C’est la conviction du ministre des Affaires étrangère de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop exprimée lors d’une conférence de presse qu’il a animée le samedi 4 octobre 2014 à l’hôtel Radisson Blu de Bamako. Le ministre Diop entendait informer l’opinion sur ce qui a été fait jusqu’ici dans le cadre des négociations menées en Algérie.
Des négociations que le ministre dit être différentes des précédentes puisqu’impliquant la communauté internationale. Si les précédentes négociations ont concerné les parties maliennes avec des accords conclus sous l’égide de l’Algérie, cette fois-ci il faut compter avec la communauté internationale et des groupes armés hétéroclites. Aussi, le processus actuel doit aboutir à un accord global définitif et pour cela il s’agit de traiter tous les aspects liées aux régions du Nord du pays.
Quid de la République fédérale réclamée par les groupes armés ? Pour le ministre des Affaires étrangères du Mali, le fédéralisme est contraire à la Constitution malienne.
« Notre Constitution n’a pas prévu une désintégration de l’Etat pour aller vers des Etats secondaires. Nous avons expliqué que nous sommes engagés dans ce processus de négociation dans le cadre du respect de la Constitution et celle-ci ne prévoit pas un tel scénario. L’Accord de Ouagadougou et l’équipe de médiation ont clairement dit que la proposition des mouvements sortait du cadre des négociations et était à contresens », a souligné le ministre Diop. Abdoulaye Diop d’ajouter que pour toute solution qu’on va trouver pour le Nord du Mali, on devrait avoir à l’esprit l’impact que cela pourrait avoir dans la sous-région. Il a rappelé que la même proposition du fédéralisme a été rejetée dans d’autres pays où vivent les peuples similaires à ceux du Nord du Mali.
Le ministre des Affaires étrangères du Mali appelle à unir les efforts pour faire face aux défis sécuritaires qui se posent dans cette partie de notre pays se disant convaincu qu’avec les frappes de la coalition actuellement en Irak et en Syrie, les terroristes pourraient se tourner vers des ventres mous comme le Mali. « Si on crée un Etat au Nord du Mali, les terroristes viendront chasser ceux qui vivent là-bas et il faut tenir compte de ce paramètre dans les négociations. Ce qui se joue au Nord affecte Bamako, l’Algérie, le Niger…et ce n’est pas pour rien que ces pays sont très engagés dans le processus. La fédération ne nous amène qu’à une impasse ».
Qu’en est-il des propos du point focal du Burkina dans les négociations inter-maliennes à Alger, le colonel Abdou Karim Traoré parus dans un journal de la place et selon lesquels le principe du fédéralisme se conçoit dans un Etat unitaire ? Selon le ministre Diop, le Burkina a été interpellé sur la question et les autorités Burkinabè ont clairement indiqué que ces propos ne les engagent pas et ne reflètent pas la position de leur pays dans les négociations. Le ministre d’ajouter que l’intéressé a même fait un démenti pour expliquer que ces propos ont été sortis de leur cadre.
Abdoulaye Diop regrette qu’on se focalise trop sur la question du fédéralisme mise sur la table par les groupes armés alors qu’il y a beaucoup d’autres points sur lesquels les parties se retrouvent. Il a indiqué que la partie gouvernementale et les groupes armés se trouvent sur 70% des questions discutées.
Qu’est-ce que le gouvernement malien entend proposer aux groupes armés ? Pour le ministre Diop, c’est la régionalisation. Il s’agit de transférer de larges priorités aux collectivités. Pour lui, le Nord du Mali n’est pas une seule région, mais 3 et chacune d’elles a ses spécificités qu’on peut examiner. « Nous voulons aller à une régionalisation. C’est une vitesse supérieure parce que pour la sécurité du pays, il nous faut un développement harmonieux. L’écart est grand entre Bamako et les autres régions. Il nous faut une seule armée, mais les populations peuvent participer aux questions sécuritaires locales », a précisé le ministre.
Le ministre Diop s’est montré au cours de cette conférence de presse optimiste. Un optimisme fondé sur le fait qu’il y a une réelle volonté de part et d’autre d’aboutir à une paix définitive pour le pays.