Le marché de véhicules d’occasion est de nos jours en plein essor à Bamako. Aussi, il est très difficile aujourd’hui de passer sur un grand axe routier de la capitale sans apercevoir un parking à gauche ou à droite. Les bords du goudron sont, en effet, inondés par ces véhicules d’occasion connus sous l’appellation «France au revoir».
Pourtant, ces véhicules ne viennent pas seulement de la France. Ils viennent également d’autres pays d’Europe et d’Amérique. Compte tenu du fait qu’ils ne sont pas vendus au même prix que les véhicules neufs, ils sont plus accessibles pour les acheteurs moyens. Qui sont les vendeurs de véhicules d’occasion ? La vente de ces véhicules est-elle rentable ? Le métier est-il organisé ? De quelle manière ? Autant de questions auxquelles nous nous sommes intéressés.
Ce sont des jeunes diplômés sans emploi, des personnes à la retraite anticipée ou des expatriés qui sont, pour la plupart, dans le métier de revendeur de véhicules d’occasion. Comme beaucoup le savent, le parking du Badialan est l’un des premiers de la capitale à être créé pour faciliter l’achat des véhicules d’occasion. Rappelons qu’avant d’être transféré en 1992 au Badialan, ce parking se trouvait au niveau de la place VOX.
Le secrétaire général des revendeurs de véhicules d’occasion, Dramane Bagayoko que nous avons approché, explique que le parking du Badialan a été créé dans les années 90 pour effectivement faciliter l’accès de la population à des véhicules de bonne qualité et à un prix abordable. «En 1992, il n’y avait que quelques personnes qui amenaient des véhicules d’Europe. Il y avait très peu de voitures, mais au fil des années, le métier s’est développé et les gens ont commencé à l’aimer et à l’exercer», confie Dramane Bagayoko. Le parking du Badialan compte, de nos jours, plus de 300 véhicules de marque Toyota et Mercedes. Deux marques qui, selon Bagayoko, sont les plus vendues. S’agissant des prix, il y en a pour toutes les bourses. Ils varient en fonction de l’âge et de la qualité du véhicule. Selon Dramane Bagayoko, les prix varient entre 1 et 10 millions de FCFA. «Les véhicules vendus viennent généralement de la Belgique. Au total, plus de 1000 à 1500 véhicules sont importés chaque année sur toute l’étendue du territoire. Ces véhicules sont importés par bateau à travers les ports autonomes de Lomé, Dakar, Cotonou et Conakry», précise notre interlocuteur.
Parlant des difficultés, le secrétaire général des revendeurs de véhicules d’occasion déplore la non réglementation du métier car pour lui, tout le monde a pris d’assaut le métier en pensant que c’est très facile et qu’on peut devenir très riche en un temps record. «Il y a des parkings anarchiques partout à Bamako. Un travail qui n’est pas bien structuré est par conséquent mal organisé et voué à l’échec», a -t -il laissé entendre. Pour bien organiser le métier, son association a entamé des démarches auprès des autorités afin de regrouper tous les revendeurs de véhicules d’occasion au sein d’un marché unique.
«On souhaite rassembler tous les revendeurs en un seul endroit. Pour cela, nous exhortons les autorités à nous donner un grand espace pour mieux gérer un métier qui de jour en jour est de plus en plus voué à l’anarchie et au désordre», regrette Dramane Bagayoko. Concernant les ventes, notre interlocuteur affirme qu’il arrive souvent de ne pas vendre un seul véhicule par jour parce que les clients se plaignent du fait que l’argent ne circule pas et estiment que les temps sont durs même si on arrive parfois à s’en sortir. Dramane Bagayoko exhorte les populations à venir acheter les véhicules d’occasion car, soutient-il, ils sont de bonne qualité et vendus à des prix très abordables.
Abdoul Karim
COULIBALY
Source: Essor