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Union africaine: y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Avec la venue au pouvoir du protectionniste Donald Trump qui affiche aussi des tendances autoritaires, les experts se demandent qui sera maintenant le leader du monde libre. Au lendemain du 29e sommet de l’Union africaine, il y a lieu de se poser une question similaire : l’UA a-t-il un/des leaders aujourd’hui?

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Imaginez si les pays les plus enthousiastes et les plus actifs de l’Union européenne étaient la Hongrie, la Croatie et Chypre, et que les grands pays européens comme la France, l’Allemagne et l’Italie se désintéressaient de cette organisation. Est-ce que l’Union serait la puissance incontournable qu’elle est aujourd’hui ? Bien sûr que non. Elle serait impuissante, inaudible et inutile.

C’est ce qui se passe à l’Union africaine. Les leaders des grands pays africains comme l’Afrique du Sud, le Nigeria ou l’Égypte étaient tous absents du 29è sommet de l’UA qui s’est clôturée ce mardi 04 juillet. En revanche, les présidents les plus actifs dans ce sommet et même pour l’année qui s’annonce sont ceux du Rwanda, de la Guinée et du Tchad qu’on surnomme la « Troïka ». Le président rwandais Paul Kagame, qui est chargé de proposer des reformes de l’institution panafricaine, semble être celui vers lequel les autres présidents africains se tournent pour les guider vers l’avenir. Mais même si le président Kagame a la réputation d’être un visionnaire, il dirige un petit pays pauvre, qui a une influence limitée sur le continent. Même s’il dispose d’excellentes idées, il a peu de moyens pour influencer la politique africaine et globale. Ses confrères de la troïka ne pèsent pas plus.

De l’absence des grands pays

L’Afrique du Sud avait une ambition pour l’Afrique quand il était dirigé par Thabo Mbeki. Ce dernier était le champion d’une certaine idée de renaissance africaine, qui est devenue inaudible depuis qu’il a quitté le pouvoir en 2008. Son successeur Jacob Zuma, empêtré dans des scandales de corruption, n’a pas montré un grand intérêt pour l’avancement du continent. Quand son ex-épouse Dlamini Zuma est devenu présidente de la Commission de l’UA, il y avait un espoir que l’Afrique du Sud voulait encore jouer un grand rôle, mais il s’est révélé que madame Zuma ne voulait qu’utiliser son poste à l’UA comme levier pour briguer la présidence de l’Afrique du Sud lors des élections qui s’annoncent. Le président Mahammadu Buhari du Nigeria, confronté à la menace de Boko Haram dans son pays, et fréquemment absent pour ses voyages médicaux à Londres, n’a pas beaucoup d’énergie pour se mêler des affaires africaines. L’Egypte semble plus tournée vers le Moyen-Orient. La Libye ne joue plus de rôle dans l’Union depuis la mort de Kadhafi en 2011.

Il semble donc que l’Afrique est comme un avion sans pilote. Il ne s’agit pas ici d’en appeler aux « hommes forts », mais de regretter l’absence d’un pays ou de pays qui prennent en main les objectifs de l’UA et qui encouragent les autres à agir. De la même façon que l’Union européenne s’appuie sur le couple franco-allemand qui est le noyau autour duquel les autres pays européens, l’Union africaine a besoin de pays leaders qui ont a la fois les moyens financiers et la vision idéologique pour guider les autres.

Jeune Afrique écrit que le Maroc, qui a retrouvé sa place dans l’Union africaine le 31 Janvier 2017, est le seul pays à nommé un ambassadeur exclusivement chargé des affaires de l’Union africaine. Le Maroc serait-il l’un des futurs leaders dont l’Afrique a tant besoin ? L’avenir nous le dira.

 

Par Jean-Marie Ntahimpera on 6 juillet 2017

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