A cause d’importants travaux d’infrastructures routières lancés à Sikasso depuis fin 2017, se promener ou circuler dans la capitale du Kénédougou est un véritable calvaire, surtout aux heures de pointe de la journée. C’est le plus souvent une épaisse couche de poussière qui enveloppe la ville les matins et les soirs.
«C’est un véritable calvaire. Nos épouses ne peuvent même plus préparer ou étaler des habits lavés dans la cour à cause de la poussière. Même causer dans la cour est devenu un calvaire à plus forte raison prendre le thé à la porte. La voie est arrosée, mais pas suffisamment pour contenir la poussière», témoigne un jeune homme rencontré dans une famille située au bord de la route en chantier.
«Les après-midis, je vendais à la porte des tubercules frites (pomme de terre, igname patate douce) et cela représentait une source importante de revenus pour moi. Mais, j’ai dû y renoncer depuis le début des travaux à cause de la poussière. Et je ne suis pas la seule car des vendeuses de galettes et des vendeurs de café ont arrêté leur commerce ou ont cherché un autre endroit… Mêmes des boutiques ont fermé», déplore Adiaratou Ouattara, une mère de famille. «A ce rythme, avant la fin des travaux les maladies, surtout respiratoires, vont tuer beaucoup d’entre-nous», ironise avec un humour typiquement sikassois le chauffeur de taxi avec qui nous avons fait le tour de la ville. C’est vous dire que les Sikassois sont pressés que ces travaux, qui ont déformé le visage de la ville (des repères comme les stations au niveau des carrefours du Palais de la Justice et du croisement des routes de Bobo Dioulasso/Zégoua frontière ivoirienne, les caïlcédrats cinquantenaires voire centenaires… ont disparu), prennent fin pour donner à la Cité la splendeur attendue, et surtout pour que la population puisse respirer.
Ce qui n’est malheureusement pas pour demain car les délais sont cesse repoussés. Sans compter que les travaux de l’échangeur n’ont pas véritablement débuté. Même si le site est identifié et un délai donné aux riverains concernés par lesdits travaux de déguerpir. Il faut rappeler que c’est le mercredi 22 novembre 2017 que le président Ibrahim Boubacar Kéita a procédé au lancement des travaux (pour un délai initial de 20 mois) d’aménagement en 2×2 voies de la traversée de la ville de Sikasso sur la RN7. D’un coût de 21, 151 milliards de F CFA, ce projet financé par la BOAD doit contribuer à l’amélioration de la mobilité urbaine dans la ville Sikasso en vue de redynamiser les échanges économiques au niveau national et régional. La fluidité de la mobilité des populations et des marchandises sera assurée pour environ 188 000 personnes supplémentaires qui emprunteront annuellement les voies aménagées et 1,5 million de tonnes de marchandises supplémentaires qui transiteront annuellement par les infrastructures routières construites ou réhabilitées. L’ouvrage contribuera à la création d’environ 20 milliards de francs CFA de valeur ajoutée indirecte ou induite avec une production de recettes fiscales indirectes ou induites pour l’État à hauteur de 1 milliard de FCFA/an.
Une promesse de campagne en voie d’être tenue
Alors que ce chantier avait déjà de la peine à avancer, IBK a lancé le 4 avril 2019 les travaux de plusieurs kilomètres d’infrastructures de voirie avec un échangeur moderne tenant ainsi une promesse de campagne faite aux Sikassois. Ces infrastructures permettront d’éviter les croisements des différents flux de trafic et limiter les embouteillages dans la ville tout en lui donnant une fière allure. L’échangeur de type trompette concerne les trois branches principales du croisement. Le tronçon est dénivelé par un pont dalle en béton armé. Différentes voies d’accès d’environ 1 220 mètre seront également aménagés. Et des bretelles unidirectionnelles à une voie seront aménagées au sol pour permettre tous les mouvements. Prévu au Carrefour du Boulevard de l’OUA, le viaduc vise à préserver la tranquillité de la ville en permettant aux gros porteurs de relier Bamako sans passer par les artères principales. Ce qui va réduire considérablement les risques d’accident au niveau de cet important carrefour situé en plein centre de la ville de Sikasso. La longueur total du viaduc est de 450 m. Il se termine aux deux extrémités par des murs de rampe. Six voies latérales d’un linéaire total de 1 345 m seront aussi créées. Il est aussi prévu 10 Km de voies urbaines dans la ville de Sikasso pour toujours améliorer la mobilité urbaine et le cadre de vie des populations. Ces rues aménagées seront directement liées à la route nationale RN7. Le coût global du projet hors toutes taxes est de 27 milliards (assurés par BOAD et le Budget national). Ils seront exécutés par l’entreprise générale Mamadou Konaté pour une durée contractuelle de 27 mois.
Certes ces travaux, au finish, vont totalement changer le visage de la capitale du Kénédougou. Mais, s’ils ne sont pas exécutés dans un délai raisonnable, ils vont causer beaucoup de tort aux populations, surtout riveraines. «Nous devons mettre fin au népotisme, au clientélisme et au retard dans l’exécution des travaux. Nous devons rechercher constamment la performance et l’action sur le terrain», a martelé le ministre des Infrastructures et de l’Equipement, Mme Traoré Seynabou Diop, lors de la «Réunion annuelle des services des routes 2019» que Sikasso a abrité du 21 au 23 novembre 2019. Est-ce un regain de conscience ou un simple effet d’annonce ? Pour les Sikassois, pour le moment, cette déclaration semble être des paroles en l’air noyées dans la brume de poussière qui couvre leur ville presque 24h/24h !
Moussa Bolly
De retour de Sikasso
Source: lecombat