La pauvreté pousse les jeunes filles rurales vers les centres urbains, particulièrement Bamako, à la quête d’un travail. Sans qualification, elles sont généralement employés comme aide-ménagères, diversement appelées ‘’bonne’’ ou ‘’servante’’, dans les ménages. La plupart d’entre elles retournent au village à l’approche de l’hivernage pour aider leurs parents dans les travaux champêtres, pour certaines. Mais pour d’autres, c’est pour se marier. Ce départ massif des aide-ménagères à Bamako entraine une pénurie dont beaucoup de femmes souffrent dans les grandes villes comme Bamako.
Pendant la saison sèche plusieurs jeunes filles de la campagne viennent dans les grandes villes à la recherche d’emploi. Ces jeunes filles sont généralement utilisées pour les travaux domestiques dans les foyers. Elles effectuent plusieurs tâches telles que la cuisine, la lessive, le nettoyage… Elles sont chargées de prendre de l’eau au robinet du quartier, quand ce n’est pas le centre ville, ou au puits, de piler le mil, de garder les enfants de sa patronne. Leur salaire varie entre 5.000 à 12 500 FCFA.
Ces jeunes filles viennent travailler à Bamako pour satisfaire certains besoins, tels que les trousseaux de mariage et d’autres besoins de leurs foyers, ou pour aider leurs parents au village.
A l’approche de l’hivernage, la plupart de ces braves jeunes filles rentrent au village pour les travaux champêtres, d’autres pour se marier. L’hebdomadaire Les Secrets Bancaires a rencontré Sitan COULIBALY, une servante, ressortissante de Bla, dans la région de Ségou. A Bamako depuis 2015, elle s’est mariée à un aventurier, aujourd’hui parti en Côte d’Ivoire.
« Je suis payé à 12.500 FCFA par mois. Pendant quatre ans de service, j’ai travaillé dans de bonnes conditions. Je n’ai jamais eu de problème dans la famille ». La semaine prochaine Sitan COULIBALY dois rejoindre son mari à Koutiala, de retour de la Côte d’Ivoire, se réjouit-elle. Altinè GUINDO est originaire de Dianweli dans le cercle de Douentza ; elle s’apprête à retourner au village natal, après 9 mois passés à Bamako. Il y a neuf mois, sa patronne l’avait accueilli à bras ouvert. « Elle m’a traitée comme sa propre fille. Quand je fais des erreurs, elle me corrige, me gronde souvent. Elle survient à tous mes besoins : l’habillement, la nourriture, les chaussures et les médicaments en cas de maladie », commente –t-elle. Payée au début, à 7 500 FCFA, Altinè a eu son salaire augmenté pour atteindre 10 000 FCFA. Elle le met au compte de son dévouement et la reconnaissance de sa patronne. « Chaque année, je reviens pendant la saison sèche et je rentre à l’hivernage pour aider mes parents aux travaux champêtres », précise Altinè. « L’agriculture occupe une place primordiale dans les campagnes, car notre autosuffisance alimentaire en dépend », dit elle, plongée dans ses idées.
Fatoumata SANOU, ressortissante de San, se prépare aussi pour rentrer, et c’est pour aller se marier, précise-telle.
Madame ONGOÏBA Assetou, lycéenne et femme mariée à Banancoro, employeuse d’aide ménagère explique comment la situation peut être vraiment difficile pour elle, sans aide-ménagère, car elle doit s’occuper de son foyer et en même temps partir à l’école. « Quand je pars à l’école, elle s’occupe de ma fille ainsi que de la maison et le soir, quand l’enfant ne dort pas, elle s’en occupe pour que je puisse apprendre mes leçons. Sans elle parfois je chômerais les cours, pour m’occuper des travaux ménagers. Ce n’est pas du tout facile pour moi d’étudier et de m’occuper du foyer sans aide ménagère. Les aides ménagères occupent vraiment une place très importante dans nos foyer », selon cette élève mère, la lycéenne Assetou. Abondant dans le même sens, Madame ISSABRE Mariam travaille dans un bureau ; elle est femme au foyer et mère de six enfants. Dans sa famille elle embauche deux aides ménagères, l’une s’occupant de la cuisine, quand elle part au service, et l’autre, de ses enfants, ainsi que des petits travaux de maison.
Ainsi ce retour massif chez elles, des aide-ménagères a des conséquences sur la vie dans les foyers et ménages de Bamako, dont le plus visible est la rareté et donc la cherté du salaire de celles qui ont décidé de ne pas rentrer. La patronne est amenée à faire une augmentation, au risque de la voir partir travailler ailleurs, en changeant de patronne. « A chaque hivernage, il ya toujours la crise, le manque de servantes, alors qu’elles occupent une place indispensable dans nos foyers. Toutes mes deux servantes jouent pleinement leur rôle à mon absence, elles s’occupent de ma cuisine, de mes enfants ainsi que de la maison. Il serait difficile pour moi de m’en sortir sans aide ménagère » a affirmé Madame ISSABRE Mariam.
Source: Les Secrets bancaires