« Les résultats obtenus par le Mali méritent d’être salués malgré la crise. Avec patience, courage, des défis sont relevés, les critères de convergences sont respectés. L’évolution de la situation économique du Mali est satisfaisante, sa performance économique et financière est exemplaire » a dit le Président en exercice de l’UEMOA.
Jeudi 10 mai 2018, il est 16 heures, l’avion présidentiel d’IBK s’immobilise sur le tarmac de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Au bas de la passerelle, le Président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO). Accolades, salutations fraternelles et amicales, échanges de mots aimables, exécution des hymnes nationaux, passage en revue des troupes, honneurs militaires des chefs des hauts commandements et honneurs de la Garde Rouge. Place ensuite aux salutations des corps constitués, suivies d’une pose des deux chefs d’Etat, les sourires épanouis, pour les caméras et les nombreux photographes.
Les deux présidents se dirigent ensuite vers le salon d’honneur. Nouveaux échanges, amabilités, avant de poursuivre leur marche au niveau de l’esplanade du Pavillon présidentiel. Une foule immense crie à gorge déployée : « IBK, IBK, IBK ». Subitement les chefs traditionnels, une centaine environ se lèvent en guise de respect pour saluer ADO et son illustre hôte. A côté d’eux, des Maliens, venus attendre depuis 12 heures leur président, battent le tam-tam, en face, la guitare traditionnelle malienne raisonne ; un peu plus loin, ce sont des griots qui crient et chantent les louanges d’IBK. Ils rivalisent d’ardeur avec l’Association des élèves et étudiants du Mali en côte d’Ivoire, laquelle souhaite la bienvenue à IBK, sur une grande et imposante banderole.
Sur le même alignement, « An ka ben » et « l’Association des amis de Adama Sangaré, maire du District de Bamako » manifestent leur joie à travers des slogans : « IBK, nous vous invitons à continuer votre mission et nous vous disons merci pour tout » ; « IBK, la solution » ; « tous pour IBK en 2018 »…
A peine 15 minutes de bain de foule, les deux présidents s’engouffrent dans leur voiture, alors qu’un grand monde attendait de les voir côte à côte. D’où les frustrations et les incompréhensions de certains.
Le cortège s’ébranle pour le Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire. Le président ivoirien installe IBK au 3ème étage, avant de se diriger au palais présidentiel. Vingt minutes plus tard, IBK, accompagné du ministre Aly Coulibaly, retrouve son ainé ADO qui l’accueille sur le parvis du petit palais. La séance de travail peut bien commencer.
Premier temps fort : entretien des chefs d’Etat élargi aux délégations dans le salon du petit palais, assorti de cinq signatures d’accords bilatéraux ivoiro-maliens. Il s’agit de la Convention judiciaire d’entraide pénale ; celle relative au civil et commercial ; la Convention judiciaire d’extradition ; la Convention de transfèrement des condamnés (250 Maliens sont en prison en côte d’Ivoire, la moitié n’a pas été encore jugée) et un mémorandum d’entente en matière de coopération judiciaire.
Deuxième temps fort : Les deux chefs d’Etat animent une conférence de presse, afin de briefer les journalistes.
Cette visite d’amitié était programmée depuis fort longtemps explique le président ivoirien. Avant de soutenir que « c’est une fierté d’accueillir IBK, un immense bonheur de recevoir le président malien. Nous avons une admiration pour le travail fait par IBK pour son pays et pour la sous-région. La coopération entre nos deux pays va se renforcer au niveau sécuritaire par l’envoi d’un bataillon ivoirien au sein de la MINUSMA entre 2018 et 2019. Membre du Conseil de sécurité, la Côte d’Ivoire plaidera à la fois pour cette structure onusienne et le G5 Sahel, afin qu’ils puissent être soutenus convenablement pour l’éradication du terrorisme au Mali ».
Et le président ivoirien de féliciter « le Président Ibrahim Boubacar Keita pour la performance de l’économie malienne. Elle est la troisième de l’UEMOA. En ma qualité de Président en exercice de cette Union, les résultats obtenus par le Mali méritent d’être salués malgré la crise. Avec patience, courage, des défis sont relevés, les critères de convergences sont respectés. L’évolution de la situation économique du Mali est satisfaisante, sa performance économique et financière est exemplaire… ».
Pour sa part, IBK rend d’abord un vibrant hommage à ADO pour le rôle capital qu’il a joué dans la crise du Mali en 2012, alors qu’il était président en exercice de la CEDEAO. Ensuite, il rappelle les liens historique, géographique, anthropologique qui unissent nos deux peuples.
« Réunis au sein du Rassemblement démocratique africain, sous le leadership du président Felix Houphouët-Boigny, nous fûmes ensemble. Aujourd’hui encore, nous sommes ensemble, nous nous réjouissons de ce que nous vous voyons faire au sein de la CEDEAO et de l’UEMOA. C’est tout à fait normal d’effectuer le déplacement à Abidjan, pour rendre hommage à un grand homme qui œuvre non seulement pour son pays, mais aussi pour toute la sous-région ». Pour IBK, « si la Communauté ouest-africaine est citée en exemple en matière d’intégration économique, c’est bien grâce aux avis éclairés du président ivoirien… »
Enfin, ce qu’il faut retenir, ce que la grande Commission mixte ivoiro-malienne sera réactivée, le volume des échanges entre les deux pays, estimé à 300 millions de nos francs, sera densifié, le cap pour l’atteinte des objectifs de l’émergence économique et sociale des deux pays sera renforcé.
Elhadj Chahana Takiou,
Envoyé spécial à Abidjan
22 Septembre