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Virulente passe d’armes dès l’ouverture de Genève II

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Il aura fallu des mois et des mois de tractations et de discussions pour qu’enfin la conférence pour une solution politique en Syrie, réclamée par les grandes puissances occidentales, prenne réellement vie. Elle s’est donc ouverte ce mercredi 22 janvier à Montreux, sous l’égide des Nations unies et en présence d’une quarantaine de délégations internationales. Pour la première fois depuis le début du conflit en 2011, les représentants du régime de Bachar el-Assad et de l’opposition sont face-à-face. Le moins que l’on puisse dire c’est que leurs prises de parole ont fait l’objet d’échanges très vigoureux.

Avec notre envoyé spécial à Montreux, Sami Boukhelifa

C’est Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, qui a ouvert cette première session, évoquant une « grande opportunité pour les Syriens ». Il a aussi réclamé un accès humanitaire immédiat et total aux zones assiégées.

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a lui attaqué très fort ce mercredi matin. Il met au banc des accusés pays arabes et occidentaux. Sa version des faits ? Depuis trois ans la Syrie subit des attaques terroristes avec la bénédiction et le financement de certaines grandes puissances.

Outré, il n’hésite pas à le rappeler aux Américains et au monde entier : ceux qui se sont fait exploser le 11 septembre à New York, ce sont les mêmes qui se font exploser aujourd’hui en Syrie.

Durant trente minutes, Walid Mouallem mobilise la parole. Il ironise et s’en prend à l’opposition syrienne qu’il qualifie « d’opposition des salons et des hôtels cinq étoiles ».

En réponse, le président de l’opposition Ahmad Jarba fait un inventaire des crimes du régime. Il illustre ses propos par des photos d’enfants tués.

Pour lui, le but ultime de cette conférence reste principalement le départ de Bachar el-Assad.

La délégation syrienne arrivée en force

Les représentants du régime disent être venus pour raconter leur version des faits. Même si les Russes sont leurs seuls alliés autour de la table, ils ne se laissent pas impressionner par tous les autres pays soutenant leurs adversaires.

D’autant que le camp d’en face est affaibli, les divisions au sein de l’opposition persistent. Leur délégation n’est d’ailleurs même pas au complet. Il y a eu plusieurs désistements de dernière minute.

Les représentants de Damas, eux font front commun, unité affichée, et quelle que soit l’issue de Genève 2, Damas est formelle, la moindre décision sera soumise à un référendum populaire.

■ ZOOM : Que pensent les réfugiés syriens en Turquie ?

L’envoyé spécial de RFI dans le sud de la Turquie, Nicolas Falez, est allé à la rencontre de réfugiés syriens afin de savoir ce qu’ils attendaient de la conférence de paix de Montreux.

C’est le scepticisme qui domine largement parmi les Syriens que l’on croise ici. Ils sont 200 000 installés dans les camps de réfugiés et 700 000 dans les villes hors des camps. Certains Syriens font aussi des allers-retours entre leur pays et la Turquie à travers une frontière généralement ouverte.

Des Syriens originaires d’Alep, ville bombardée ces dernières semaines parfois avec des barils remplis d’explosifs, qui n’attendent pas grand-chose d’un face-à-face entre les représentants du régime de Bachar el-Assad (qui emploie de telles méthodes) et ceux de l’opposition. Une opposition d’ailleurs assez peu considérée par les Syriens présents ici dans le sud de la Turquie. Rares sont ceux qui s’estiment représentés par la Coalition nationale syrienne.

Aussi, la mobilisation internationale ne rassure pas réellement ces Syriens qui estiment que les intérêts nationaux de chacun des pays l’emportent largement sur le sort des civils dans le conflit.

Une jeune Syrienne, activiste dans sa ville d’Alep au début de la révolution, expliquait à RFI, la veille de la conférence, que l’opposition comme le régime de Bachar el-Assad avaient été soumis à de fortes pressions pour venir à Genève, preuve selon elle que les grandes puissances sont déterminées à obtenir un résultat lors de cette conférence. Mais ce point de vue est très peu partagé ici parmi les Syriens installés en Turquie.

rfi

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