C’est suite à une insurrection populaire pour réclamer la tête du Maire Tamassa KEBE qui a dégénéré en échauffourées avec les forces de l’ordre. A la tête de la commune rurale de Konsiga depuis 2009, le départ du maire Tamassa KEBE était longtemps réclamé par une frange assez conséquente de sa population. Ses adversaires dénoncent en effet un coup d’Etat électoral et exigent l’annulation pure et simple de l’élection du 20 novembre 2016 dans leur circonscription au profit d’une autorité intérimaire.
Mais le litige remonte en réalité à 2009. Au motif d’un truquage du scrutin à l’époque, le maire contesté était attendus de pied ferme au tournant par des administrés qui voulaient pour le chasser de la mairie par les urnes aux élections suivantes. Manque de bol, un scénario inattendu s’est produit en 2016 avec la réélection de l’intéressé seul dans la course pour sa propre réélection. La liste Yelema-Codem, unique adversaire du Maire URD ayant été disqualifiée par la justice en dépit de la forclusion de la requête introduite par le camp opposé. La victoire était ainsi inévitable et le maire sortant est réélu avec seulement 13% de participation alors que la population semblait majoritairement acquise à la liste Yelema-Codem.
Après plusieurs marches pacifiques pour exiger son départ, les populations des 5 villages de la commune de Konsiga, réunies au sein d’un collective dénommé DAGAKAANE, ont finalement opté pour un sit-in pour protester et le déloger. C’était le 11 décembre 2017 aux environs de 05h du matin. Le maire, ses conseillers et l’ensemble du personnel de la mairie ont été ainsi privés de leurs bureaux depuis le lundi passé jusqu’à nouvel ordre. Les manifestants ont soulevé 5 grandes préoccupations et demandé aux plus hautes autorités de s’impliquer dans la résolution du problème.
Il s’agit entre autres de mener une enquête sur le résultat des élections communales de 2016 ainsi que sur l’identité réelle du maire TamassaKébé, d’organiser une nouvelle élection communale partielle dans la Commune de Konsiga en la couplant avec les prochaines élections régionales et de cercle, de clarifier les conditions d’acquisition de deux tracteurs au nom de la commune qui sont toujours aux mains du maire comme une propriété privé, d’envoyer une mission d’audit dans la commune sur les fonds collectés au titre de la TDLR de 2004 à nos jours.
De source bien introduite, l’élément déclencheur aura sans doute été l’accueil triomphal accordé au maire Tamassa Kébé à son retour d’un périple à Paris. Un épisode qui a provoqué un choc chez ses adversaires politiques qui, de même source, ont été clairs lors de la manifestation : ils ne veulent plus du maire Kébé qu’ils ont qualifié de «monarque assoiffé de pouvoir» en plus des accusations de gestion calamiteuse et chaotique de la Commune de Konsiga.
Pour empêcher que la situation dégénère, les autorités ont dépêché une équipe de trois gendarmes pour aller raisonner les manifestants en les invitant à lever leur siège de la Mairie. Peine perdue car les manifestants sont aussitôt déchaînés sur les forces de l’ordre, blessé un gendarme sur le coup avant de saccages les biens des personnes proches du Maire. Le centre de santé, le siège d’une radio et d’autres biens et équipements publics ont été dans la même foulés incendiés. Quant au bilan humain il est de huit blessés par balle dont quatre graves. Une trentaine de personne auraient été également interpellées, selon nos sources.
Il est certes de bon ton que le peuple s’exprime en démocratie, mais les principes démocratiques reposent tout aussi dans le respect des mandats et les décisions de justice.
Amidou Keita
Le Témoin