ent du Mali et la société Ebemi-SA (où es-tu ? en Bambara) pour le contrat de gestion et le développement du système de suivi électronique de véhicules et de marchandises au Mali, scellé récemment à travers une concession dans des conditions régulières, commence déjà à produire les résultats escomptés. Et pour preuve : la signature à Abidjan jeudi dernier d’une convention de partenariat entre Ebemi- SA et l’Office ivoirien des chargeurs (l’OIC) pour le tracking des véhicules. Le système informatique mis en place est une invention à 100% malienne. Il a été développé par des jeunes informaticiens, sous la direction d’Abdoulaye Dicko.
C’est une forte délégation malienne qui s’est déplacée à Abidjan pour la signature d’une convention de partenariat entre Ebemi – sa (où es-tu ?) et l’Office ivoirien des chargeurs. Conduite par Babalaye Daou, Président du Conseil malien des chargeurs (CMT), elle comprenait Youssouf Traoré, Président du Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), Boureïma Mounkoro, Trésorier du CMT, Mallé Danfaga, Conseiller technique au ministère en charge des Transports, Sidi Kanouté, Directeur national des transports, Diagueli Diakité, chef Bureau contrôle transit de la douane, Abdoulaye Dicko, Directeur Général d’Ebemi – Sa et deux de ses collaborateurs, Aliou Dia et Moulaye Sidibé, sans oublier Youssouf Coulibaly, chef du service promotion et assistance aux chargeurs.
Ce beau monde avait en face de lui les responsables de l’Office ivoirien des chargeurs, dirigé par le très cultivé Fako Koné. Il y avait également le gotha des transports ivoiriens, de la douane et des partenaires de l’OCI.
C’est donc dans une atmosphère pleine de cordialité, de confiance mutuelle que la cérémonie de partenariat a eu lieu dans la salle de réunion de l’OCI, située dans le périmètre du port d’Abidjan.
Le Président de l’OCI, Fako Koné, très décontracté, souriant, est allé vite à l’essentiel, en ces termes : « Nous allons prendre en mains nos destinées, le Mali et la Côte d’Ivoire, nous allons signer un contrat de partenariat pour exploiter, de manière moderne, la stratégie de suivi des camions entre nos deux pays. Nous signons et nous démarrons immédiatement nos activités parce que tous les deux jours l’UEMOA nous presse pour évaluer les systèmes commerciaux des échanges ». Dans un style qui lui est propre, fait d’un brin d’humour, de comédie et de sérieux, M. Koné a rendu hommage à la Douane, à la Chambre de commerce et d’industrie de la Côte d’Ivoire et aux conducteurs, qui ont une contribution importante dans les entreprises.
Ensuite, Mallé Danfaga, Conseiller technique au ministère des Transports, est intervenu au nom de la délégation malienne. Il a surtout magnifié le système informatique « Ebemi », inventé par des jeunes informaticiens maliens, qui prend en compte les préoccupations des administrations des deux pays. Il n’a pas manqué de féliciter les partenaires ivoiriens pour leur collaboration et, surtout, le partenariat qui s’annonce.
Il sera suivi par Diagueli Diakité de la Douane malienne, qui a fait un brillant exposé à travers le power point. Il a rappelé l’historique du tracking au Mali, qui n’est autre que le suivi des traces de véhicules. Il a montré, image à l’appui, comment constituer les faisceaux d’indices, dans un pays comme le Mali, et, surtout, au nord du pays, dans le grand désert.
Très à l’aise dans son exposé, il a mis en exergue les avantages du tracking, à savoir la sécurisation et la facilitation du transport. S’y ajoutent la collecte et le traitement des informations sur le stock des marchandises dans les différents ports de desserte du Mali, le contrôle du mouvement des marchandises en transit sur les différents ports. Avec Ebemi, les camions maliens sont balisés, les statistiques sont fiables, les pertes sont réduites, le niveau d’apurement est satisfaisant à tous les titres de transit émis. Et, n’oubliez pas la fluidité.
Bref, le camion est visible à toutes les étapes du parcours. Le propriétaire du camion, aussi bien que la douane, peut surveiller le camion 24 h sur 24 h. Ebemi, où es-tu ? La réponse est immédiate. Les accidents, les crevaisons, les déchargements et chargements et autres activités illicites ou pas sont vues et connues en temps réel. Ebemi est un système performant qui n’existe nulle part qu’au Mali. La Banque mondiale et la Douane française ont su apprécier le produit même si les Maliens restent encore frileux. Les Ivoiriens l’ont également bien apprécié, à travers les démonstrations faites dans la salle de contrôle. En effet, depuis Abidjan, on voyait des camions maliens en route. Avec un seul clic, toutes les informations sont disponibles. Qui dit mieux ! Ebemi, une invention malienne, doit être soutenue et vulgarisée dans la sous-région.
Rappelons que le Mali est un pays sans façades maritimes. Ainsi, près de 90% des marchandises sont acheminées par la route à partir des ports de transit via les corridors sous-régionaux. L’exploitation actuelle desdits corridors se fait difficilement à cause des contrôles intempestifs imposés le long des itinéraires suivis par les camions et les longs délais de parcours et de dédouanement. Toutes choses qui contribuent au renchérissement des coûts de transport.
La vision définie par les autorités maliennes est d’utiliser l’important potentiel des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) pour améliorer la sécurité des personnes et des biens, optimiser l’utilisation, l’efficience et l’efficacité des infrastructures et équipements des réseaux de transport routier. Ce, afin de garantir des retombées concrètes pour les transporteurs et chargeurs maliens et ainsi assurer au Mali un approvisionnement régulier et à moindre coût.
C’est dans ce cadre que le ministère de l’Equipement et des Transports (MET) a travaillé pour l’intégration des systèmes de transport intelligent (STI) au Mali, dans un cadre cohérent de partenariat public-privé (PPP). Ainsi, la Direction nationale des transports terrestres, maritimes et fluviaux (DNTTMF) a initié en 2009, en partenariat avec la société ID-ITS SA, un projet-pilote portant sur le suivi électronique (Tracking) de vingt (20) véhicules de transport dont cinq (5) pour les passagers et quinze (15) pour les marchandises, sur les corridors Bamako-Dakar, Bamako-Abidjan, Bamako-Ouagadougou-Téma et l’axe Bamako-Gao. En effet, la réussite du projet-pilote ayant mis en exergue la nécessité d’étendre le système sur l’ensemble du parc de véhicules commerciaux utilisant les corridors traversant le Mali, un montant de deux cent millions (200.000.000) de Francs CFA a été inscrit sur les fonds issus des pénalités de surcharge afin de financer le suivi électronique de véhicules et de marchandises au Mali. Vu la pertinence du projet, les acteurs concernés, notamment la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), le Conseil malien des chargeurs (CMC) et le Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), aux termes de nombreuses réunions, ont manifesté leur intention de poursuivre la gestion de cette activité par l’intermédiaire de leur société commune dénommée Ebemi-S.A et demandé au département une délégation de service public.
La balle est maintenant dans le camp du gouvernement pour élaborer l’arrêté interministériel qui fait d’Ebemi une obligation pour les transporteurs, une manière d’accroitre même les recettes de l’Etat parce que la Douane aura toutes les informations à l’embarquement jusqu’à la destination. A suivre.
Chahana Takiou envoyé spécial à Abidjan