Les Maliens ont été abasourdis, le mercredi 18 janvier 2017, tôt le matin, en apprenant l’attentat suicide qui a frappé le camp du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) basé à Gao.
Pour une fois que l’Etat malien et les différentes parties sont parvenus à se mettre ensemble pour sécuriser le territoire, la survenue de cet attentat ne peut que pousser au questionnement suivant : A qui profite ce crime ?
Au sortir du sommet Afrique-France qui s’est tenu à Bamako, les 13 et 14 janvier derniers, la question sécuritaire n’était pas en reste. L’urgence pour les pays africains d’assurer eux-mêmes «d’abord» leur propre sécurité a été longuement évoquée. Le Mali, à travers la mise en place et l’opérationnalisation récente du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), était sur la bonne voie. Prévu par l’accord pour la paix, il faut souligner que le projet de mise en place du MOC composé des forces armées maliennes, des combattants de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et de ceux du Gatia du Général Gamou avait pris un certain retard. Mais, tous animés de la volonté d’aller de l’avant afin de sortir ce pays du bourbier dans lequel il se trouve depuis 2012, le gouvernement et les groupes armés se sont entendus de mettre de côté leurs intérêts partisans pour se donner la main au profit du grand bonheur du Peuple malien. On se souvient que le blocus au niveau du MOC n’a été levé que le 5 Janvier dernier. C’est suite à la levée de ce blocus que la CMA a rejoint le site de regroupement à Gao où ils étaient attendus fraternellement, depuis le 12 décembre 2016, par les combattants du Gatia et de l’armée nationale. Les patrouilles mixtes pouvaient, donc, commencer. Sa mission était de contribuer à la sécurisation des Régions du Nord ; de réduire les vides sécuritaires avant, pendant et après le processus de cantonnement, d’intégration et de Réconciliation (DDR). Si le nombre des combattant de la CMA n’est pas connu, dans ce camp se trouvait 200 éléments de l’armée malienne et 199 du Gatia. Cette union pour le Mali était bien accueillie. Pour une fois, disait-on, les forces armées et les groupes armés allaient ensemble œuvrer au retour de la paix et de la sécurité pour tous. Ce qui affichait de bons augures dans la mesure où quand ceux qui se combattent se mettent ensemble il n’y a plus de guerre.
Ainsi, dans les camps des Réfugiés en Mauritanie, au Burkina et ailleurs, un vent d’espoir soufflait. Les Maliens, plus spécifiquement ceux du Nord, entrevoyaient le bout du tunnel. Car, de la réussite de ces patrouilles mixtes et, donc, de la cohabitation entre les forces armées maliennes et les combattants du Gatia et de la CMA dépendait le retour de la paix.
Mais, voilà, à la surprise générale, cet espoir naissant vient de prendre un sacré coup dans le dos le mercredi dernier quand un attendant suicide a frappé le camp du MOC. Le bilan est lourd et même très lourd.
Ce sont des victimes de trop. A ce stade, le contexte dans lequel est intervenu cette attaque doit interpeller plus d’un et chercher à situer immédiatement les responsabilités. Il faut éviter, comme cela est de coutume chez nous, de se faire bonne conscience en faisant systématiquement porter le chapeau à Iyad Aghaly ou aux terroristes. Nous ne disons pas qu’il ne peut pas en être l’auteur pour avoir toujours déclaré la guerre à la nation et à certains groupes armés, mais il faut, au-delà, se poser objectivement la question de savoir s’il est le seul à vouloir empêcher le retour de la paix au Mali. Il ne s’agit pas non plus de douter de la collaboration des forces armées étrangères ou de certains groupes armés internes, mais de penser que le coup peut venir de partout sans exception. L’enquête qui sera certainement ouverte comme il doit être le cas à chaque fois qu’un cas similaire est perpétré, l’on ne doit écarter personne de facto. Aucun privilège ne doit être ni accordé à qui que ce soit ni écarté non plus. Car, le sabotage de cette opération peut aussi bien profiter à Iyad Aghaly, aux terroristes ainsi qu’à d’autres ennemis tapis dans l’ombre œuvrant contre les intérêts de notre pays. Et c’est au Mali et aux Maliens de défendre en premier lieu leurs intérêts. Il y va de la responsabilité de tous, à commencer par les dirigeants.
Mohamed Dagnoko
Source: : LE COMBAT