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Un intellectuel malien, Ousmane S Diallo réagi à l’article du Pr Ali Nouhoum Diallo ”On ne peut pas bâtir une nation sans nationalisme. L’exemple nous est donné par les peuples juif, vietnamien, chinois, japonais et aujourd’hui ukrainien”

Je dirais donc respect et merci à Ali Nouhoum Diallo pour ce rappel d’une facette de l’histoire de notre nation.

 

Même si nous avons le même patronyme nous ne sommes pas parents, de ce fait chacun comprendra aisément que je m’adresse à l’homme universel donc sans parti pris dans un sens ou dans l’autre.

J’adhère au récit des différentes successions qui se sont opérées à Koulouba.

Il a oublié la parenthèse Alpha Oumar Konaré qui lui a exécuté 2 mandats et transmis le pouvoir dans les conditions de respect de la constitution.

Je vivais à l’extérieur du Mali pendant cette période et quasi ignorant de ce qui s’est passé.

Je voudrais dire à Ali Nouhoum Diallo, que j’ai profité de mon absence du Mali pour m’enrichir de  l’histoire, du parcours des autres nations du monde et du sort des hommes et des femmes qui les ont dirigées.

En dépit de la multiplicité et de la diversité de ces expériences une certaine grille d’analyse permet de dégager la notion de Ying et Yang qui universalise le duo de la chose analysée et son contraire à laquelle les maliens et leurs dirigeants n’ont pas échappé : le sacre/la déchéance, grandeur/décadence, souveraineté/l’assujettissement (vassalisation), progrès/régression, etc.

Je voudrais illustrer mon propos par des exemples à la fois connues mais mal utilisées pour éduquer notre jeunesse :

Rome et César, l’Egypte et ses pyramides, les Mayas/les Aztèques, l’empire Français et Napoléon, l’Allemagne et Hitler, les États-Unis d’Amérique et Abraham Lincoln, la Grande Bretagne et Churchill, la Chine et Tchang Kaï Chek, le Japon et Hiro Hito, etc.

C’est parce que nous n’enseignons pas l’histoire de façon universaliste, que nous privons notre jeunesse et notre peuple malien d’instruments d’analyse et d’aide à la prise de décisions vers le progrès.

Oui il y a eu des coups d’État au Mali.

Mais ces coups d’État ont en commun de mettre fin à un pouvoir devenu d’une certaine manière autocratique/dictatorial voir empreint de népotisme.

Personne ne peut décemment défendre les pratiques anti-democratiques de fin règne de Modibo Keita même si ses initiatives de création de sociétés et entreprises d’État, d’égalitarisme et de gratuité en matière d’éducation, de souveraineté du pays, etc… étaient de bonne augure. Comme partout dans le monde une partie du peuple lui en a été reconnaissante.

Quant à Moussa Traoré et ses acolytes, s’ils avaient une bonne raison de mettre fin aux pratiques anti-democratiques de Modibo Keita ils ont eu la faiblesse de déconstruire les bases de ce qui faisait sa politique de souveraineté et de grandeur de la nation malienne.

Pire, comme en Espagne le généralissime a éliminé un à un ses acolytes du coup d’État de 1968 à l’instar du Caudillo Francisco Franco, le moins doués des officiers espagnols qui ont renversé la république, qui s’est avéré le plus malin pour les éliminer tous et régner en dictateur jusqu’à sa mort en s’offrant le luxe de désigner son successeur avec en prime le rétablissement de la monarchie (Juan Carlos à la place de son père).

Mais Juan Carlos avait la culture et l’intelligence du pouvoir qui lui ont permis de s’atteler dès son intronisation de s’atteler au rétablissement de la démocratie dans les années 70 et à lancer une politique de développement économique moderne du pays.

Moussa Traoré avec le parti unique n’est pas défendable en matière de démocratie. Chacun sait que c’est le parti unique qui est le terreau de ce qu’on appelle *”un panier de crabes “*

Ceux qui ont renversé Moussa Traoré ont voulu supprimer la dictature et son support qui est le parti unique en établissant une démocratie bancale qui ne tient pas compte de l’expérience des autres nations en la matière.

En tout cas ceux qui rédigé le texte du multipartisme dit *intégral* n’ont pas pris un seul instant pour réfléchir aux conséquences d’un tel texte, plus particulièrement à son dévoiement.

En tout cas le multipartisme malien a des allures de grotesque avec 1 parti par 100.000 maliens.

C’est difficile de penser que tous les maliens ont manqué de bon sens au point de mettre le ver dans le fruit depuis 30 ans et que personne n’ait pensé à mettre de l’ordre.

Pire on s’est mis à copier une constitution sans en maîtriser l’esprit et le contexte.

En fait, c’est la volonté de De Gaulle, qui d’ailleurs s’était retiré du pouvoir, de mettre fin à des dérives du pouvoir parlementaire ayant pour conséquence l’instabilité gouvernementale qu’a été rédigée et mis en place la constitution de la 5eme république.

En effet, De Gaulle et les 5 présidents qui lui ont succédé avaient un souci commun: la grandeur de la France et l’indépendance/la souveraineté dans sa politique de défense.

Aucune nation censée ne peut confier sa défense à une autre.

C’est une erreur dont la Pologne a payé le prix en 1939 et que l’Ukraine est en train de payer ces jours ci.

C’est la raison pour laquelle l’Allemagne vient de changer radicalement sa politique d’armement et de défense de même qu’un ou deux pays d’Europe du nord qui renoncent à la politique de neutralité.

Vous voyez donc en quoi la politique de ATT en matière de défense ne pouvait que conduire à son départ peu glorieux.

Être chef d’État c’est être le commandant en chef de l’armée selon De Gaulle, d’assurer la capacité du pays à faire face à toute attaque. D’où l’abandon de sa fauteuil à l’OTAN afin de développer l’arme nucléaire.

ATT a passé tout son temps à dire que la guerre c’est dangereux, que ce n’est pas bien. C’est l’anti De Gaulle qui lui sait ce qu’est la défaite militaire et l’occupation de son pays.

C’est donc en toute logique que des hommes du rang d’une armée mise en déliquescence l’ont chassé de Koulouba.

ATT a été victime de sa méconnaissance de l’histoire.

Quant à IBK, son cas se passe de commentaires.

Propulsé au pouvoir par “77%” des électeurs qui ont cru qu’il était un homme à poigne et en ses deux slogans que sont ” *le Mali d’abord* ” et ” *pour l’honneur du Mali* ” ils ont vite déchanté en découvrant la vraie signification de ses propos : ” *ma famille d’abord* ” et ” *après moi le déluge* ”

Dès lors, après un renouvellement plus que contestable de son mandat le peuple malien ne pouvait que l’abhorer/détester. Il n’y a rien de contestable, de condamnable dans l’attitude du peuple malien envers Ibrahim Boubacar Keita.

Il n’a pas été à la hauteur/la dimension de l’espoir que le peuple malien a placé en lui.

C’est l’une des pires déchéances qui arrivent à des chefs d’État/des souverains balayés suite à un soulèvement populaire, mais il y a eu bien avant le Mali d’autres exemples de par le monde : le Shah d’Iran, Ferdinand Marcos des Philippines, Hailé Sélassié d’Éthiopie, Marcelo Caetano continuateur de la dictature de Antonio Salazar du Portugal, Nicolae Ceausescu de Roumanie, etc.

L’histoire du Mali, en 1991 et surtout en 2020, rappelle étrangement ce qui s’est produit au Portugal 1975.

Suite à un soulèvement populaire où la police tire sur les manifestants faisant des morts et des blessés, l’armée renverse  le pouvoir et instaure un régime démocratique.

C’est ce qui est connu sous le nom de _Révolution des oeillets_ du fait qu’une vendeuse de fleurs est allée offrir ces fleurs aux soldats appelés pour le maintien d’ordre. Ces derniers ont mis au bout de leurs fusils ces fleurs rouges.

Il n’y a pas eu d’effusion de sang.

Les Maliens n’ont rien d’exceptionnel en tant que peuple, mais ils ont eu, par le cours des choses particulièrement la colonisation, des dirigeants qui n’ont pas eu une grande connaissance de l’histoire des autres peuples, des autres nations. Cela les a privé de bénéficier d’expériences venant d’ailleurs.

C’est ce qui permet à d’autres peuples de se jouer de nous, de nous traiter avec condescendance.

Ali Nouhoum Diallo serait probablement d’accord qu’une nation ne se construit pas avec de bonnes paroles.

On ne peut pas bâtir une nation sans nationalisme. L’exemple nous est donné par les peuples juif, vietnamien, chinois, japonais et aujourd’hui ukrainien.

Le peuple ukrainien vient de montrer au reste du monde par sa résistance ce que c’est que le patriotisme, le nationalisme.

Le chauvinisme, on est tous d’accord que c’est la maladie infantile du patriotisme, du nationalisme.

À l’heure actuelle les maliens sont mal placés pour faire montre de chauvinisme car c’est rare de trouver un ministre malien qui ignore l’expression ” *Partenaires Techniques et Financiers ou PTF* ”

Quand on ne peut mener des actions en toutes indépendance/souveraineté c’est difficile d’être chauvin.

Peut-on parler d’hystérie collective confinant au national-socialisme ? J’en doute fort peu car la comparaison avec la marche d’Hitler vers le pouvoir pour réhabiliter une Allemagne sanctionnée à l’excès acculée à une dégradation de son économie frôlant la soupe populaire, la famine.

Hitler est arrivé au pouvoir en promettant aux allemands de les sortir de l’impasse et en utilisant des méthodes anti-democratiques et violentes (milices) ainsi qu’en désignant le peuple juif comme la cause de tous les malheurs du peuple allemand : ” le complot juif international”

Hitler, jusqu’à son suicide, n’a pas hésité à donner la mort à ceux qui  étaient gênants pour son action ou dont les actes lui paraissaient être une trahison.

Ainsi les membres des partis d’opposition se sont trouvés dans les camps de concentration, les dirigeants de la milice de son parti ont été invités à un séminaire pour être liquidés (la nuit des longs couteaux), les juifs ont eu droit à la “nuit de cristal” et des bastonnades dans les rues, des étudiants qui distribuaient des tracts ont été pendus, le beau- frère d’Eva Braun a été fusillé, le feld maréchal Rommel dont Churchill a fait l’éloge a eu le choix entre avaler du cyanure ou passer devant le tribunal avec à la clé le déshonneur pour lui et sa famille.

Tous les grands dirigeants du national-socialisme se sont suicidés : Hitler, Himmler, Gobbels, Goering.

Cela traduit leur état de conscience de ce qu’ils ont fait d’abjecte.

Au Mali je n’ai pas le sentiment qu’on traque les membres de l’opposition pour les envoyer en prison.

Je n’ai pas le sentiment que le peuple touareg soit considéré comme ennemi de la nation malienne et la cause de ses malheurs et qu’il faudrait exterminer.

Il y a des parallèles, des comparaisons qu’il faudrait s’abstenir de faire dans l’état actuel où c’est le Mali qui est en proie à des doutes, des difficultés et que d’autres peuples entendent dicter à la nation malienne sa conduite.

La nuit portera conseil.

Ousmane S Diallo

Source : 22 Septembre

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