« Bamako, moteur de croissance économique inclusive » est le nom d’une étude menée par la Banque mondiale sur la ville aux trois caïmans. Le rapport de la présente étude a été présenté lors d’un atelier de restitution le mercredi 20 février, à l’Hôtel Sheraton. Ce fut sous la présence de Mohamed Moustapha Sidibé, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, en présence de la directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Mali, Soukeïna Kane et plusieurs personnalités.
Selon la directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Mali, Mme Soukeïna Kane, le taux d’urbanisation au Mali a dépassé les 40% ces dernières années et le taux annuel de croissance urbaine se situe à 4,9%. Elle ajoutera que la production industrielle ne représente plus que 18% du PIB contre 28% en 2006.
«Le District domine le paysage urbain et économique du Mali, il est le centre névralgique de l’économie nationale, mais il ne parvient ni à accroître sa compétitivité dans le temps, ni à fournir des services urbains attendus par ses citoyens dans la mesure où sa population a plus que doublé sur la période 2000-2015 et la pression sur la ville devrait s’accroître à l’avenir », a-t-elle déploré.
Mieux, elle estime que Bamako comptera 13 millions d’habitants en 2050.
«Bon nombre des problèmes de développement du Mali ont une dimension spatiale, et Bamako se trouve au centre de cette équation. L’importance économique et sociale de la ville ne doit pas être minimisée, sachant que toute décision prise à Bamako aura des effets durables sur le développement du pays», a-t-elle indiqué.
Pour le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Mohamed Moustapha Sidibé, le projet de rénovation urbaine de la ville de Bamako permet d’opérationnaliser l’étude.
«Cette étude contribue à l’atteinte d’un des objectifs de la Politique nationale de la Ville (PONAV) qui est de renforcer les économies locales pour améliorer les capacités d’autofinancement des villes et lutter contre le sous-emploi et la pauvreté. L’identification et la sécurisation des espaces dédiés aux équipements collectifs dans le District de Bamako, conduites par la Cellule de suivi de la Politique nationale de la Ville en rapport avec la mairie du district et les mairies des communes permettent également d’opérationnaliser l’étude», a-t-il déclaré.
Recommandations
Ce rapport d’étude présenté sur Bamako gamberge la façon dont la citée aux trois caïmans pourrait gagner en prospérité, tout en renforçant à la fois la productivité et la qualité de vie.
A en croire les auteurs, les réformes et investissements qui y seront engagés rejailliront sur le développement du pays tout entier.
Pour cela, ils ont formulé trois recommandations.
Pour la première, il s’agira de coordonner l’occupation des sols et des infrastructures de liaison. Selon les experts, les terrains et le domaine public pourraient servir à promouvoir des investissements et stimuler ainsi des investissements plus denses dans les infrastructures économiques de la ville. D’abord, il faut dresser un inventaire des avoirs publics, parallèlement à des efforts visant à améliorer le régime foncier et l’utilisation des sols.
« Une meilleure gestion des infrastructures publiques de transport et des espaces publics permettrait aussi d’améliorer l’accès des citadins aux débouchés économiques », proposent-t-ils
S’agissant de la deuxième, elle invite les pouvoirs publics et les investisseurs à booster le financement des services publics et améliorer leur gestion.
« Face à la demande grandissante d’investissements dans les infrastructures publiques, des solutions doivent être trouvées pour augmenter les recettes propres et autres ressources financières à l’échelon locale, grâce notamment à une hausse des tarifs, des taxes et des transferts de l’administration centrale. Parallèlement, les autorités doivent réduire les inefficacités du système pour alléger les dépenses publiques en revoyant, par exemple, l’emplacement des décharges pour améliorer la gestion des déchets solides ou en développant des sites de compost ».
Concernant la 3ème et dernière recommandation, elle consiste à investir dans les institutions urbaines.
«Une grande partie de la croissance actuelle et à venir de Bamako profitant aux communes voisines, il faudra impérativement mettre en place des dispositifs et des incitations pour garantir une concertation entre collectivités en matière de planification des investissements dans les infrastructures et d’organisation des services publics. En même temps, il s’agit de clarifier les responsabilités institutionnelles au niveau national et des différentes collectivités, et renforcer les capacités des collectivités locales à exécuter leur mandat ».
A. SISSOKO
La Preuve