit, une tâche confiée à l’institution du Vérificateur Général dirigée par l’ancien Procureur anti-corruption, Amadou Ousmane Touré. Quoique le choix dénote d’une marque de confiance et du crédit dont il jouit auprès d’un regard aussi prestigieux, le choix du BVG n’en est pas moins source de dilemme. Ce dernier aura en effet beaucoup plus du mal à prouver son indépendance (du Fmi comme des autorités maliennes) que s’il était lui-même maitre de cette initiative. En cas de déclinaison dune telle sollicitation, il passera pour une institution peu autonome et qui mérite à peine les financements substantiels de l’extérieur, tandis qu’un audit sur instigation des mêmes partenaires financiers pourrait également paraitre comme une tâche téléguidée.
Qu’à cela ne tienne : demander l’audit d’un achat d’avion opéré par la présidence de la République prouve que l’opportunité de cet achat est beaucoup moins en cause que sa moralité.
En clair, il s’agira sans doute pour le Végal, non pas de s’attarder sur l’opportunité d’acquérir un nouvel avion pendant qu’un ancien existe, mais plutôt de prouver la régularité de l’opération à travers sur pièces justificatives et convaincantes. Et pour cause : c’est manifestement le principal centre d’intérêt du Fmi, qui conditionne par ailleurs l’arrêt du sevrage financier infligé à notre pays au résultat de l’audit.
Or, il se trouve que les nuages n’ont de cesse de s’épaissir au dessus du dernier avion présidentiel. S’agissant de l’opportunité de son achat, le Pm Moussa MARA, très euphorique au départ, jurait la main sur le cœur, lors de la première question orale de l’Assemblée nationale, que son acquisition se justifiait parce que l’avion d’ATT n’était qu’une épave sans assurance et sans la moindre preuve d’appartenance à l’Etat malien. Le nouveau chef du gouvernement a été toutefois contraint, quelques jours plus tard, d’atténuer ses ardeurs défensives, après que les papiers de l’appareil récriminé lui aient été brandis à l’hémicycle. Il a tacitement admis qu’une assurance existe, certes, mais que le changement de statut civil à celui de militaire lui fait perdre toute valeur.
Cà n’est pas la seule confusion autour de l’achat présidentiel. Une autre équivoque réside davantage dans les conditions de son acquisition. Le même chef du Gouvernement a par ailleurs confié aux députés que le joyau présidentiel a été acquis sur un prêt bancaire de la BDM remboursable sur cinq (5) années, soit un montant quasiment égal aux frais de location sur une échéance similaire. Mais de recoupements ont permis de déceler que le prêt en question a été bel et bien garanti par le trésor public pour une contribution assez conséquente. Certaines confidences parlent de 14 milliards de nos francs.
Ce n’est pas toute. Une autre nébuleuse couvre également le cout réel de la marchandise. Selon président de la République, la Boeing 737 est revenue à l’Etat malien à 17 milliards, tandis que son Premier ministre a déclaré quant à lui une vingtaine de milliards devant la représentation nationale.
Si l’écart peut à pine se justifier se justifier par les frais d’assurance et les rémunérations d’intermédiaires non pris en compte par le chef de l’Etat, rien ne pourrait expliquer cet autre écart dont l’énormité semble effaroucher les partenaires étrangers. Il nous revient, en effet, qu’ils viennent de découvrir que l’avion d’IBK n’a guère été cédé à plus de 7 milliards du côté de son ancien détenteur.
A. K.