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Un dialogue inter maliens sans les ex-rebelles et sans les partis politiques : Va-t-on assister à un monologue entre partisans du régime transitoire ?

Après l’adoption des termes de référence du Dialogue inter maliens l’on aborde depuis le samedi 13 Avril 2024 la phase communale et des cercles avant la phase nationale. Si l’initiative d’un dialogue inter maliens avait été applaudie par une frange importante du peuple. Cette belle initiative du Président est en train de prendre un coup sérieux pour ne pas dire qu’elle semble être galvaudée après le constat de la non-participation des acteurs indispensables pour sa réussite. Comment pourrait-on espérer sur la réussite d’un dialogue sans la participation des ex rebelles et sans celle des partis politiques les plus significatifs du pays ? A coup sûr nous allons assister à un monologue entre partisans du régime pour adopter à la fin du forum des résolutions et de recommandations parmi lesquelles la prolongation de la transition et certainement la dissolution des partis politiques, après la suspension de toutes leurs activités. Le conseiller politico-diplomatique du Président de la transition n’a-t-il pas été mal inspiré en conseillant à Assimi de procéder ainsi ? Les recommandations et autres résolutions de ce dialogue survivront-elles au- delà de la transition car souffrant d’un déficit d’inclusivité et de consensus ? Le Président de la transition peut-il revoir sa copie avant la phase nationale ?

Le Mali est loin de sortir de l’auberge tant les crises se multiplient et les solutions se font rares. La transition qui avait au départ suscité un grand espoir semble devenir le problème, car au lieu de rassembler les maliens autour des objectifs communs, elle divise et opte désormais pour la méthode forte comme du temps des régimes dictatoriaux. Les marges de  libertés sont drastiquement réduites, les maliens souffrent dans leur chair et dans leur âme, au lieu de parer au plus pressé pour apporter des solutions idoines on musèle tout. L’exemple le plus illustratif est la suspension de toutes les activités politiques des partis politiques comme des associations à caractère politique. Comme si cela ne suffisait pas c’est à la presse que l’on a intimé l’ordre de ranger micro, caméra, Bic dans le sac pour ne pas couvrir les activités des partis politiques. C’est dans ce contexte plus que délétère que s’est ouverte à Bamako et dans les chef- lieux des communes et des cercles la phase communale du Dialogue Inter maliens. Ce dialogue inter maliens sans une interférence extérieure et sans témoins a été le souhait exprimé par le peuple souverain, mais rien que les derniers actes d’exclusion de deux franges indispensables pour la réussite du dialogue, posés par le gouvernement, à savoir les partis politiques et les ex rebelles, beaucoup de maliens commencent à douter de la sincérité des initiateurs. Nombreux sont ceux qui s’interrogent aujourd’hui s’il n y a pas un agenda caché, celui d’une nouvelle légitimation de la transition avec comme conséquence sa prolongation.

Le conseiller politico-diplomatique du Président de la transition n’a-t-il pas été mal inspiré en conseillant à Assimi de procéder ainsi ?

Cette question mérite d’être posée quand on analyse les derniers actes posés par le Président de la transition comme entre autres la suspension des activités des partis politiques, à quelques encablures du dialogue inter maliens. Cet acte est à la fois maladroit et démocraticide. Son conseiller politico-diplomatique aurait dû le persuader que les acteurs qui sont exclus sont indispensables et pour la réussite et pour la mise en œuvre des résolutions et autres recommandations issues de ce dialogue. C’est pourquoi il est fort à parier que les résultats issus d’un tel dialogue ne survivront pas au-delà du temps de règne de l’initiateur du forum.  Qu’on le veuille ou non les partis politiques finiront par avoir le pouvoir donc autant les associer plutôt que de les mépriser. En tout cas nul ne pourrait comprendre comment un dialogue puisse se tenir sans les principaux acteurs que sont les ex rebelles de la CMA et les partis politiques. En effet, c’est par la faute des premiers, à savoir la CMA, que le Mali a connu cette crise sécuritaire sans précédent, donc sans leur présence on assistera à tout sauf à un diagnostic sérieux des causes des crises cycliques et on ne parlera pas  non plus de dialogue inclusif. Les seconds, à savoir les partis politiques, c’est eux qui seront chargés de la mise en œuvre des recommandations et des résolutions. Ils récupèreront tôt ou tard leurs pouvoirs et mettront sous les boisseaux les résolutions et recommandations issues de ce forum. Donc le Président de la transition doit véritablement revoir sa copie avant la tenue de la phase nationale du dialogue inter maliens.

Les recommandations et autres résolutions de ce dialogue survivront-elles au- delà de la transition car souffrant d’un déficit d’inclusivité et de consensus ?

Le doute et le pessimisme planent désormais quant aux effets escomptés.  La réussite de ce dialogue, il ne faut se voiler la face, dépendra à coup sûr de la participation des entités exclues à savoir les partis politiques et les ex rebelles. Tant que  ces acteurs majeurs sont abonnés absents, le dialogue n’aura pas de sens. Tout porte à croire que ce dialogue sera comme les précédents, c’est-à-dire un grand forum qui regroupera des participants venus de tous les coins et recoins du Mali pour remplir la salle, se chamailler et adopter des résolutions et recommandations élaborées d’avance et enfin toucher leurs perdiems avant de rentrer à la maison. Tant qu’on feint d’oublier que la qualité d’un dialogue ou de toute autre rencontre dépend de celle de ses participants et surtout de contributions de taille qu’ils feront, on organisera mille foras pour aboutir aux mêmes échecs. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, le Président de la transition a encore une marge de manœuvre pour rectifier le tir en faisant participer le maximum des maliens, qui seront choisis es-qualité, pour donner à ce dialogue un caractère national, inclusif et consensuel.

Youssouf Sissoko     

Source: L’Alternance

 

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