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Yémen: entre insécurité et famine, la grave crise humanitaire se poursuit

Le Yémen entre dans la quatrième année d’un conflit qui a déjà fait plus de 10 000 morts. Si la tendance actuelle devait se poursuivre, jusqu’à 14 millions de personnes pourraient être en situation de « pré-famine » dans les mois à venir, estime dans une récente note interne Mark Lowcock, le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitaires. Thierry Durand, responsable d’un hôpital Médecins sans frontières à Mocha au sud du stratégique port d’Hodeida, nœud actuel des affrontements, témoigne, lui, de l’effondrement des institutions publiques, hôpitaux et écoles dans un pays déchiré par la guerre.

« La situation humanitaire au Yémen est la pire au monde. 75% de la population, soit 22 millions de personnes, ont besoin d’une aide et de protection, dont 8,4 millions sont en situation d’insécurité alimentaire grave et dépendent d’un apport en nourriture urgent », souligne M. Lowcock dans ce document datant du 18 octobre et remis aux 15 membres du Conseil de sécurité. Le responsable onusien doit faire mardi un exposé devant le Conseil de sécurité sur la situation humanitaire dans le pays. Le 16 octobre, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait déjà craint que jusqu’à 12 millions de personnes puissent être touchées par la famine dans les mois à venir.

400 kilomètres, un hôpital…

Depuis 2015, le Yémen est soumis à une guerre opposant les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, qui contrôlent le port de Hodeida ainsi que la capitale yéménite Sanaa, à une coalition arabe sous commandement saoudien qui défend le gouvernement réfugié à Aden (sud). Les conséquences de cette guerre impactent sur le fonctionnement des institutions publiques comme les hôpitaux. « Il n’y a pas un chirurgien, il n’y a pas un obstétricien, entre la ligne de front d’Hodeida et Aden. C’est-à-dire toute une bande de côtes de 400 kilomètres de long, on est le seul hôpital pour offrir des soins chirurgicaux urgents à l’ensemble de la population, déclare Thierry Durand, responsable d’un hôpital Médecins sans frontières à Mocha. 65% des gens qui viennent, qui nous arrivent de la province d’Hodeida, viennent pour des conséquences directes de conflit : explosion de mines, blessures par balles, bombardements, tirs de mortiers. »

Aujourd’hui, pour le Yémen, « la plus vaste opération humanitaire est en cours », confie Mark Lowcock, indiquant que « plus de 200 partenaires apportent aide et protection » via un plan humanitaire international.

RFI

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