Une mission de l’institution financière internationale, dirigée par Christian Josz a séjourné au Mali. En jeu, la loi de finances 2014 à l’Assemblée Nationale et le cadrage macro-économique au Mali.
Le projet de loi finances 2014 a été proposé en conseil des ministres extraordinaire ce vendredi 4 octobre et sera soumis à l’approbation de l’Assemblée dès lundi. Avant cela, il a fallu faire un état des lieux des finances publiques, surtout après la transition dont vient de sortir le Mali. C’est dans cette optique qu’une mission du FMI, dirigée par Christian Josz, a séjourné au Mali depuis le 23 septembre; Elle vient de tenir une conférence de presse.
Avec la crise politico -sécuritaire, les finances publiques ont été sérieusement entamées et si une source, en haut lieu, confie que les caisses de l’Etat sont vides, il faut désormais procéder au vote du budget 2014 et redéfinir le cadrage macro-économique qui sous tend ce budget, et bien sûr la mobilisation des ressources intérieures en équilibrant les dépenses et les recettes de l’Etat.
Prévisions prudentes de recettes
Pour Christiant Josz, le chef de mission du FMI, le budget 2014 devrait s’appuyer sur des prévisions prudentes de recettes et un déficit raisonnable ont été fixés ainsi qu’ une aide de 30 milliards du FMI pour aider à atteindre le Mali à maintenir sa balance financière. ” Il s’agit d’une facilité élargie de crédit ( FEC) correspondant à 30 milliards de droits de tirage et qui pourra aider à relancer l’économie malienne. Nous tablerons aussi sur une légère hausse de la perception de l’impôt, pour accroître les recettes de l’Etat “.
Le FMI table ainsi sur de bonnes prévisions post crise, avec une croissance du PIB autour de 5,1% en 2013 et une croissance du secteur primaire autour de 6%, à cela s’ajoute un redressement du secteur tertiaire ou des services autour de 7%. “Autant dire que la crise a été absorbée de manière incroyable, se réjouit Mr Josz. Qui ajoute : ” Nous pouvons annoncer ces chiffres sur la base d’une campagne agricole qui s’annonce très bonne pour 2014, le retour de la coopération au développement et des investisseurs au Mali’.
Par ailleurs, la promesse des bailleurs, réunie en Mai dernier à Bruxelles, devrait aider le Mali avec une enveloppe financière d’environ 3,5 milliards d’euros. ” Nous sommes optimistes quant à ces fonds, estime Madani Touré, ministre délégué au Budget, bien entendu, il faudra évaluer notre capacité d’absorption de cette manne, tout comme la gestion efficiente, le suivi et évaluation de son utilisation”.
Assainir les finances publiques au Mali
Outre l’équilibre des finances publiques du Mali, il faut prendre en
compte, la gestion transparente des deniers publics, précisent les experts du FMI, relayés par le ministre délégué au Budget, Madani Touré. Cela répond à la volonté du chef de l’Etat de lutter contre la corruption rampante au Mali. Comment ?
D’abord, une mise à niveau de certaines structures d’Etat comme la DGI(Direction Générale des Impôt), et sa capacité à percevoir les impôts , le contrôle des marchés publics. A tire d’exemple, en 2012, 220 milliards de FCFA d’exonérations fiscales ont été accordées à certaines entreprises. ” Il s’agit de faire un audit de la chaîne des dépenses publiques et de ces exonérations pour voir comment ils impactent sur l’équilibre du budget”, ajoute Josz.
Par ailleurs, la passation des Marchés publics , inquiète la presse, qui souligne le cas de l’attribution de la 3è licence de téléphonie mobile à l’opérateur Alpha Télécom, un marché d’entende directe ? ” Non, précise Madani Touré”, il y a eu une procédure d’appels d’offres, mais nous veillerons à donner plus d’informations sur les marchés à adjudiquer et les procédures de passation de marchés publics bien entendu à venir”.
Autre point clé, l’environnement des affaires au Mali . Le gros problème selon Josz, est le ” coût élevé du crédit bancaire en raison de créances en souffrances, dont sont victimes la plupart des banques maliennes. Cela représente environ 23% des prêts bancaires, c’est beaucoup trop et cela empêche la création d’entreprises”…
Le cas EDM
Si la croissance se base sur un bon équilibre du budget, l’énergie, de manière générale est un indicateur de la bonne croissance dans un pays. L’énergie du Mali, (EDM) peine encore à approvisionner ses usagers uniformément et occasionne de nombreux délestages dans la capitale. ” Il faut savoir le prix du Kilowatter est de 96FCFA et son coût de revient ou coût de production est de 124 FCFA, il y a donc une perte, un déficit important pour EDM”, explique Josz. Alors, il s’agira pour l’Etat de combler ce déficit. ” Là encore, nous allons procéder à un audit des chiffres de l’EDM, pour rétablir l’équilibre. En 2014, 30 milliards d’ajustements sont prévus, mais avec des arriérés de 26 milliards, le cas de l’EDM reste complexe”, précise Touré.
La mission du FMI, en séjour au Mali, a terminé ses prospectives pour le prochain budget 2014 et a rencontré le Premier Ministre Oumar Tatam Ly, le ministre de l’économie et des finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, celui de l’énergie, Mr Frankaly Keita, celui des Investissements, Mr Moustapha Ben Barka et celui délégué au budget, Mr Madani Touré, pour faire le point. Il ressort de cela, que le Mali en 2014, devrait bénéficier en tout et pour tout, d’un concours d’aide extérieure de 540 milliards de FCFA, soit 180 milliards de plus qu’en 2011, avant la crise. Et son budget global tourner autour de 1518 milliards de FCFA selon les prévisions des autorités.
Dès lundi, le budget 2014 passera en vote à l’Assemblée Nationale.