Le conflit en Ukraine n’est qu’une phase d’un conflit mondial qui a commencé bien avant, selon Samir Saul, professeur d’histoire à l’Université de Montréal.
Samir Saul décrit les phases qui l’ont précédée et qui ont préparé le terrain et les esprits pour cette guerre. Il les abordent en premier du point de vue politique et ensuite sous l’angle économique et de l’échec de la mondialisation.
Samir Saul rappelle notamment les « révolution de couleur » (2004 et 2014) réalisée sous l’égide des États-Unis, l’avancement vers l’est de l’OTAN jusqu’aux frontières russes et la mobilisation de l’armée ukrainienne contre les populations russophones de l’Ukraine.
Il explique aussi pourquoi le modèle économique de la mondialisation appliqué surtout après la chute du Bloc soviétique ne tolère l’existence d’aucun État qui souhaite opérer indépendamment de l’économie mondialisée dirigée par Washington. Ce modèle ne peut être appliqué que par la force.
D’où les « changements de régime » ou les tentatives en ce sens en Irak, en Libye, en Syrie, au Venezuela, en Iran, tous des États qui refusent ou refusaient d’obtempérer.
Idem pour la Russie et la Chine. Sauf que la Russie s’est remise de la dévastation qui a suivi la chute du Bloc soviétique et la Chine est devenue la première puissance économique mondiale et tous les deux refusent aussi d’obtempérer.
Quant à la quasi-unanimité anti-russe allant de droite à gauche, du moins dans le monde occidental, Samir Saul y voit un refus d’analyser les origines historiques de cette crise. Pour lui, la gauche est morale aujourd’hui, ayant abandonné l’analyse historique des événements et des États en jeu. De plus, comme la gauche a abandonné une position anti-guerre, c’est la droite dans certains pays (comme la France) qui sont au coeur du mouvement contre la guerre.
Source : mondialisation.ca