Le GATIA est un mouvement républicain luttant pour l’unité du Mali et la sauvegarde de son intégrité territoriale. Dans ce cadre, le GATIA et ses amis de la Plateforme mettront tout en œuvre pour préserver l’unité et l’intégrité territoriale de notre pays. Comme ils l’ont prouvé jusqu’ici à travers différents actes. Mais le GATIA n’est pas une milice utilisée et contrôlée par le Gouvernement du Mali qui lui dicterait ses comportements et ses options stratégiques.
J’ai lu avec beaucoup d’attention l’intervention de Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur des Etats Unis d’Amérique au Mali. Comme tous les Maliens, j’ai été surpris et humilié par l’injonction faite par l’ambassadeur au Gouvernement légal et légitime de la République du Mali de mettre fin à sa collaboration avec le Groupe Armé Touareg et Alliés (GATIA) qui, selon l’ambassadeur, serait ‘’un obstacle à la paix’’.
Je n’ai pas compris que le diplomate américain s’ingère avec autant de clarté et de fermeté dans les affaires intérieures d’un pays indépendant auprès duquel il est accrédité en qualité d’ambassadeur. Je n’ai pas compris, qu’après les problèmes que notre pays a connus en 2012 avec une rébellion venue d’ailleurs, un ami du Mali veuille nier à mon pays le droit de mettre en œuvre les mécanismes adéquats pour reconquérir la globalité de son territoire et y faire respecter les lois de la République au profit de tous ses citoyens. Je n’ai pas compris que Monsieur l‘ambassadeur traite sur le même pied d’égalité des Républicains qui défendent leur pays et leurs communautés et des groupes armés dont les liens avec le terrorisme international sont connus et vérifiés. Je n’ai, enfin, pas compris les critères sur lesquels se base Monsieur l’ambassadeur pour annoncer que le GATIA est un obstacle à la paix.
Rappels utiles
Je me permets donc de faire quelques rappels qui peuvent être utiles pour bien comprendre la situation. En 2012, lorsque les groupes rebelles avaient envahi le Nord de notre pays, la Communauté Imghad, majoritaire au sein des Touaregs du Mali, avait refusé d’adhérer à ce mouvement et, sous la houlette du Général Elhaji GAMOU, s’est organisée pour soutenir l’unité du Mali et son intégrité territoriale. Cette action a été d’une grande symbolique politique sur le plan national et international en ce sens qu’elle a permis de démentir aux yeux de l’opinion le message fondateur de la rébellion selon lequel les touaregs sont marginalisés au Mali. Que se serait-il passé si les Imghad avaient adhéré à la rébellion ? On peut réfléchir sur la question, mais leur position ne permet pas de dire qu’ils sont un obstacle à la paix.
Après l’intervention des forces internationales au Mali en 2013, les combattants de la communauté Imghad, exilés au Niger, sont rentrés à Gao et ont apporté leur soutien aux forces de l’opération SERVAL pour pacifier et sécuriser le secteur de Gao d’abord, puis la région de Kidal ensuite. Est-ce une preuve que les Imghad sont un obstacle à la paix au Mali ?
Lorsque les pourparlers de paix ont débuté en 2014, les Imghad se sont constitués en un groupe d’autodéfense avec leurs frères arabes du MAA et ceux de la CMFPR pour créer la Plateforme, dont l’objectif est de parvenir à un accord inclusif conformément aux recommandations de la communauté internationale. Est-ce une preuve d’être un obstacle à la paix ?
Après la signature de l’Accord de paix, le GATIA a activement participé aux différentes instances nationales chargées de sa mise en œuvre. Mieux, le GATIA a pris des initiatives au niveau local pour réconcilier les groupes armés, rebelles ou pas, afin de permettre le retour de la paix et de la confiance entre les différentes communautés du Nord de notre pays. C’est ainsi que se sont tenus plusieurs forums et rencontres de réconciliation notamment à Anefif, Aguelhok et Niamey (Niger) entre la Plateforme et la CMA. On se doit à la vérité de reconnaître que si ces rencontres ont suscité beaucoup d’espoirs chez les populations civiles, elles ont eu peu de résultats sur le terrain du fait de l’obstination de la CMA à refuser systématiquement la présence du GATIA dans la ville de Kidal.
On se rappellera le forum de réconciliation de Kidal où la CMA a ouvertement refusé la présence dans cette ville des représentants aussi bien du GATIA que du Gouvernement du Mali. Pourtant, je ne me rappelle pas avoir entendu un commentaire de Monsieur l’Ambassadeur des USA sur ce comportement équivoque de la CMA. Est-il acceptable de signer un accord de paix reconnaissant l’intégrité du territoire national et mener des actions dilatoires pour refuser l’accès d’une partie de ce territoire à l’autorité nationale et à une catégorie précise de citoyens ? Qui est donc un obstacle à la paix ?
Force est de constater que la signature de l’Accord de paix n’a pas mis fin aux exactions quotidiennes dont sont victimes les populations Imghad dans les zones contrôlées par la CMA, notamment à Kidal, à Aguelhok et à Tin Essako du seul fait de leur appartenance tribale. On ne compte plus le nombre de campements pillés, de boutiques cassées et dévalisées ou d’animaux enlevés. Là non plus, je n’ai pas beaucoup entendu de réprimande de la part de Monsieur l’ambassadeur.
C’est donc pour répondre à cette problématique, et face au silence des forces internationales, que le GATIA a décidé d’assurer la protection de ses communautés dans l’esprit de l’Accord de paix qui reconnaît à chaque Malien le droit de vivre libre chez lui.
Il n’y a cependant aucun doute sur un aspect de la question : le GATIA est un mouvement républicain luttant pour l’unité du Mali et la sauvegarde de son intégrité territoriale. Dans ce cadre, le GATIA et ses amis de la Plateforme mettront tout en œuvre pour préserver l’unité et l’intégrité territoriale de notre pays. Mais le GATIA n’est pas une milice utilisée et contrôlée par le Gouvernement du Mali qui lui dicterait ses comportements et ses options stratégiques.
Je comprends bien que la position courageuse adoptée par le GATIA, la puissance militaire qu’il déploie sur le terrain et son aura auprès des populations martyrisées par la CMA soulèvent des réticences et quelques peurs chez les amis de la rébellion tapis dans certaines sphères de décision ou de proposition. Mais une autorité de l’envergure de Monsieur l’ambassadeur ne devrait pas tomber dans ce genre de piège et il doit constater que depuis l’offensive du GATIA, la CMA se rétrécit comme une peau de chagrin, connaissant chaque jour des défections aussi bien des combattants que de ses appuis politiques que sont les populations.
Une autre approche pour apprécier l’adhésion du GATIA et de la Plateforme au processus de paix est de compter le nombre de tribus et fractions nomades qui se sont détachées de la CMA pour adhérer ouvertement à la Plateforme et soutenir l’unité et l’intégrité de notre pays. C’est la preuve, si besoin en est, que la CMA ne règne que par la terreur et que les populations civiles ne se reconnaissent pas dans son combat. Toute réflexion politique qui ne tient pas compte de cette vérité est obligatoirement biaisée. Dans tous les cas, dans ce beau pays millénaire qu’est le Mali, on ne trompera personne. Et moi, militant du GATIA, je ne suis pas et ne serai jamais un obstacle à la paix dans ce pays.
Sidi Mohamed
Ichrach
Source: Le Challenger