C’est ce vendredi 4 juin 2021 que le M5-RFP commémore l’an 1 du début de ses rassemblements (il y en aura cinq) suivis de » la désobéissance civile » qui mettront à genou « le régime incompétent et corrompu » du président IBK avant que l’armée ne lui porte le coup de grâce. L’événement sera marqué, il ne pouvait en être autrement, par un rassemblement sur l’emblématique place de l’indépendance, qui va retrouver probablement son ambiance de cette période épique.
D’autant plus que cet anniversaire survient à un moment où le mouvement de contestation, après s’être fait ravir le fruit de sa lutte et marginalisé par la junte qui a parachevé son action, retrouve les faveurs de cette dernière. Le président de son comité stratégique, Choguel Maïga, est en passe de se faire nommer premier ministre. Il n’attend pour cela que l’investiture du colonel Assimi Goïta au poste de « président de la transition, chef de l’État « . Ce qui est annoncé pour lundi prochain.
Le M5-RFP ne devrait pour autant se faire aucune illusion. Sa victoire, reconnue à seulement neuf mois de la fin de la transition, aura un goût amer. Selon un de ses ténors, il a déjà renoncé à la dissolution du Conseil National de la Transition (CNT) l’une des dix mesures de rectification de la transition dont il faisait de l’acceptation et de la mise en œuvre la condition incontournable de sa participation à ce processus. Il consent désormais à ce que cette question soit tranchée par la justice qui en est déjà saisie par ses propres soins.
Le plus dur pour lui, c’est qu’il se rendra vite à l’évidence, si ce n’est déjà fait, qu’il n’aura ni les moyens ni le temps d’exécuter son ambitieux programme de « refondation du Mali « . Lequel n’a pas peu pesé dans la mobilisation des foules contre IBK et a contribué à brouiller ses rapports avec les militaires.
En effet, il n’en aura pas les coudées franches car devant composer, dans le gouvernement d’union nationale que Choguel mettra en place, avec d’autres forces politiques et sociales qui ne partagent pas sa vision. Surtout, eu égard à l’isolement qui s’opère autour du Mali sur la scène africaine et au-delà, l’urgence pour ce gouvernement ne sera pas d’organiser des assises nationales dont les conclusions mettront des décennies pour être appliquées, mais d’organiser hic et nunc des élections référendaires, présidentielle et législatives pour permettre au pays de renouer avec la normalité constitutionnelle et de se réconcilier avec ses voisins et le reste du monde.
Saouti HAIDARA
Source: l’Indépendant