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Économie : quand Tombouctou respire par l’Algérie

Tombouctou enregistre depuis quelques années un grand nombre de produits en provenance de l’Algérie. Dans les camions de transport, ces denrées de première nécessité font le bonheur de bon nombre de familles dans la cité perdue. Perdue entre les dunes et presque coupée des autres contrées du pays à cause des difficultés routières, Tombouctou arrive tant bien que mal à vivre de son trafic commercial avec des pays frontaliers du Mali, comme l’Algérie ou la Mauritanie. Depuis l’occupation, ces camions ravitaillent la ville en huile, lait, farine, couscous, sucre et autres boissons.

Ces produits coûtent moins cher que ceux venus de Bamako, nous confie-t-on, à cause des difficultés de la route et bien d’autres causes qui ne disent pas leurs noms. « Sinon, chacun voudrait consommer ce qui est produit chez lui, mais les produits du pays sont intouchables sur le marché », se défend Cheick Cissé, commerçant au marché de Yobou Tao, qui d’ailleurs s’est investi dans la sous-traitance avec des Arabes en provenance d’Algérie qui lui fournissent des articles. Des pertes de gain pour l’État « Il est vrai que ces camions nous apportent beaucoup de choses. On peut avoir 500g de lait à 1 000 FCFA, mais cela reste toujours de la fraude.

Il n’y a pas de poste de contrôle, ni de payement de taxes. C’est donc l’État qui en sort perdant », se plaint Sidi Mahamane Babaya dit Chamani, Président du Conseil Malien des Transporteurs routiers de Tombouctou. Lui croit que la route Ngouma Koura – Niafunké – Tombouctou aurait pu faciliter la liaison avec le sud, mais avec l’insécurité, cela est impossible. « Sinon, même le sud pouvait profiter du bon prix des produits, comme les salons marocains, les couvertures 10 pièces, les objets de décoration intérieure, le couscous et autres », conclut-il. Les camions qui viennent d’Algérie ne subissent aucun contrôle ni ne payent de taxes nulle part avant d’arriver à Tombouctou. Cet état de fait est dû à l’insécurité, qui a obligé les autorités à se retirer.

Néanmoins, les chauffeurs ne se plaignent pas des conditions. Sidi Mohamad Ould Lamine déclare que la route est bien sécurisée. « De notre départ d’ici jusqu’en Algérie, nous n’avons aucun problème sur la route. Souvent nous passons une semaine ou même 10 jours en route, à cause du poids du véhicule, mais sans danger. C’est aux alentours de Tombouctou seulement qu’il y a quelques bandits et là, nous espérons trouver une solution ». Une solution que Sidi Mohamad préfère garder sous silence. Avec des véhicules de 18 à 20 tonnes, ces transporteurs parcourent le trajet entre l’Algérie et Tombouctou pour ravitailler la Cité des 333 saints.

Ces Arabes qui font le trajet sont Maliens mais se disent toujours bien accueillis en Algérie, car c’est du « business et que cela est bon pour ce voisin du Mali ». Ici, on ne veut pas parler argent, surtout lorsqu’il s’agit de ce qu’on gagne par voyage ou dans le mois. Néanmoins, Hamad Guissa nous confie : « je suis dans ce camion depuis bientôt deux ans. Deux fois par semaine, nous sommes à Tombouctou avec du lait, du thé, du couscous et du savon. Pour acheter, nous dépensons souvent deux à trois millions et on écoule tout à Tombouctou ». Ces camions font entrer sur le marché des produits de première nécessité mais aussi, et surtout, ils interviennent dans l’économie de la ville et permettent à bon nombre de personnes de boucler leurs fins de mois (chauffeurs, apprentis, porteurs, mécaniciens…).

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