La Cour d’appel de Bamako a confirmé le 7 septembre 2022 le jugement N°130 du 4 avril 2022 du Tribunal de Grande instance de la Commune V du District de Bamako validant le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022, qui avait porté M. Gouagnon Coulibaly à la tête de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Confirmé Président du parti de la Poignée de mains en attendant une nouvelle action en justice du camp Salikou Sanogo, l’ancien député de Kati doit s’atteler à la réunification de l’URD, secouée par de divisions internes depuis la disparition de Soumaila Cissé.
En rendant son arrêt le 7 septembre 2022, la Cour d’appel de Bamako a mis fin à 5 mois d’attente des deux camps protagonistes de la crise au sein de l’URD. Mais le feuilleton judiciaire ne semble toujours pas avoir connu son épilogue. Dans un communiqué, le même jour, signé du Secrétaire général Daouda Touré, proche du 1er Vice-président Salikou Sanogo, « l’URD assure qu’un pourvoi en cassation sera exercé contre ledit arrêt de la Cour d’appel dès sa notification ».
Mais, pour les soutiens de Gouagnon Coulibaly, ce pourvoi en cassation sera « sans effets sur l’application rigoureuse et intégrale de l’exécution de l’arrêt de la Cour d’appel ». Ces derniers sont déjà d’ailleurs tournés vers l’investiture du nouveau Président du parti, « dans les prochains jours ». Mais Gouagnon Coulibaly et ses proches veulent tendre la main aux « camarades » qui s’opposent à eux.
Main tendue
Loin d’un triomphalisme affiché, Gouagnon Coulibaly, après cette confirmation comme successeur de feu Soumaila Cissé à la tête de l’URD, se positionne en rassembleur. S’il évite lui-même de se prononcer avant toute passation officielle de pouvoir au sommet du parti, ses proches, quant à eux, communiquent.
Le Secrétaire politique du Bureau exécutif national de l’URD, Bakary Fomba, affirme que M. Gouagnon Coulibaly, qui est « résolument déterminé à rassembler tous les courants du parti, entreprendra très prochainement, dans un esprit d’ouverture et de mains tendue, les actions idoines, permettant de préserver en toutes circonstances l’unité du parti, si chère aux militants ».
« Je pense que la décision de la Cour d’appel n’est pas la victoire d’un camp sur l’autre, mais plutôt une opportunité pour nous tous de nous retrouver pour faire de l’URD un parti encore plus grand », confie également Abdrahamane Diarra, Président de la Jeunesse URD, proche du camp Gouagnon Coulibaly.
Pour parvenir à ces « retrouvailles » après de longs mois de mésententes, Gouagnon Coulibaly et ses proches comptent sur le dialogue. « Nous allons approcher nos camarades qui ne partagent pas nos avis, leur expliquer le bien-fondé de notre démarche. Nous allons aussi accepter des concessions et des compromis », assure Mamadou Dicko, 2ème Secrétaire politique de l’URD.
« Je suis convaincu que tous les courants peuvent se retrouver, pas forcément être d’accords sur tout mais sur le minimum, pour qu’ensemble nous puissions continuer notre combat pour le Mali », poursuit celui qui rappelle que le Congrès qui a élu Gouagnon Coulibaly, n’a « changé personne » et que le Pr. Salikou Sanogo reste le 1er Vice-président du parti. « L’objectif n’a jamais été d’enlever ou d’exclure quelqu’un. Nous continuons à nous battre pour que l’unité du parti soit préservée ».
Nouvelle cohésion ?
Si le nouveau Président de l’URD veut s’employer à réunifier le parti et à tendre la main à ceux qui s’opposent à lui, ces derniers, même s’ils n’excluent pas de refaire route ensemble, semblent résolus à aller au bout de la bataille judiciaire ouverte, en atteste le pourvoi en cassation annoncé.
« Accepter ou pas la main tendue, cela ne se décide pas au niveau d’une seule personne. Nous allons aviser. De toute façon, personne n’a intérêt à ce qu’on mette ce parti à l’eau. Nous avons intérêt à nous unir », glisse Daouda Koné, 7ème Vice-président, proche de Salikou Sanogo.
Élu à la tête de l’URD lors du Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022, avec la participation de plus de 1100 délégués, Gouagnon Coulibaly, 60 ans, ancien député et Président de la Commission des Travaux publics, de l’habitat et des transports de l’Assemblé Nationale de 2007 à 2013, a depuis demandé à la Commission nationale de conciliation et d’arbitrage du parti de « redoubler d’efforts » dans la recherche de « solutions idoines de conciliation qui soient en adéquation avec les textes et pratiques convenus du parti ».
Ses proches l’affirment, l’ancien Directeur de campagne de feu Soumaila Cissé est « ouvert d’esprit » et « totalement disponible » pour rassembler tous les bords.
Source : Journal du Mali