Le 17 juillet, à Kidal, des manifestants hostiles à une initiative d’installation du drapeau national au Mécanisme opérationnel de Coordination (MOC) ont commis des outrages aux symboles de l’État. Aussitôt, le gouvernement, la médiation et les mouvements signataires de l’Accord ont condamné ces actes. Yaya Sangaré, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, chargé des relations avec les Institutions, a accordé à Journal du Mali une interview à ce sujet.
Comment expliquez-vous l’hostilité de ces populations vis-à-vis de ces symboles alors que le processus de retour définitif de l’État est en cours?
Je ne pense pas que cela soit le fait de tous les Kidalois, mais d’un groupe d’individus qui n’ont pas bien compris la situation réelle du pays. Ces gens pourraient être manipulés par des groupes qui ont intérêt à ce que l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger n’avance pas. Je voudrais dire aussi qu’il y a aujourd’hui des instruments sur lesquels nous devrons nous fonder pour avancer pour que le retour de la paix soit effectif. Il y a l’Accord, qui n’a pas touché à certains éléments essentiels, comme l’intégrité du territoire et l’unité nationale. Il y a donc des éléments pour travailler à ce que l’intégrité territoriale du Mali soit respectée. Cela veut dire que nous sommes une même Nation sous la même République. Cette République a des attributs qui en font un pays souverain. Le drapeau en fait partie. Il est l’identité de notre pays au plan international. Ce qui s’est passé à Kidal est donc très grave et doit être condamné et puni, parce que ce n’est pas la première fois que cela arrive. Le drapeau consacre notre dignité et notre fierté d’être Maliens. Ce qui s’est passé, nous allons continuer à le condamner et à demander à ce que les gens arrêtent ce genre de comportements, qui peut créer un fossé entre la population de Kidal et le reste des Maliens, ce qui n’est pas bon. Cela peut aussi ternir l’image de Kidal aux plans national et international. La communauté internationale est aujourd’hui auprès du Mali pour que nous puissions travailler au développement. Ce type de comportement peut démotiver ceux qui sont en train d’aider notre pays à retrouver la paix. Kidal a besoin de développement, d’eau potable, de centres de santé, d’écoles. Nous sommes dans un monde d’hyper compétitivité et tous ceux qui ne seront pas au rendez-vous vont rater le développement. Nous ne voulons pas que Kidal subisse cela.
Au-delà des condamnations, y a-t-il des mesures à prendre, des sanctions ?
Il est prévu dans l’Accord des sanctions à chaque fois que quelqu’un essaie de mettre à mal sa mise en œuvre. Et ces comportements le font. Nous allons demander à la communauté internationale d’activer ces sanctions contre tous ceux qui sont initiateurs ou auteurs de ces comportements. Mais pour le faire il faut diligenter une enquête. Le gouvernement est déterminé à situer les responsabilités, poursuivre les auteurs et commanditaires et les traduire devant la justice. Les lois au Mali sont très claires en la matière. Celui qui brûle ou qui profane le drapeau national doit s’attendre à des sanctions. Au-delà des dispositions de l’Accord, ce sont des choses assimilables à des crimes contre le pays.
Comment allez-vous mener ces enquêtes alors que l’État est absent de Kidal ?
C’est la raison pour laquelle nous interpellons fortement la CMA, qui s’était engagée à faire en sorte que l’État revienne à Kidal. Le gouverneur est déjà nommé. L’État fait des efforts dans tous les domaines, services sociaux de base, école, santé, énergie, mais ce genre de comportements nuit à la sécurité de ses agents. L’État fait de son mieux. Il va travailler avec ceux qui ont juré de faire en sorte que l’État malien soit présent à Kidal. Ces gens-là sont de Kidal. Nous allons également travailler avec la communauté internationale pour progressivement aller à leur identification et pour voir dans quelle mesure ils peuvent être remis à la justice.
La CMA a aussi condamné ces actes. Joue-t-elle vraiment franc jeu alors que rien n’est supposé se passer à Kidal sans son aval ?
Nous n’avons aucune raison de douter d’une partie signataire de l’Accord. La situation de Kidal est très complexe. Nous savons les efforts que fait la CMA pour la sécurité et la tranquillité des populations de Kidal, mais nous savons également que Kidal n’est pas entre les mains d’une seule composante. C’est une coordination. Certainement qu’il y a des éléments incontrôlés qui ne veulent pas de cette paix, de cette unité, qui ne veulent du Mali. Ce sont eux qui ont créé cette situation afin qu’il y ait un embrasement. Cet embrasement n’arrange personne. Nous prenons acte de la condamnation qui a été faite par la CMA, mais nous disons encore à la CMA de travailler d’arrache-pied pour qu’il y ait une communauté de vue et d’actions afin que Kidal revienne effectivement dans le giron de la République du Mali.
Propos recueillis par Acherif Ag Ismaguel