Nommé le 30 décembre 2017 pour succéder à quatre Premiers ministres flashés par le président IBK, Soumeylou Boubèye Maïga atterrissait, ainsi, sur un terrain de gouvernance qui ne faisait plus rêver les Maliens après 4 ans de gestion du pouvoir chaotique. En plus du nord, le centre du pays n’était plus sous le contrôle de l’Etat. Le front social bouillonnait de toute son ardeur et toute part. Les partis de la Convention de la Majorité présidentielle (CMP) avaient (presque) fait baiser les armes face aux critiques d’une Opposition très dynamique sur le terrain politique. Le Programme présidentiel d’Urgences sociales était cloué au sol.
L’application de l’accord pour la Paix et la Réconciliation nationale était dans un état de « surplace ». Ses principaux acteurs avaient perdu la confiance les uns envers les autres. Quant à l’organisation de l’élection présidentielle, rien de concert n’avait été fait et personne ne croyait à sa tenue au délai constitutionnel. L’Etat avait presque perdu son autorité sur tout ! L’idée d’un second mandant avait cessé d’effleurer l’esprit du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Bref, il est arrivé sur terrain de gouvernance vierge où le Peuple malien, dans sa majorité, n’attendait que la fin constitutionnelle du mandat de son président pour le déposer. C’est dans ce tourbillon politique que le président de l’Asma fut appelé au secours à moins de 7 mois de la fin du 1er quinquennat du président IBK. Et, il avait la lourde tâche, en si peu de temps, de redonner la confiance au régime en mettant un bilan concret à son compte et gagner la bataille de la réélection du président Ibrahim Boubacar Kéïta. Aussitôt nommé, il engage le dialogue avec les partenaires politiques et sociaux; met la CMP au travail ; donne un coup de fouet au Programme présidentiel d’Urgences sociales, investit l’intérieur du pays pour rassurer les populations et les principaux signataires de l’accord pour la Paix et la Réconciliation du Mali et réussit à organiser une élection présidentielle crédible en évitant au Mali un vide constitutionnel.
Et au regard des résultats provisoires du 1er tour de l’élection présidentielle, il est en train, résolument, d’offrir au président IBK un second mandat pour le 4 septembre prochain. Mieux qu’IBK en 1997 qui a offert au président Konaré un (facile) second mandat, Soumeylou Boubèye Maïga apparait, aujourd’hui, comme étant le « sauveur » du président IBK. Comment a-t-il opéré, en un lapse de temps, ce revirement en faveur du président de la République sortant ? Notre analyse !
Sans doute, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta n’est pas le premier président au Mali a trébuché durant les premières années de gestion du pouvoir. Le président Alpha Oumar Konaré avait connu les mêmes difficultés de gouvernance à l’entame de son premier mandat. Ses deux premiers Premiers ministres avaient démissionné sous la pression socio scolaire et estudiantine. Il a fallu que lui, IBK, arrive en 1994 pour stabiliser la situation, assurer un dernier mandat à Alpha.
Devenu président en 2013, IBK a dû se débarrasser de quatre Premiers ministres (dont une démission fracassante) en quatre ans avant de tomber sur « son Homme» Soumeylou Boubèye Maïga. Les résultats officiels provisoires du 1er tour de l’élection présidentielle le montre à suffisance. En effet, donné d’avance pour être disqualifié de la course présidentielle, il y a de cela une année, les 7 mois de Soumeylou Boubèye Maïga à la Primature ont changé l’avis des Maliens au sujet de leur président qui se classe 1er au 1er tour de l’élection présidentielle avec 41, 42% contre 17,80% pour son principal adversaire, Soumaïla Cissé. Personne ne le croyait (y compris IBK lui-même), mais le verdict des urnes est sans appel ! Nommé 5èmePremier ministre d’IBK le 30 décembre 2017, dans des conditions de forte pression au multiple plans sécuritaire, sociale, économique et politique, Soumeylou Boubèye Maïga est resté positif et optimiste sur toute la ligne et a su, en si peu de temps, lever tous les obstacles qui se dressait contre le projet de la réélection du président IBK. Avec le score obtenu par le président sortant au 1er tour de l’élection présidentielle, on peut dire que l’espoir suscité, par la nomination de Soumeylou Boubèye Maïga, a tenu toutes ses promesses.
Retour sur les grandes actions de Soumeylou Boubèye Maïga qui se dirige, inexorablement aujourd’hui, vers la concrétisation du projet de la réélection du président IBK.
L’architecte du retour de l’autorité au sein de la CMP!
« Je ne vous sens pas dans le débat. Vous êtes frileux face à une opposition tonitruante » ou encore « Vous m’avez déçu, car vous travaillez pour vous-mêmes et non pour le Mali », durant ses quatre années de gestion à Koulouba, le président n’a raté aucune occasion pour dire sa déception à l’endroit des partis politiques de la Convention de la Majorité présidentielle (CMP). Mais rien à faire : ils sont restés pour la plupart bouche bée à chaque fois qu’il s’agissait de faire la promotion des actions présidentielles ou de défendre les initiatives du président face à une adversité endémique et spontanée de l’Opposition. Toute chose qui a, d’ailleurs, longtemps maintenu le président IBK silencieux et discret sur son projet de second mandat. Confronté à l’esprit de trahison qui animait, manifestement, certains leaders de partis politiques de la Convention de la Majorité présidentielle, il était resté prudent sur toutes les questions relatives à un second mandat. Mais, l’arrivée du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga a, systématiquement, changé la donne sur le terrain. En plus de donner un coup de fouet au Programme présidentiel d’Urgence sociale à Mopti, Sikasso, Kayes, Koulikoro et Ségou, le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga a redonné l’efficacité à la CMP en extirpant du regroupement les indécis. Pour ce faire, il avait, en février 2018, donné deux mois à chacun partis de la CMP pour clarifier définitivement leur position de porter la candidature d’IBK en juillet 2018 ou de vider la table. Cette décision du Premier ministre a eu le double intérêt non seulement de mieux peaufiner la stratégie de la réélection du président IBK, mais aussi de redonner confiance au président IBK et une nouvelle dynamique à ses vrais soutiens qui se sentaient écarter.
Conséquence, à la place des assises de la session inaugurale du Comité central du RPM, initialement programmées pour les 28 et 29 avril 2018, et à l’issue desquelles il était prévu la proclamation officielle de la candidature du président sortant, les partis de la CMP (68) ont décidé, le dimanche 6 mai 2018, de faire chapoter la candidature D’IBK pour un second mandat après l’avoir convaincu sur une possible victoire.
L’artisan du retour de l’Etat à Kidal et de la sécurité dans le Centre
Si personne ne le croyait à l’annonce de sa visite, le vendredi 23 mars 2018, à Kidal, le fief de la rébellion touarègue, devenu infréquentable pour les autorités maliennes depuis la crise de 2012, le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga a joué et gagné. Pour s’être rendu à Kidal et en ressortir sans bruit. A travers cette visite dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas, le président du parti ASMA a su rétablir la confiance entre l’Etat et les groupes signataires de l’accord pour la Paix et la Réconciliation du Mali. Cette visite a ouvert la voie à l’installation définitive du Gouverneur à Kidal. Depuis sa visite, les Maliens ont senti « le retour du Mali à part entière ». Il réalisait ainsi un vieux vœu longtemps caressé par le président de la République depuis son accession au pouvoir en 2013 en bravant les menaces des ennemis de la paix, les caprices de la météo du Sahara, les incertitudes de Bamako et les provocations des séparatistes endurcis de Kidal pour déterrer le mythe d’un Kidal hors la République et enfouir les germes d’un Mali réunifié. Sans doute, il n’était pas le seul Chef de l’exécutif d’IBK à rêver gagné un tel pari, mais le premier à avoir réussi, sans incident, le coup.
Avant lui, le Premier ministre Moussa Mara avait tenté l’aventure en 2014, mais il en est revenu les mains tachetées de sang de militaires et civils.
Avant Mara aussi, le Premier ministre Oumar Tatam Ly avait joué et perdu sur le même chemin de la reconquête de Kidal suite à une forte opposition des populations de la ville de Kidal contre l’atterrissage de son avion.
Mieux, moins courageux que Moussa Mara et Oumar Tatam Ly, l’idée de visiter Kidal n’avait jamais habité l’esprit de leurs successeurs Modibo Kéïta et Abdoulaye Idrissa Maïga.
C’est dire que le président du parti ASMA a triomphé là où ses devanciers ont échoué. Car, les frontières se sont effacées, progressivement, entre le Mali et Kidal à travers la concrétisation de la présence de l’armée malienne dans le MOC à Kidal. D’ailleurs, tous les Maliens sont unanimes, aujourd’hui, que l’urgence sécuritaire au Mali n’est plus à Kidal où le 1er tour de l’élection présidentielle s’est bien déroulé.
Pour rappel, des soldats maliens avaient signé leur retour à Kidal, dans le cadre de la mise en œuvre du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) moins de 15 jours (le 4 avril 2018) après le passage de Soumeylou Boubèye Maïga.
L’auteur de l’organisation de l’élection présidentielle et du succès d’IBK au 1er tour de la présidentielle!
Au moment de l’arrivée de Soumeylou Boubèye à la tête de la Primature, nous étions à moins de 7 mois de la tenue de l’élection présidentielle. Et à sa prise de fonction, rien de concret n’avait, pratiquement, été fait en termes d’organisation de l’élection présidentielle. En plus du nord, le centre du pays était devenu un no man’s land sous le poids de l’insécurité. La classe politique, la communauté internationale et même le pouvoir, personne ne croyait à la tenue de l’élection le 29 juillet 2018. Mais, à son arrivée à la Cité administrative, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga est resté optimiste et positif sur un terrain d’organisation de l’élection presque vierge. En visite le dimanche 11 février 2018 dans la région de Mopti (soit deux mois après sa nomination), le Premier ministre redonnait espoir à la classe politique malienne quant à l’organisation du scrutin à la date constitutionnelle. Et depuis, cette déclaration qui a été accueillie avec beaucoup de soulagement par les Maliens, il a gardé les pieds sur l’accélérateur pour être à l’heure en commençant par la mise en place d’« un effectif important de l’armée pour qu’il n’y ait plus un mètre carré du territoire qui soit hors de contrôle ». Depuis le déploiement de ce dispositif sécuritaire, la situation sécuritaire très délétère au Centre, marquée par des attaques permanentes des terroristes, a connu une nette accalmie. A part quelques attaques isolées et la crise intercommunautaire qui s’en sont suivies, les ardeurs de la violence ont été, considérablement, ont baissé dans le centre du pays.
Ensuite, s’en est suivi l’audit du fichier électoral qui a abouti le dimanche 29 juillet 2018 à l’organisation d’une élection présidentielle jugée salutaire par la communauté internationale. C’est sur la base de ces résultats concrets engrangés que Soumeylou Boubèye Maiga est en train de conduire le président IBK vers un deuxième mandat après l’avoir sorti de l’hésitation.
Youssouf Z KEITA
Source: Info Soir