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08 MARS 2014:Femmes mécaniciennes : LA FIN D’UN MONOPOLE MASCULIN

Ces techniciennes exercent sans complexe ce métier autrefois réservé aux hommes dans notre société

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Il est 17 heures ce jour là à Bougouni. Notre équipe de reportage visite le garage de l’antenne de la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT).  Au centre, deux femmes mécaniciennes, en bleu de travail, examinaient le moteur d’un énorme camion polybenne. Elles étaient  entourées de collègues masculins.

Les deux mécaniciennes professionnelles sont Mme Diallo  Assétou  Sangaré et Mme Diallo Aïssata  Djénèpo. La première est titulaire d’un CAP en mécanique auto obtenu au CFPA de Koutiala, la seconde est une ingénieure formée à l’Ecole nationale d’ingénieurs (ENI) de Bamako, section génie industriel, option mécanique. Ces charmantes dames sont toutes deux mariées et mères de famille.

Mme Diallo Assétou Sangaré officie dans ce garage depuis 2004, comme saisonnière. Le hasard a fait que quelques minutes avant notre arrivée dans le garage elle avait reçu son contrat de travail à durée indéterminée. A la fin de notre visite elle nous présentera ce document traduisant  son changement de statut. La technicienne grâce à sa compétence et son sérieux avait convaincu ses patrons et ses collègues. Ces hommes se sont associés aux félicitations que notre équipe a adressées à Mme Diallo Assétou. Ils ont unanimement reconnu le mérite et la compétence de la mécanicienne.

Rien de surprenant dans le parcours de Mme Diallo Assétou. Elle a toujours été une passionnée de mécanique. L’obtention du Diplôme d’études fondamentales (DEF) lui donne l’occasion de réaliser ce rêve d’enfance. Elle demandera à être orientée dans une école professionnelle pour apprendre les rudiments de la mécanique. Seule fille de sa classe, elle fera face stoïquement aux sarcasmes des élèves masculins. « Ils étaient convaincus que la mécanique n’était pas un travail de dame et que face aux moqueries, je finirais par  renoncer », se souvient-elle. Au fil des ans, Mme Diallo Assétou Sangaré a réussi à faire taire les mauvaises langues. Et à force de courage, elle a suscité l’admiration de tous. Les collègues masculins retiennent d’elle, l’image d’une femme déterminée qui sait ce qu’elle veut. Elle jouit  d’une totale confiance de ses collègues. Elle a fait ses preuves dans un parc qui compte plusieurs dizaines de véhicules de toutes marques.

Le chef de garage, Mamadou Konaké, souligne que dans son service la parité genre est respectée. Tout le travail est accompli ensemble par les dames et les hommes. « A partir du moment où la personne, homme ou femme, dispose des compétences nécessaires l’égalité joue naturellement. Les Maliennes doivent comprendre que seule leur capacité à exécuter correctement un travail mettra fin au  débat sur le monopole masculin dans le domaine technique», pense-t-il.

La mécanicienne vit dans une grande famille. Cela n’affecte en rien son travail, malgré les contraintes qui en découlent quelquefois. Le mari, enseignant de profession, soutient totalement son épouse et lui exprime sa fierté à toutes les occasions. Il en est de même de sa belle famille. Les rapports avec les collègues hommes sont excellents et empreints de convivialité, particulièrement avec l’autre dame du groupe, Mme Diallo Aïssata Djénèpo. Cette ingénieure mécanicienne a rejoint le garage de la CMDT de Bougouni, il y a huit mois environ. Elle a fait ses premières armes dans un garage privé de Sikasso avant de rejoindre la CMDT en 2012.

ADMIRATION ET RESPECT. Elle a débuté avec un Contrat à durée déterminée (CDD), finalement converti en Contrat à durée indéterminée (CDI) grâce à sa détermination et sa passion pour la mécanique. Elle est chargée de la mission d’appui au chef de garage. A ce titre, elle vérifie la maintenance des matériels roulants, l’état des stocks de pièces de rechange. Elle s’occupe des relations avec les fournisseurs, de l’exploitation du matériel, bref de l’organisation du travail.

Cette dynamique femme ne boude pas son plaisir de donner un coup de main à ses collègues masculins pour effectuer une réparation sur un véhicule. « La mécanique n’a pas de secret pour moi », affirme-t-elle avec assurance. Mme Diallo Aïssata Djénèpo est consciente de ses responsabilités. Elle estime que dans le travail quotidien il ne doit point y avoir de rupture au risque de faire arrêter l’usine. Pourquoi  a-t-elle choisi ce métier ? Cette scientifique avoue avoir un faible pour les matières techniques, d’où sa volonté d’être orientée au Lycée technique de Bamako, section Industrie. Elles étaient trois filles dans cette section. Après le baccalauréat, les trois filles se sépareront. Notre interlocutrice fut orientée à la FAST, où elle se présentera au  concours d’entrée à l’ENI. Aïssata commencera cet autre cycle en compagnie de deux autres  filles, dont l’une a fini par abandonner. La seconde suivra la filière énergétique.

Mme Diallo Aïssata Djénèpo optera pour la mécanique. Pourtant au Lycée après une 10e commune, les responsables avaient décidé de mettre toutes les filles à la section électrique. Aïssata demandera de changer de section, au profit de la mécanique. « Il n’y avait pas meilleure option pour moi que la mécanique qui demande beaucoup de réflexion, d’imagination, de créativité et surtout de concentration », dit-elle souriante.

Dans son lieu de travail, elle a forcé l’admiration et le respect de ses collègues hommes. Ces derniers n’ont aucune gêne à recevoir les instructions venant d’elle. Comme sa collègue, Aïssata bénéficie du soutien total de son époux, lui aussi Ingénieur. La preuve de cette compréhension est que le mari et les enfants vivent à Sikasso. Aïssata les rejoint tous les week-ends. Cette contrainte est loin de décourager notre interlocutrice. Elle est dévouée à donner le bon exemple, afin que d’autres filles embrassent ce métier.  Elle ne rate aucune occasion pour faire la promotion de son métier auprès des femmes. Elle a réussi dans son milieu à banaliser l’image de la « femme mécanicienne ». Elle se surpasse et prouve qu’en matière de travail dans le monde actuel, il n’existe plus de domaine réservé uniquement aux hommes.

Aïssata et Assétou sont conscientes qu’à travers elles, toutes les autres femmes  sont jugées, surtout celles qui embrassent des domaines prétendument « réservés » aux hommes. «  Nous devons nous affirmer pour inciter les femmes à choisir les métiers mécaniques. Nos performances séduiront nos employeurs. Ils ne regretteront pas leur choix. Le secret de la réussite ? « Donner le bon exemple et être compétentes », ont conclu d’une et même voix les deux mécaniciennes. Le chef de garage de Bougouni Mamadou Konaké, est largement satisfait du travail des deux techniciennes. Elles font la fierté de son garage. Mais aussi surtout sa curiosité.

M. A. Traoré

 

Filière électrique : LA TOUCHE FEMININE
Seule femme de l’usine, Mariam abat un travail remarquable Mariam est électricienne à l’usine II de la CMDT de Sikasso. Une profession qu’elle exerce avec fierté et passion

La promotion et l’émancipation de la Malienne continuent de remporter au quotidien des succès dans notre pays.  En témoigne la présence des femmes dans toutes les sphères de l’administration publique et privée. Très entreprenantes, les Maliennes sont désormais convaincues que l’autonomie d’entreprendre et l’indépendance financière passent par le travail. Elles participent, désormais, à  toutes les activités génératrices de revenus. Et elles évoluent dans des domaines jadis réservés aux hommes dans notre pays : mécanique auto, électricité,  couture etc. Il est courant de rencontrer des femmes dans les ateliers de couture. Mais les mécaniciennes auto et les électriciennes sont rares. Dans nos communautés, les mentalités ont mis du temps avant d’accepter que les filles et les garçons puissent avoir des aptitudes égales pour apprendre tous les métiers. L’entourage familial ne détourne plus les élégantes du métier qu’elles ont choisi.

A force de détermination les étudiantes arrivent à surmonter  les contraintes et les préjugés qui les empêchaient jadis de pratiquer le métier de leur rêve.  La trentaine épanouie,  Mme Djikoloum Mariam Bagayoko, est de celle-ci.  Elle est diplômée de l’ENI, section « Energie ». Dans sa soif d’apprendre les B.A-BA de l’ingénierie électrique, Mariam suivra une formation en « énergies renouvelables » à Ouagadougou en 2011.

Celle qui est toujours sous Contrat à durée déterminée (CDD) à la CMDT a prouvé son talent d’ingénieure  en électricité, dans un premier temps, à l’usine de Koutiala. Elle sera transférée à l’usine II de Sikasso, où elle officie depuis bientôt une année. Très compétente elle s’occupe de la gestion de l’égrenage et coordonne d’autres activités. Elle intervient sur les pannes, assure la gestion des ouvriers, calcule les chiffres de la production journalière. Seule femme de l’usine, Mariam abat un travail remarquable. Appréciée et souvent redoutée, elle joue et s’acquitte humblement de sa mission de leader.

UNE PARFAITE COMPLICITE. La passion pour la science de Mariam remonte à son enfance. Elle a hérité ce penchant de son père. Cet enseignant de profession, occupait son temps libre à effectuer des petites réparations techniques à la maison. Curieuse de nature, Mariam commença à s’intéresser à ce que faisait son père à la maison. Après son succès au baccalauréat, série  Sciences exactes, elle optera pour la FAST. La quête de l’excellence et de la perfection en matière scientifique,  conduira Mariam à faire le concours d’entrée à l’ENI. Elle pouvait compter sur le soutien indéfectible de son géniteur et de son mari, un amoureux de la technique. Mariam avoue que son couple mène sa vie de foyer et s’occupe de l’éducation de leur petite fille dans une parfaite complicité.

Notre responsable d’usine se décrit comme quelqu’un d’équilibré, ayant la tête sur les épaules. Cette confiance en elle-même l’aide à s’imposer au milieu des hommes, jaloux  de leur prétendue suprématie naturelle. Mariam se fait respecter par la qualité de son travail, toujours irréprochable. Mais ses débuts dans les usines de la CMDT n’ont pas été faciles. Elle a été victime des pesanteurs sociales et culturelles. Ses collègues hommes rechignaient au début à recevoir des ordres d’une femme. «  Plusieurs cadres masculins me sous-estimaient. Ils affirmaient que ma présence à l’usine  sera  temporaire », se rappelle-t-elle.

Les tentatives de déstabilisations seront lésion dans le but de lui faire lâcher prise. Un manœuvre qui a requis l’anonymat témoigne qu’il lui est arrivé de jeter à la face de Mariam qu’elle n’était pas à sa place dans cette usine. Il était convaincu qu’elle allait abandonner la partie. Bien au contraire ! Très déterminée, Mariam parviendra à forcer l’admiration et le respect de tous ses collaborateurs. Elle a privilégié la communication pour débloquer les barrières sociales, «  Il s’agissait pour moi de prouver aux hommes que j’étais une vraie professionnelle », explique-t-elle. Dans ce dessein, elle devait se surpasser pour faire valoir la qualité de ses prestations. Présentement, l’autorité de Mariam est acceptée par les hommes. Les  consignes de travail sont scrupuleusement suivies par ses collaborateurs.

Comment faire pour encourager les filles à choisir les études scientifiques ? La scientifique chevronnée pense que les entreprises doivent s’ouvrir aux femmes diplômées dans leur domaine. Mariam ajoute que les filles choisissent généralement des formations qui leur permettent un accès facile au travail. Elle est convaincue que si notre pays garantit aux filles un emploi à la fin de leurs études, elles seront nombreuses à embrasser les filières scientifiques.

Pour réussir l’équité genre, Mariam exhorte les Maliennes travailleuses à plus de solidarité. Unies, elles viendront à bout des écueils qui ralentissent  la promotion de la femme et son épanouissement. Les femmes sont invitées à être beaucoup plus entreprenantes, courageuses, engagées et agressives. Le travail bien fait est le levier du succès.

M. A. Traoré

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