Selon les acteurs de ladite étude, ces résultats sont le fruit d’une enquête réalisée auprès de 490 personnes, dont 454 victimes de violation des droits humains sont des réfugiés. La même source indiquait que 32 groupes de discussions ont été réalisés avec les victimes sur place ou sur les sites des déplacés. De même, 18 groupes de discussions ont été réalisés avec les organisations locales œuvrant dans le domaine de la promotion et protection des droits de l’homme. À ceci s’ajoutent des entretiens individuels réalisés avec les acteurs de la chaîne pénale (magistrats, avocats (OPJ) effectués par 19 enquêteurs dans les régions ciblées par la présente étude (Mopti, Ségou, Bamako).
En campant le décor, le coordinateur pays de l’ONG Avocat sans frontière Canada au Mali, Abdoulaye DOCOURE, a souligné que la crise sécuritaire qui sévit dans la partie septentrionale du Mali s’est propagée progressivement vers le centre du pays, donnant naissance à de violents conflits communautaires opposant des communautés entières de Dogons et de Peuls, caractérisés par des atteintes au droit à la vie, à l’intégrité physique des civils.
Selon lui, des violences sexuelles contre les femmes et les filles ainsi que d’autres types de violations graves des droits humains constituent des violences auxquelles les populations civiles du centre font l’objet depuis 2015.
Le Dr Paul OULA, coordinateur de ladite étude certifie que les différents types de violation des droits humains perpétrés contre les populations civiles du centre varient d’une région à l’autre.
Il a ainsi révélé que 87,2% des victimes déplacées à Bamako évoquaient les cas de meurtres et exécutions arbitraires. Il déplore que les cas d’arrestation ou détention arbitraire, les cas d’enlèvement et séquestration s’élevât à 82,1%. Pour les cas d’enrôlement forcé ou tentative d’enrôlement, le taux s’élevait (64,1%), les cas de pillage, de vol et destructions des propriétés (87,2%).
«Les cas de déplacements forcés (84,6%) constituent les types de violation commise dans leurs localités de provenance. Vient ensuite la région de Mopti pour les mêmes types de violations exceptées, les cas d’enrôlement forcé ou tentative d’enrôlement forcé qui est déclaré plus récurrents dans la région de Ségou (63,3%) », a-t-il détaillé les résultats.
Par ailleurs, dit le rapport, les cas de viols ou de violences sexuelles ont été plus commis dans les régions de Mopti sur 69,4% des personnes interrogées et dans la région de Ségou sur 61,4%
C’est pourquoi la présente étude recommande aux autorités maliennes de travailler pour restaurer l’autorité de l’État, indemniser les victimes tout en renforçant l’État de droit, a dit M. POLA.
Quant à la vice-présidente de la CNDH, Me Assista TEMBELY, elle a rappelé que le Mali était confronté à une crise multidimensionnelle depuis 2012, sans précédent exacerbé par une crise sanitaire liée à la COVlD-l9.
«C’est dans ce contexte que la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a, dans ses missions de protection et de promotion des droits de l`homme ainsi que de prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, très vite estimé nécessaire d’effectuer une étude sur les cas de violations graves des droits humains perpétrés à l’encontre des populations civiles du Centre du Mali », a-t-elle expliqué.
C’est pourquoi, avec l’appui financier et technique de son partenaire privilégié, Avocats Sans Frontières Canada (ASFC) Mali, la CNDH, dans le cadre du projet ‘’Soutenir la lutte contre l’impunité au Mali’’, a sollicité les services d’un consultant afin de mener une étude sur des cas de violation des droits humains perpétrées contre les civils au Centre du mali.
Rappelons que cette étude a été menée du 23 décembre 2021 au 27 février 2022 dans les régions de Ségou, Mopti et dans le District de Bamako.
PAR CHRISTELLE KONE
Source: Info- Matin