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Zimbabwe: l’opposant Evan Mawarire interpellé à son retour d’exil

Harare (AFP) – Le pasteur zimbabwéen Evan Mawarire, un des chefs de file de la fronde contre le régime autoritaire du président Robert Mugabe, a été arrêté mercredi à l’aéroport d’Harare alors qu’il rentrait dans son pays après plus de six mois d’exil.

robert mugabe president zimbabwe

Début 2016, dans un Zimbabwe au bord de l’asphyxie économique et financière, ce pasteur, inconnu du grand public et qui n’est affilié à aucun parti politique, avait lancé sur les réseaux sociaux une campagne de protestation contre le gouvernement, baptisée “#ThisFlag” (“#CeDrapeau”).

Dans une vidéo qui a rapidement enflammé l’internet, il était apparu avec un drapeau zimbabwéen en écharpe, pour dénoncer l’incurie et la corruption du régime.

L’appel à la résistance lancé par ce père de famille de 39 ans, incapable de payer la scolarité de ses deux filles, avait provoqué une vague de manifestations et de grèves qui a secoué tout le pays, dirigé d’une main de fer par Robert Mugabe depuis 1980.

Mercredi, de retour d’un exil qui l’a conduit en Afrique du Sud puis aux Etats-Unis pour “chercher des soutiens”, il a été arrêté dès sa sortie de l’avion qui le ramenait à Harare.

“Quand il est arrivé à l’aéroport, il a été escorté dans une pièce par trois hommes”, a affirmé à l’AFP sa soeur, Telda Mawarire.

“Je confirme qu’il a été arrêté”, a déclaré à l’AFP son avocat, Harrison Nkomo.

“Bonjour à tous, nous remercions Dieu d’être en bonne santé, malheureusement j’ai encore été arrêté”, a lancé Evan Mawarire sur une vidéo filmée par une avocate proche de l’opposition, Fadzayi Mahere, au poste de police de l’aéroport.

“J’espère que je vais m’en sortir”, a-t-il ajouté sur ce court film mis en ligne par l’avocate, “c’est mon pays et je suis autorisé à rentrer chez moi. Je n’ai pas commis de crime”.

Avant d’embarquer à Johannesburg pour la capitale zimbabwéenne, le pasteur avait confié à un journaliste sud-africain, Simon Allison, qui l’accompagnait, être conscient des risques d’un retour dans son pays.

“Je rentre à la maison et je ne sais pas ce qu’il va se passer”, avait-il confié à M. Allison.

– Crise –

Evan Mawarire avait fui le Zimbabwe mi-juillet après avoir été brièvement arrêté et accusé d’incitation à la violence. Depuis l’étranger il avait appelé la population à continuer la grève.

Selon Fadzayi Mahere, il devrait être inculpé de “tentative de subversion d’un gouvernement constitutionnellement élu”.

Après un pic au mois de juillet, la contestation anti-Mugabe s’est essoufflée ces derniers mois au Zimbabwe, victime d’une répression policière brutale et d’une série d’interdictions de manifester imposées par les autorités.

Le pays traverse une grave crise depuis le début des années 2000. Asphyxiée par le manque de liquidités, son économie tourne au ralenti et 90% de sa population active n’a pas d’emploi formel.

Les Zimbabwéens sont contraints de patienter de longues heures devant les guichets des banques pour en retirer de l’argent liquide et l’Etat lui-même éprouve de plus en plus de difficultés à payer ses fonctionnaires à temps.

En novembre, pour tenter de desserrer l’étau financier et ralentir la fuite de dollars américains vers l’étranger, le gouvernement a lancé une nouvelle monnaie indexée sur le cours du billet vert.

Mais la mesure n’a pas produit les effets escomptés et fait craindre le retour de l’hyperinflation délirante qui avait atteint des centaines de milliards de pourcent en 2009, forçant le gouvernement à l’abandon de la devise nationale.

Mercredi, le ministère des Finances a annoncé une nouvelle de taxe de 15% sur les produits alimentaires de base.

“Les prix des marchandises de base vont forcément grimper (…) le régime semble éprouver un plaisir morbide à voir le peuple souffrir”, a réagi un porte-parole du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition), Obert Gutu.

Sourd à toutes les critiques, Robert Mugabe est d’ores et déjà en course pour un nouveau mandat en 2018. Le plus vieux chef d’Etat en exercice fêtera ses 93 ans le 21 février prochain.

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