Pour réagir aux propos de la ministre de Mines, de l’Energie et de l’Eau qui a accusé les agents de l’EDM de vol et de surfacturations, les syndicats de l’Energie du Mali ont organisé une assemblée générale, le vendredi dernier 27 octobre 2023, dans la cour de la structure. Une réaction qui n’a rien donné du fait qu’elle a été envisagée tardivement. En tout cas, il est indéniable que la coupure de courant, cette année, est inédite, de mémoire de vieillard !
Nommée à la tête du département des Mines, de l’Energie et de l’Eau, la ministre Bintou Camara a réussi son baptême du feu. Son premier dossier sulfureux est tombé sur l’Energie du Mali. Ayant su que les populations souffrent énormément des coupures d’électricité depuis des mois, elle a tenu à les édifier sur les raisons qui sont à la base du phénomène. C’est ainsi qu’elle a bénéficié d’un ton d’antenne à l’Ortm 1. En répondant aux questions du journaliste Yaya Konaté, elle a dit tout haut ce que ses prédécesseurs ont murmuré ou tu au grand désarroi des consommateurs.
Comme tous les regards étaient tournés vers la ministre Camara, ce mardi 24 octobre 2023, les Maliens ne sont pas restés sur leur faim cette nuit-là. Elle a crevé l’abcès en dénonçant le vol et les surfacturations spectaculaires qui, selon elle, ont le vent en poupe au sein de l’EDM causant d’énormes pertes pour les consommateurs.
La cheffe du département de l’Energie a informé que souvent, quand le dispatching met deux citernes sur Darsalam, il se trouve qu’une citerne disparaît ou les deux même. Selon elle, ce sont des manquants qu’ils ont constatés. « Ces manquants, nous les qualifions de vol. En quatre jours seulement, il y a 59 citernes qui ont disparu entre Balingué et les différentes centrales de Bamako », a-t-elle martelé.
A l’entendre, non seulement il y a le vol de carburant, il y a également le vol au niveau même de la facturation de l’EDM. A l’entendre, quand un fournisseur livre une citerne de 45 mille litres, il y a un récépissé de réception qui est signé par les agents de l’EDM et par le chauffeur. Pour elle, au lieu de faire une seule facture, on retrouve deux à trois factures liées à un seul récépissé et toutes ces factures sont payées au fournisseur. « Tout cela, c’est du vol parce que lorsqu’on paye cela, que ce soit par traite ou par virement dans les comptes, c’est un manque à gagner au niveau de l’EDM », a-t-elle dit.
Selon les explications de la ministre, avec un seul fournisseur, sur deux mois de contrôle, ils ont constaté 1 milliard 600 mille FCFA supplémentaires. A ses dires, avec un deuxième fournisseur ayant fait l’objet d’enquêtes, sur l’exercice de l’année 2022, ils ont constaté 52 factures supplémentaires pour un montant de 18 milliards surfacturés. Au total, dit-elle, l’EDM a 800 fournisseurs auxquels, aujourd’hui, elle doit 600 milliards FCFA.
C’est après que la ministre a fourni ces informations que les syndicats de l’EDM ont pris leur courage à deux mains pour la traiter de tous les maux d’Israël. Ils ont fait savoir qu’il n’y a pas de voleur à l’EDM donc, selon eux, ce que la ministre a dit est faux. Or cette dernière a bel et bien précisé que c’est après les enquêtes, qui sont d’ailleurs en cours, qu’elle a fourni les informations. Mais avant la fin de des enquêtes, les syndicats de l’EDM sont en train de crier à hue et à dia. Qu’est-ce qui les fait courir donc ? Ils arrivent même à se taper la poitrine devant le monde entier que jusqu’à présent il n’y a pas un agent de l’EDM en prison. Une chose est clair, le devoir d’informer de la ministre et l’envoi d’un agent de l’EDM au gnouf font deux.
Devant les travailleurs réunis, les syndicats, conformément rôle qui leur revient, celui de défendre les travailleurs de la structure, ont balayé d’un revers de main les informations de la ministre en les traitant de fausses. S’ils ne sont pas d’accord avec elle sur le vol de carburant, ils n’ont pas pour autant mentionné les surfacturations qui les incriminent durant tout le temps que la rencontre a duré.
Ce sont des syndicats qui, pour une affaire aussi sérieuse, sont arrivés à coupler une assemblée générale d’information à une conférence de presse. S’agissant de l’assemblée générale, l’on peut dire qu’elle a réussi car ayant permis à plusieurs agents en service ou à la retraite de prendre la parole. Des heures durant, les journalistes ont écouté et ils ont compris que les syndicats étaient dans la dynamique de répondre à leur ministre de tutelle. Pour la conférence de presse, peu de journalistes ont eu accès au micro. Les syndicats de l’EDM doivent savoir qu’une conférence de presse est faite pour les journalistes. Beaucoup de leurs questions sont restées en suspens car ils n’ont pas suffisamment eu la voix au chapitre.
Au moment où les Maliens les attendaient pour comprendre réellement le problème lié aux coupures intempestives de l’électricité, les syndicats de l’EDM ont observé un silence de cimetière. Il a fallu que la ministre Camara s’adonne à l’exercice pour qu’ils lui pointent les flèches et piques mortelles. Alors question : informer le peuple dont on a le devoir de servir est-il un crime ? Faut-il se taire et caresser le problème au moment où le peuple en souffre ? Autant de questions qui méritent d’être répondues par les syndicats de l’EDM.
La réaction tardive des syndicats de l’EDM est restée sans effet sur les populations. En son sein, les avis diffèrent. Le hic même est qu’au moment où la ministre apaise les cœurs et les esprits des Maliens, les syndicats font savoir que les coupures d’électricité ne prendront pas fin. A les en croire, l’âge d’or de l’électricité au Mali n’est pas pour demain. Les agissements sous le coup de la colère n’amènent nulle part. Il faudra faire face à cette coupure d’électricité qui a pris, cette année, une allure déconcertante au Mali.
Bazoumana KANE
xxxxx
CRISE ENERGETIQUE
Les syndicats de l’EDM se sont livrés à la vindicte populaire
La sortie médiatique des travailleurs de l’EDM a empiré la mauvaise perception que les Maliens ont de ce service. La colère de la population n’a fait que grandir à cause des propos tenus par les responsables des syndicats de l’EDM qui ont essayé de démentir les propos de la ministre de l’Energie. Cette dernière a dévoilé un réseau de détournement de carburant et de surfacturation. Selon la ministre Bintou Camara, cela ne constitue qu’une partie du détournement à l’EDM, l’une des raisons fondamentales des coupures intempestives d’électricité.
Dans les rues de Bamako, personne ne semble aller dans le sens des déclarations faites par les syndicalistes de l’EDM. Les gens savent comment l’EDM est prise en otage par la puissance de l’argent. L’assemblée générale couplée à la conférence de presse a donné l’occasion à de nombreux Maliens de comprendre comment le système de vol est solidement implanté au sein de l’entreprise. On sait maintenant jusqu’où les travailleurs sont prêts à couvrir les dégâts dont la plupart des employés profitent. En clair, le syndicat s’est livré à la vindicte publique, croyant détruire la réputation de la ministre et des autorités.
A l’EDM, il y a des problèmes de gestion de la production d’électricité, de son transport, mais aussi de communication, selon la ministre. Tout cela nécessite un plan de redressement qui est apparemment combattu par le syndicat de l’EDM. Il est clair que la ministre Camara a mis le doigt sur la plaie de l’EDM, en indiquant que les raisons de la dégradation continue résident dans la mauvaise gestion de la boîte et le manque de rigueur. On note que la quantité de puissance installée à l’EDM n’est pas utilisée, faute de carburant, un manque causé par des vols de carburant et des surfacturations. L’EDM a mis l’accent sur la thermique, avec une consommation accrue du carburant fioul et gas-oil. Mais chemin faisant, l’EDM a délaissé le fioul au profit du gas-oil, bien que les deux plus grandes centrales, à Siracoro et Balingué fonctionnent à partir de ce produit.
Les raisons ? Les contrôles ont révélé qu’au niveau du fioul qui est utilisé uniquement par EDM, il n’y a pratiquement pas de fraude, contrairement au gas-oil où «il y a à boire et à manger ». Le gas-oil qui arrive est exonéré par les autorités pour qu’EDM puisse l’avoir moins cher que le prix à la pompe. Souvent, selon la ministre, ces ruptures de carburant sont provoquées par des agents d’EDM eux-mêmes. Un système de gestion et de contrôle sur les fournitures de citernes qui arrivent au niveau d’EDM a permis de découvrir le pot-aux-roses. Le ministre a expliqué que tout le carburant est centralisé au niveau de la centrale de Balingué, à partir de laquelle le dispatching vers les autres centrales et les régions est effectué. Ensuite, les citernes de dispatching sont en effet enregistrées au niveau de Balingué.
Le contrôle découvre que des camions chargés de dispatching disparaissent entre la centrale de Balingué et les centrales de destination. Ces manquants sont qualifiés de vol. Sur quatre jours, on a constaté que 59 citernes ont disparu entre Balingué et les différentes centrales de Bamako. Ces carburants sont souvent revendus dans les stations de la place ou revendus moins cher à des industries. Des chauffeurs et des agents de l’EDM sont complices de ces vols de carburant, à en croire la ministre Bintou Camara. Un réseau composé de fonctionnaires et d’agents d’EDM est démasqué par le contrôle entrepris par les autorités de la transition.
« Ce vol ne se limite pas au carburant en tant que tel, il y a également le vol au niveau de la facturation d’EDM. Quand un fournisseur livre un camion de 45 000 litres, l’EDM délivre un récépissé de réception, signé par les agents d’EDM et par le chauffeur. L’EDM établit à cet effet une facture afférente à ce récépissé. Mais on a constaté qu’au lieu d’une seule, l’EDM a souvent délivré deux à trois factures liées à un même récépissé, et toutes ces factures sont payées au fournisseur », a expliqué l’invitée du journaliste Yaya Konaté. Le paiement par traite ou par virement dans le compte du fournisseur de ces factures, c’est du vol, selon la ministre.
A en croire la ministre, on a constaté sur la facturation d’un seul fournisseur en l’espace de deux mois seulement, qu’il y a 1 milliard 600 de facturation supplémentaire. Sur un deuxième fournisseur, dit-elle, uniquement sur l’année 2022, on a constaté 52 factures supplémentaires pour un montant de 18 milliards surfacturés, révèle la ministre. Selon elle, c’est le cas de seulement deux fournisseurs, et EDM est fournie par 800 fournisseurs, tous des Maliens, à qui elle doit plus de 600 milliards de FCFA.
De son avis, les plus gros des fournisseurs auxquels EDM doit, sont ceux de carburant et d’électricité, comme Albatros, Compagnie ivoirienne, ou la Sogem, qui fournissent de l’électricité à EDM.
N.D
L’Alerte