Le doyen d’âge, Mamadou Lamine Diarra, a été déclaré unanimement président d’honneur du congrès. Cet ancien du Syndicat national de l’éducation a plus de 70 ans de pratique syndicale. A cet effet, il a reçu un diplôme de reconnaissance de la centrale syndicale des mains du chef de l’exécutif.
A l’entame de ses propos, Yacouba Katilé a fait observer une minute de silence à la mémoire des camarades décédés ces dernières années. «La lutte solidaire pour un monde de travail meilleur, de progrès, de justice sociale à l’intérieur des frontières des Etats, si différents par la langue, la culture, le niveau technologique et scientifique de développement, est, de façon incontestable, une valeur chargée d’humanisme, de fraternité véritable et d’amitié sincère», a expliqué le patron de l’UNTM.
Par ailleurs, il a souligné que plus de 200 délégués et militants ont quitté leurs familles, souvent, en bravant l’insécurité, pour porter lors de ces assises, les voix et aspirations de leurs camarades des villages et des villes.
«Ce congrès s’ouvre à un moment où, au de-là des questions de travail, d’emploi, de sécurité, de pouvoir d’achat, le pays fait face à des adversités diverses», a précisé le syndicaliste. Et Katilé d’ajouter que ces assises devraient donc ratisser large, orienter mieux encore l’action syndicale qui est triste, bancale, nombriliste, si elle n’intègre pas les préoccupations des masses. Elle est d’une cécité sociale, politique, économique, si elle n’élargit pas les perspectives du développement national équilibré, où la redistribution du fruit de la croissance sera équitable entre individus, régions, villes et campagnes, a-t-il ajouté.
Dramane Haïdara, directeur du Bureau international du travail basé à Abidjan, a remercié l’UNTM pour son invitation à ce congrès. Il a exhorté les congressistes à une plus grande constance dan leurs revendications, avant de rappeler que l’OIT fête, cette année, son Centenaire.
En cette période de crise sociale, exacerbée par les nombreuses grèves, le Premier ministre ne pouvait rater l’opportunité de ces assises pour exprimer son attachement à la liberté syndicale et à la cause des travailleurs d’une manière générale. Soumeylou Boubèye Maïga a rappelé son émotion et sa fierté de participer à ce congrès. Car, en parlant de l’UNTM, il se sent chez lui. Il en était l’un de ses militants pendant de longues années. Il en était même le porte-parole lors de houleuses négociations avec le gouvernement en 1987, au nom du Syndicat national de la presse, de l’information et de l’industrie du livre (SNIPIL). «C’était avec courage, conviction et respect parce qu’à l’époque, il fallait avoir du cran pour oser prendre certaines positions, contrairement à nos jours, où il est facile de dire tout sous le couvert de l’anonymat des réseaux sociaux», a dit M. Maïga.
En outre, le chef du gouvernement a fait des rappels historiques intéressants, notamment sur les actions des acteurs du mouvement démocratique qui ont abouti à la chute de Moussa Traoré en mars 1991. Il a salué le combat courageux mené par l’UNTM avec des camarades comme Bakary Karambé, Boïssé Traoré, Ousmane Niaré, Mamadou Souraké Bathily, Issé Doucouré, entre autres. Pour lui, l’UNTM a pris une part prépondérante à la lutte pour les libertés, l’émancipation de nos populations. Il a aussi rendu hommage au président d’honneur de ces assises.
Pour le Premier ministre, la centrale syndicale doit faire preuve de vigilance démocratique, car les forces obscures qu’ils ont combattues en 1991 n’ont toujours pas relâché. «Nous faisons face actuellement à beaucoup de revendications, cela est normal. Mais, nul ne doit se prévaloir de sa position dominante pour mettre le pays en difficulté», a-t-il souligné. Soumeylou Boubèye dira qu’il reste fidèle à sa ligne de conduite, c’est-à-dire ne jamais prendre d’engagement que l’Etat ne peut tenir. « De 2013 à jours, le gouvernement a beaucoup fait pour les travailleurs. Malgré tout, nous sommes confrontés à la grève dans le milieu scolaire.
Sur 10 points de revendication, 7 ont été satisfaits, deux sont à caractère règlementaire ou législatif, pour un coût total de 3 milliards de Fcfa. Quant au dernier point portant sur les primes de logement, il est évalué à plus de 55 milliards. Ce qui n’est pas actuellement dans les cordes de l’Etat », a détaillé le chef du gouvernement. Il a aussi souligné que son rôle en tant que Premier ministre est de prendre des décisions qui ne déstabilisent pas l’ensemble du système.
«Face à la multitude des revendications, le gouvernement a décidé d’organiser une conférence sociale afin d’harmoniser, de mettre à plat tous les problèmes et d’arriver à une certaine équité dans les traitements des fonctionnaires et autres salariés. Cette conférence était programmée pour janvier dernier. Mais des contingences, les nombreux débats nationaux comme les rencontres sur la révision constitutionnelle, ont imposé un report, mais elle aura bien lieu. Car, elle est motivée par le fait, par exemple, que nous avons huit corps qui disposent de statuts particuliers, au sein de la Fonction publique», a relevé le Premier ministre.
Selon Soumeylou Boubèye Maïga, beaucoup ont profité d’une certaine faiblesse de l’Etat à un moment. Il a rappelé que dans le cas des magistrats, il y a un sérieux problème. «Dans leur traitement, Il y a seulement 237.000 Fcfa sur lesquels sont indexées leurs pensions, et près de 700.000 Fcfa de prime », a-t-il révélé.
Pour revenir au congrès, l’ancien syndicaliste a souhaité que le bureau qui en sortira puisse travailler à l’unité des syndicats. «Hormis les plus jeunes, tous les syndicalistes sont issus de l’UNTM. C’est dans l’unité que le combat pour la cause des travailleurs peut aboutir», a indiqué le Premier ministre. La rencontre qui s’achève aujourd’hui, élira un nouveau bureau.
Youssouf DOUMBIA