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[Tribune] Mali : doit-on parler de société sans une vision commune ?

L’absence d’un projet commun de société constitue un véritable obstacle pour la stabilité et le développement du Mali. Face à ce paradoxe dans la démocratie malienne, les acteurs de la scène politique sont interpellés.

 

Il n’existe pas de société qui soit l’œuvre d’un homme ou d’un clan, encore moins d’un agrégat d’individus. Toute société est le fruit d’une délibération publique et consensuelle. Une association de particuliers. Elle est la concrétisation d’un projet commun. Aucune société ne nait d’elle-même et toute société est à l’image de ceux qui la mettent en place.

La sécurité, l’autorité, le respect de la charte, qui réglementent la vie commune et favorisent le règne des droits et des libertés de chaque contractant, permettent à ces sociétés d’exister. Cette existence n’est pas possible sans le consentement de tous les individus qui la composent, autour des questions d’intérêt général.

Agrégat d’individus soumis

Au regard de ce qui précède, on est en mesure de dire que la situation au Mali est l’image parfaite de ce que les tenants de la théorie du contrat, en matière de la formation des sociétés, appellent « état de nature ». Le Mali est devenu un territoire sur lequel chacun est aminé par le désir de conservation de soi, des siens et de ses propriétés. Sur ce territoire, il semble permis à tous de dire et de faire ce que bon lui semble. Une société où il n’y a ni une autorité légitime reconnue de tous, ni un corps social véritable.

Depuis un bon moment, les Maliens sont laissés à eux-mêmes et n’ont pratiquement rien en commun, si ce n’est le fait qu’ils sont tous des êtres raisonnables et calculateurs. Chacun se préoccupe de son quotidien. Les points de vue changent en fonction de la direction du profit et du pouvoir.

Cet état de fait est la résultante des pratiques mises en œuvre par les politiques qui ont successivement participé, quel que soit leur niveau de compétence, à la prise des décisions sur la gestion des affaires publiques. Ceux-ci n’ont rien fait de concret pour consolider le peuple qui avait cru au projet Mali. Ces hommes ont simplement enchevêtré les peuples, qui ont été fédérés pour que le Mali soit, sans faire d’eux une somme de force. Ils les ont faits adhérer à des projets sociaux différents, au fil du temps, sans prendre en compte leurs aspirations et attentes.

Des visions unilatérales

L’idée de fédérer le peuple sous l’égide d’un seul homme, travaillant avec tous et pour tous, qui avait été présentée pour séduire les uns et les autres, a été mise de côté par tous les dirigeants. Tel fut le péché, à l’origine de toutes les frustrations que le peuple malien a connues jusqu’ici.

Si l’on ne prend pas garde, le Mali vivra un scénario similaire. Nombreux sont les acteurs politiques à se méprendre éperdument sur le problème du mal-être malien. Mais une fois qu’ils parviennent à imposer leurs chronogrammes et leurs visions, au cours de cette période d’exception, ils risqueront de conduire le pays dans une impasse, à court terme.

L’organisation des élections, qui préoccupent la plupart des animateurs de cette scène politique, est comparable aux traitements palliatifs que le médecin applique à un malade en stade terminal.

De l’indépendance à nos jours, les Maliens n’ont eu que des maitres et non des chefs. Des gens qui ont dirigé sans prendre en compte l’avis du grand nombre. Pire, ils n’ont rien mis en œuvre de substantiel pour matérialiser un projet de société prenant en compte l’intérêt général.

La durée fixée pour la transition actuelle, les priorités définies, sont des illustrations. Ce qui empêche ce peuple de vivre en symbiose, après plus de soixante ans d’indépendance, comme une communauté ayant un destin commun, résulte du fait qu’un nombre important de ce peuple a été tout le temps considéré comme des sujets. On ne dirige pas une nation selon des caprices et des visions unilatérales.

Mikailou CISSE

Source : Sahel Tribune

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