nseil National de la Sécurité Alimentaire , dont il a présidé la cérémonie d’ouverture le 30 janvier au CICB, le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, a confié que près de 800 000 personnes auront besoin d’assistance alimentaire au Mali en 2014.
L’espoir d’une amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables, suscité par la bonne campagne agricole de 2012 – 2013, ne s’est pas concrétisé cette année, a fait remarquer dans son intervention Fatouma Seid, la Représentante de la FAO au Mali, chef de file des Partenaires Techniques et Financiers de la Sécurité Alimentaire.
Explication: la campagne agricole 2013 – 2014 a enregistré une baisse de la production par rapport à la campagne précédente dans un certain nombre de communes, due à une insuffisance et à une mauvaise répartition de la pluviométrie. C’est ainsi que le Système d’Alerte Précoce (SAP), au terme de l’évaluation de la situation alimentaire, estime que les communes situées sur le Plateau Dogon, les communes de Léré, Dianké (Tombouctou) et les communes de Gouzounrèye et Sony Aliber (Gao) risquent de connaitre des difficultés plus ou moins importantes suite à la baisse notoire de leurs productions agropastorales.
Globalement, a confié le Premier ministre, en 2014, 800 000 personnes environ seront assistées sur le plan alimentaire, nutritionnel et alimentaire, avec une attention particulière aux déplacés internes et externes, dont le retour dans les localités d’origine pourrait être effectif dans les mois à venir. Oumar Tatam Ly avait, auparavant, rappelé que 4,6 millions de personnes ont vu leur situation affectée en 2012 par la crise multiforme et le déplacement massif des populations, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, en raison de l’occupation de la partie septentrionale du Mali. En 2013, 1,5 million de personnes ont eu besoin d’assistance alimentaire, nutritionnelle et humanitaire, selon l’évaluation conduite par le Système d’Alerte Précoce.
Par ailleurs, a précisé le Premier ministre, à l’issue de l’Evaluation Provisoire de la Campagne Agricole 2013-2014 par le SAP, évaluation qui intègre les résultats du Cadre Harmonisé et ceux de l’Enquête Economique des Ménages, le Plan National de Réponse aux Difficultés Alimentaires et Nutritionnelles a mis à jour la nécessité d’apporter immédiatement une assistance d’urgence à 75.490 personnes et d’effectuer, pendant la période de soudure à venir, des distributions alimentaires gratuites en faveur de 736.746 personnes. Il existe également un besoin en renforcement des capacités de résilience des populations vulnérables, et ce dans plus de 160 communes affectées.
Le bétail, par endroits, a également souffert de la faiblesse de la pluviométrie de cette campagne agricole 2013 – 2014, notamment dans les régions de Tombouctou et Gao, et dans certains cercles de la bande sahélienne. Un appui à ce niveau est sollicité pour soutenir quelques vaches laitières nourricières des familles des pasteurs et agropasteurs vulnérables.
Au regard de la qualité des crues au cours de la campagne passée, les zones de pêches, très vulnérables de par la nature des activités, méritent aussi un soutien, pour renforcer leur capacité de résilience face aux chocs récurrents, dus en partie aux changements climatiques.
Le Premier ministre a, toutefois, donné l’assurance que la reconstitution du Stock National de Sécurité (SNS) est en cours pour 31 000 tonnes de mil / sorgho. De même pour celle du Fonds de Sécurité Alimentaire (FSA), pour 5,5 milliards FCFA, en vue de garantir le financement idoine des actions de sécurité alimentaire et nutritionnelle de 2014.
«Par ailleurs, le marché céréalier offre actuellement aux consommateurs, surtout urbains, une stabilité relative des prix, notamment sur le marché du riz. Au demeurant, je vous invite à la reconstitution des Stocks Institutionnels pour un approvisionnement efficace des marchés céréaliers, soumis à des fluctuations saisonnières d’une amplitude accrue, singulièrement dans les zones déficitaires, dédiés à cet effet. J’encourage les opérateurs économiques céréaliers, qui jouent un rôle important dans le ravitaillement des populations, dans un contexte de vive compétition sous-régionale, à constituer également des stocks privés en cette période propice aux achats locaux, afin de garantir la stabilité des offres et l’approvisionnement régulier des consommateurs à des prix abordables» de souligner le Premier ministre, Oumar Tatam Ly.
Le dispositif de sécurité alimentaire du Mali, jadis cité en exemple dans la sous-région, a montré des faiblesses dans sa capacité à apporter une réponse adéquate aux crises multiformes auxquelles le Mali fait face ces dix dernières années, laissera entendre, de son côté, le chef de file des Partenaires Techniques et Financiers de la Sécurité Alimentaire. Il est donc apparu nécessaire, de poursuivre l’oratrice, de faire un audit de ce dispositif afin qu’il réponde à son mandat d’assurer efficacement la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations du Mali, selon les règles de la bonne gouvernance.
Avec l’appui des PTF, cet audit, réalisé en 2013, a permis de poser un diagnostic sans complaisance et de proposer des recommandations permettant de le rendre plus efficace. Ces recommandations prévoient un nouveau cadrage institutionnel et des mesures visant à améliorer le fonctionnement du dispositif et de ses organes. Des dispositions sont proposées pour l’information, la formation et le renforcement des nouvelles institutions qui seront issues de la réforme.
Les Partenaires Techniques et Financiers s’inscrivent dans l’esprit de cette réforme du dispositif national de sécurité alimentaire et attachent une grande importance à la mise en œuvre de ces recommandations, ainsi que de celles des audits des structures de la sécurité alimentaire par les autorités nationales, a relevé le chef de file des Partenaires Techniques pour la Sécurité Alimentaire. Par conséquent, de poursuivre Fatouma Seid, les PTF estiment qu’il convient de considérer le budget du PRMC (Programme de Restructuration du Marché Céréalier) qui a été soumis par rapport au dispositif national de sécurité alimentaire, comme provisoire, et de le réviser en tenant compte de la mise en place de la réforme de ce dispositif.
Les PTF estiment, enfin, qu’il est urgent de mettre en œuvre des actions à même de renforcer durablement la résilience des populations face aux crises sécuritaires et climatiques. «Il s’agira à la fois de stimuler la production locale, développer des activités génératrices de revenu et renforcer les systèmes de conservation et de stockage des récoltes» a conclu le chef de file des PTF.
Yaya Sidibé
SOURCE: 22 Septembre