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Tunisie : un gouvernement d’indépendants pour Habib Jemli

Le Premier ministre a annoncé le 2 janvier la composition de son équipe, mettant fin à un suspense de plusieurs semaines.

Le Premier ministre tunisien Habib Jemli, désigné par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, a présenté jeudi 2 janvier son gouvernement composé de personnalités indépendantes après un mois et demi de tractations difficiles et l’échec des négociations avec les partis politiques.

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Quarante-deux jours de négociations

Arrivé en tête des législatives du 6 octobre, Ennahdha a désigné mi-novembre un de ses compagnons de route, Habib Jemli, pour former le nouveau gouvernement. Cet ancien secrétaire d’État a choisi des personnalités indépendantes après des négociations qualifiées de « difficiles » avec les partis politiques au pouvoir. Plusieurs membres du nouveau gouvernement, qui doit être approuvé par le Parlement, ne sont pas connus du public. Le cabinet est composé de 28 ministres, dont 4 femmes, et de 15 secrétaires d’État. « Je suis confiant que ce gouvernement sera approuvé par le Parlement », a déclaré Habib Jemli à la presse. Ce dernier avait annoncé à plusieurs reprises avoir finalisé sa liste, mais celle-ci n’a été finalement signée par le président Kaïs Saïed que ce jeudi, selon un communiqué de la présidence de la République.

 

Qui sont les nouveaux ministres ?

Dans le nouveau gouvernement, le juriste et porte-parole du parquet ainsi que du pôle antiterroriste a été désigné ministre de l’Intérieur. Les ministères de la Défense et de la Justice ont été attribués respectivement à Imed Derouiche et Hédi Guédiri, ancien Premier président de la Cour de cassation. L’ancien ambassadeur Khaled Séhili a été désigné ministre des Affaires étrangères.

Le seul ministre reconduit dans la liste de Habib Jemli est René Trabelsi, qui reste à la tête du ministère du Tourisme. L’ancien ministre des Finances, Fadhel Abdelkéfi, du gouvernement de Youssef Chahed a été nommé au ministère du Développement et de la Coopération internationale.

Premier test pour Habib Jemli

Pour former ce gouvernement, Habib Jemli avait consulté partis, syndicats et personnalités nationales sans parvenir à rallier des partis pour constituer une coalition gouvernementale. Après l’échec de ces discussions, il avait annoncé le 23 décembre sa décision de former un gouvernement « d’indépendants » en raison des « tiraillements » entre partis. Certains partis ont imposé des « conditions » pour participer au gouvernement, avait-il dit sans autres précisions.

Deux importants partis, les sociaux-démocrates d’Attayar (22 sièges) et les nationalistes de Al-Chaab (15 sièges), ont renoncé à rejoindre le gouvernement, indiquant ne pas avoir obtenu les ministères clés qu’ils demandaient, dont la Justice et l’Intérieur. D’autres partis craignent d’être associés à Ennahdha, qui a déjà été directement ou indirectement au pouvoir ces dernières années sans parvenir à faire décoller l’économie ni répondre aux attentes sociales attisées par la révolution de 2011. « Habib Jemli s’est trouvé coincé au milieu de jeux, de calculs et de manœuvres politiques très compliqués », a écrit jeudi le quotidien francophone La Presse.

Il sera placé devant un défi encore plus grand : obtenir la confiance d’un Parlement fragmenté, hétérogène et faire face à une opposition plus forte que jamais, a ajouté le journal. Aucune date n’a été fixée pour le vote de confiance du Parlement. Selon la Constitution, si la confiance du Parlement n’est pas accordée, le président de la République « engage des consultations dans un délai de dix jours avec les partis politiques et les groupes parlementaires, en vue de charger la personnalité jugée la plus apte, en vue de former un gouvernement dans un délai maximum d’un mois ».

Le retard dans l’entrée en fonctions d’un gouvernement risque de retarder davantage les réformes indispensables à la relance de l’économie nationale, le pays étant au seuil d’une année 2020 charnière avec les premiers remboursements au Fonds monétaire international (FMI). Le FMI a versé 1,6 milliard de dollars depuis 2016 à Tunis dans le cadre d’un plan d’aide s’achevant en 2020, en contrepartie de vastes réformes, dont la réduction des dépenses publiques et des déficits.

Par  (avec AFP)

 

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