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Un vieux pistolet pointé : Un distributeur de pain délesté de sa moto

Un village, une expression de la bouche, des yeux affolés, des cris…. « Au voleur, au voleur ! »Un bruit de moteur qui s’affaiblissait. Il faisait nuit, exactement 2 h 10 du matin à Niama. Le voleur de la moto du distributeur de pain, comment était-il, grand ou petit, maigre ou gros, clair ou noir d’ébène ? Un type plutôt mal fichu maigriot dans son Jeans trop étroit et qui avait les lèvres tremblantes sous la lumière blafarde de la lampe extérieure de la boutique où il venait de déposer du pain.

La prolongation de cette conversation avec une foule de plus en plus grossissante de curieux commençait à énerver la victime qui avait bien assez à faire avec sa peine. Il donnerait bien volontiers deux gros billets en guise de récompense à qui rattraperait cette canaille. Mais cloué de peur aucune des personnes présentes n’avait mordu à l’hameçon. Pourtant, les motocyclistes ne manquaient point. ,

Il allait et venait dans ses pensées, s’arrêtant de longs moments à observer l’endroit exact où il avait arrêté la moto, oubliant d’enlever la clé de contact, et la direction prise par le chenapan, comme si ces détails lui livreraient l’identité du braqueur ou sa cache.

Un vieux pistolet qui n’avait rien perdu de ses capacités – en attestait le coup de semonce tiré – lui avait infligé une de ces trouilles qu’il a fallu que les premiers arrivants lui secouaient pour qu’il retrouvât l’usage de la langue.

Voix détimbrée annonçait

5 motos d’une famille volées en une nuit

Réveil douloureux chez les Bathily dans la commune rurale de Mountougoula. Frères et sœurs ne sentaient plus que leur fatigue et leur cœur toujours serré. Sur les visages, le mot malheur se formait et ne disparaissait pas aussitôt comme une bulle naît et éclate en même temps. D’habitude, on se chahutait à l’entame de la journée, histoire de ne pas débuter la journée avec une mine d’enterrement, préjudiciable aux bonnes affaires. Les Bathily sont commerçants de père en fils, ils excellent dans le ciment, le fer à béton.

Un malheur frappait. L’aîné se balançait un peu d’un pied sur l’autre. Le benjamin pensait que c’était à Ousmane d’annoncer aux autres la mauvaise nouvelle. Gafou se tenait la tête dans les mains et se demandait quel démon avait quitté l’enfer pour venir loger ce matin chez eux. Mamadou se saisissait d’une chemise et la passait prestement, quand Malick annonçait, d’une voix détimbrée, le vol des cinq motos de type Jakarta garées dans le magasin.

Il ne s’agissait pas d’une farce, d’un poison d’avril – encore très loin. L’audace et le professionnalisme des auteurs d’un tel forfait étaient déconcertants. La porte n’avait pas été forcée, laissant croire que les auteurs disposaient de clés passe-partout. Les barbelés sur les murs étaient intacts, donc l’intrusion ne s’était pas faite par le mur de clôture, mais par l’entrée principale qui ne souffrait d’aucune trace d’infraction. L’hypothèse qui dansait dans la tête des occupants de la demeure privilégiait la piste d’une complicité interne, ou du moins les auteurs. Pour l’instant, les recherches se poursuivaient.

Source: L’Informateur

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