Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères a signé, hier quatre conventions avec notre pays. Une cinquième convention a également été signée entre la BNDA et l’Agence française de développement. Le tout pour un montant global de plus de 92 milliards de Fcfa. La France est aussi prête à accorder au Mali une aide budgétaire nouvelle de plus de 6,5 milliards de Fcfa.
Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, arrivé dimanche dans notre pays pour une visite de travail de 24 heures, a signé, hier dans les locaux de la Primature, plusieurs conventions pour un montant total de plus de 92 milliards de Fcfa. La cérémonie de signature a réuni autour du Premier ministre, Moctar Ouane, l’ambassadeur de France au Mali, Jöel Meyer et le directeur pays de l’Agence française de développement (AFD), Hervé Bougault. Il y avait également le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Zeïni Moulaye et son collègue de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou. En effet, la signature de ces conventions va permettre à notre pays d’aller de l’avant dans divers secteurs et d’améliorer les conditions de vie des populations, notamment à travers la lutte contre la pauvreté, le renforcement des potentialités en électricité, la réalisation d’adductions d’eau et l’autonomisation des femmes.
La première convention signée est un prêt de 25,4 milliards de Fcfa, assorti d’une subvention de 1,5 milliard et d’une garantie de 2,3 milliards de Fcfa, accordé par l’Agence française de développement (AFD) à la Banque nationale de développement agricole (BNDA). À ce propos, le directeur général de cette banque, Souleymane Waïgalo, dira que l’accompagnement de l’AFD va permettre à son institution financière de réaliser sereinement les objectifs de son septième plan de développement à moyen terme (2021-2025). Cet appui, s’est-il réjoui, permettra aussi d’accompagner près de 50.000 bénéficiaires, tous segments confondus, avant de rassurer les partenaires que tout sera mis en œuvre pour l’atteinte des objectifs fixés.
La deuxième convention est un prêt de 36,3 milliards de Fcfa, destiné à la mise en place de la boucle haute tension nord de Bamako. Ce prêt est destiné à améliorer qualitativement le service en électrification de l’Énergie du Mali (EDM-Sa) par une meilleure desserte de la capitale et de plusieurs localités en électricité. Il s’agit donc de répondre à la demande croissante d’améliorer la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays en réduisant la dépendance aux hydrocarbures.
La troisième convention porte sur un montant de 19,8 milliards de Fcfa, accordé à la Société malienne de gestion de l’eau potable (Somagep). Cette subvention vise la réalisation d’infrastructures de production, ainsi que celle d’ouvrages de stockage et d’adductions d’eau, pour répondre à la demande en eau à l’horizon 2030.
La quatrième convention de prêt de 6,6 milliards de Fcfa est consacrée à l’autonomisation des femmes et à l’atteinte du dividende démographique. Elle permettra à plusieurs milliers de jeunes et de femmes dans notre pays d’accéder à des activités génératrices de revenus. Quant à la dernière convention, dont le montant s’élève à 6,6 milliards de Fcfa, elle est destinée au Projet des filets sociaux jigisemèjiri. Lancé par le Mali en 2014 avec l’appui de la Banque mondiale, ce programme vise à soutenir les populations pauvres hors des trappes de pauvreté. Il consiste en des transferts monétaires réguliers et des mesures d’accompagnement (bonnes pratiques en matière de nutrition, de santé, d’éducation et d’économie familiale).
La signature des cinq conventions a été suivie d’un point de presse, conjointement animé par le chef du gouvernement et le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères. Au plan politique, le chef de la diplomatie française a indiqué que cette visite a permis de constater les avancées dans le processus de transition dans notre pays. Jean-Yves Le Drian a adressé ses meilleurs vœux de succès aux nouvelles autorités qui conduiront dans les 18 mois, la Transition devant aboutir à la tenue d’élections libres, au rétablissement de l’ordre constitutionnel mais aussi au lancement d’ambitieuses réformes annoncées dans la Charte de la Transition et qui étaient attendues de longue date par notre peuple.
COOPÉRATION RENFORCÉE- Cette démarche, a poursuivi le ministre français, est la condition pour établir un nouveau contrat social et sortir de la crise de confiance et de gouvernance que traverse le Mali. Il a également insisté sur le fait que d’abord et avant tout, ce sont les Maliens qui détiennent la solution de la crise. «Cela ne veut pas dire que le Mali sera seul face à ce défi. La France, en collaboration avec l’Union européenne et les autres partenaires internationaux, est disposée à apporter son plein soutien dans le cadre d’une coopération renforcée et rénovée», a indiqué l’hôte de notre pays. Il a aussi rappelé les efforts du gouvernement de la Transition à réviser le cadre électoral afin de préparer des élections crédibles tout en renforçant la gouvernance.
Jean-Yves Le Drian a salué également les autorités du pays à lutter contre l’impunité et les efforts entrepris pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger et les efforts consentis pour faire face à la menace terroriste. Le chef de la diplomatie française a réaffirmé la solidarité de son pays avec le peuple malien. Cette solidarité, selon lui, s’exprime dans le développement et du redressement économique de notre pays.
Il a dit apprécier la signature de ces différentes conventions importantes et qui illustrent dans différents domaines, la solidité des
liens entre nos deux pays. «La France est prête à accorder en dehors de ces conventions une aide budgétaire nouvelle de plus de 10 millions d’euros, soit un peu plus de 6,5 milliards de Fcfa au Mali, d’ici la fin de l’année, dans l’objectif de soutenir l’économie du pays et d’aider dans la mise en œuvre des réformes», a annoncé le ministre français.
Au total, c’est un effort de solidarité de la France de 150 millions d’euros, soit un peu plus de 98 milliards de Fcfa en faveur d’actions de développement du Mali. Ces actions sont essentielles, car selon Jean-Yves Le Drian, c’est l’un des quatre piliers de la dynamique qui a été insufflée après le sommet de Pau et celui de Nouakchott mais aussi un des piliers de la coalition pour le Sahel, à savoir la lutte contre le terrorisme, la formation et l’accompagnement des forces de défense et de sécurité, l’appui au retour des services publics dans le Septentrion et le développement.
Le Premier ministre s’est dit très heureux de la visite du ministre français qui témoigne, à la fois, de l’ancienneté et de la densité des rapports de coopération entre nos deux pays et de la volonté de continuer à construire des relations toujours plus fortes et plus resserrées. Cette relation, a confié Moctar Ouane, qui est au beau fixe, s’est une nouvelle fois traduite par la signature de ces différentes conventions au bénéfice de nos populations.
Le chef du gouvernement a rassuré sur l’accompagnement et le soutien de la France dans l’agenda de sortie de crise. «Pour donner du sens à cette transition, nous nous sommes dotés d’une charte et d’une feuille de route, dans la mise en œuvre desquelles, la France apporte tout son soutien», a-t-il expliqué. Pour Moctar Ouane, le succès pour la sortie de crise dépendra de l’engagement des Maliens mais aussi de l’accompagnement diplomatique et économique de la communauté internationale.
Le Premier ministre a sollicité, à cet effet, tout l’accompagnement de la France au Mali afin de lui permettre de tenir ses engagements régionaux et internationaux, tout en l’aidant dans la lutte contre le terrorisme.
Abdoul Karim COULIBALY
Source : l’Essor- Mali