Devant la Commission-vérité et réconciliation, deux anciens membres de la garde présidentielle gambienne ont déclaré le mardi 23 juillet 2019 que plusieurs migrants avaient été exécutés en juillet 2005 sur ordre du président Yahya Jammeh. Ces migrants tués au nombre d’une trentaine faisaient tous partie d’un groupe de migrants clandestins qui tentaient de regagner l’Europe, dont 44 Ghanéens et plusieurs autres Nigérians, Sénégalais et Togolais, etc.
Devant la Commission-vérité et réconciliation (TRRC), Omar Jallow, ex-membre des « junglers », une unité officieuse de soldats choisis au sein de la garde nationale a déclaré, selon Jeune Afrique, que « Yahya Jammeh a ordonné l’exécution de ces ressortissants étrangers », présentés comme des « mercenaires ». Selon lui, ces 30 Ghanéens ont été emmenés dans le village du président, Kanilai, pour être exécutés, en ajoutant également que les autres migrants ont aussi été tués. Selon Jeune Afrique, Malick Jatta, un autre militaire a lui aussi avoué, le mardi avoir tué l’un des migrants ghanéens, mais en assurant avoir épargné un fuyard, faisant référence probablement à Martin Kyere. Un survivant ghanéen, qui avait réussi à sauter du véhicule en marche, selon le premier intervenant Omar Jallow. L’ex-président Yahya Jammeh, en exil en Guinée Equatoriale, a toujours démenti être impliqué dans ces assassinats, alors que ces témoignages viennent de confirmer une enquête des ONG Human Rights Watch (HRW) et TRIAL sur ce crime barbare. Si certains ex-membres de l’unité officieuse de soldats du président dictateur ont reconnu avoir participé à l’exécution des ordres de Jammeh, comme indiqué à Jeune Afrique : « L’ordre était de les fusiller », le conseiller juridique de Human Rights Watch Reed Brody, quant à lui, laisse entendre que « La question maintenant est de savoir si Jammeh devra rendre des comptes ». Car, son ex-garde rapproché, Omar Jallow, a été clair dans son aveu en disant que leur commandant, le lieutenant Solo Bojang, « nous a dit que l’ordre de l’ancien chef de l’État (Yahya Jammeh) était de les fusiller » et « On les a conduits un par un jusqu’au lieu d’exécution et Sanna Manjang et Malick Jatta leur ont tiré dessus et les ont jetés dans un puits ». Ce n’est pas tout, ce Sanna Manjang, un déserteur de l’armée, a été également accusé, le lundi par Malick Jatta, d’avoir participé, sur ordre de Yahya Jammeh encore, à l’assassinat en 2004, du journaliste Deyda Hydara, cofondateur du journal privé The Point et correspondant de l’AFP. L’ancien membre des « junglers », Omar Jallow a avoué également avoir participé à l’exécution d’un demi-frère du président, Haruna Jammeh, peu après son interpellation en 2005, par la redoutée Agence nationale du renseignement (NIA). Il raconte là que le demi-frère du président a été conduit dans une forêt proche de Kanilai, où « Sanna Manjang l’a tué d’un coup sur la nuque ». Par ailleurs, interrogé en début 2018, selon Jeune Afrique, sur une éventuelle demande d’extradition de Yahya Jammeh en exile en Guinée Equatoriale depuis sa défaite en décembre 2016, l’actuel président, Adama Barrow a répondu qu’il attendrait la fin des travaux de la TRRC pour se prononcer. À noter que les défenseurs des droits de l’homme accusent le régime de l’ex-président Jammeh, de tortures systématiques d’opposants et de journalistes, d’exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires et de disparitions forcées pendant ses 22 ans de pouvoir.
ISSA DJIGUIBA
Source : Le Pays