Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye DIOP, a confirmé le retrait du Mali du G5 Sahel, ce lundi 27 juin, lors de sa rencontre avec les diplomates accrédités dans notre pays, en plus de les faire le point sur l’évolution de la Transition dont les avancées plaident en faveur d’une levée de l’embargo de la CEDEAO.
C’était un ballet diplomatique hier à Koulouba. Des ambassadeurs, des chargés d’affaires des ambassades ainsi que des consuls au Mali étaient les convives du chef de la diplomatie malienne pour évoquer les avancées par rapport au processus de la Transition et les négociations pour le renouvellement du mandat de la MINUSMA.
Après plus d’une heure d’échanges à huis clos, le ministre Abdoulaye DIOP a indiqué à la presse que c’était une rencontre régulière d’information sur l’actualité au cours de laquelle, selon lui, ils ont abordé des préoccupations importantes du Mali.
Ainsi, en faisant le point sur l’évolution de la Transition, le chef de la diplomatie malienne a signalé à ses hôtes les avancées majeures réalisées par les nouvelles autorités. Au nombre desquelles, il a cité pèle mêle, la fixation de la durée de la transition à 24 mois, la mise en place d’une commission chargée de l’écriture de la nouvelle constitutionnelle, l’adoption par le CNT et la promulgation par le président de la Transition de la loi électorale qui comporte l’innovation de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE).
Outre ces points au compte de la Transition, a ajouté le ministre Abdoulaye DIOP, les discussions sont en cours avec la CEDEAO sur la mise en place d’un mécanisme de suivi et d’évaluation du chronogramme qui sera rendu public bientôt après consultation avec les forces vives du pays. À cet effet, une rencontre est prévue aujourd’hui entre responsables et acteurs maliens pour discuter de ce chronogramme tant attendu, parce que considéré par certains partenaires comme une garantie.
« Nous voudrions partager l’ensemble de ces avancées avec le corps diplomatique en espérant que ces actes forts qui ont été posés par le Mali et qui vont dans le sens de la concrétisation de notre engagement à un retour à l’ordre constitutionnel », a-t-il déclaré.
Puis, il a souhaité que ces avancées pèsent dans la balance en faveur de son pays lors du prochain sommet de la CEDEAO prévu au 3 juillet prochain à Accra à l’issue duquel, espère-t-il, la levée des sanctions pour le début d’une dynamique plus positive et vertueuse.
Concernant les discussions sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA, 2e point de l’ordre du jour, le ministre DIOP a souligné avoir rappelé à ses interlocuteurs les réserves du Mali sur le projet de résolution des Nations unies, dont l’interdiction de la Force Barkhane, à l’espace aérien du pays qui est une ligne rouge.
« D’après les échanges qui sont en cours, nous avons compris que cette disposition a été enlevée du projet de résolution. Nous pensons que ceci va dans le bon sens parce que cette disposition violerait la souveraineté de l’État malien », s’est-il réjoui.
Quant à la question des droits de l’homme par rapport à la résolution, M. DIOP a regretté que celle-ci mette un accent trop prononcé sur ce chapitre avec un mécanisme assez lourd et de multitude de rapports.
« Nous avons souhaité que la question des droits de l’homme soit dépolitisée et ne puisse pas être instrumentalisée pour servir d’autres agendas bien que le Mali reste un pays toujours engagé pour le respect des droits de l’homme », a rappelé le ministre DIOP tout en soulignant que la question de la référence au G5-Sahel n’a plus d’effet sur le Mali dont le retrait est effectif de cette organisation sous régionale mise en place contre le terroriste au Sahel.
L’ambassadeur palestinien, Hadi SHEBLI, en sa qualité du doyen des diplomates, a salué l’idée de cette initiative qui a été une occasion importante, pour eux, d’apprécier les initiatives sur les deux points majeurs de la rencontre. Aussi, elle a été une opportunité pour les ambassadeurs d’exprimer leurs condoléances au peuple malien qui a été endeuillé par l’attaque de Bankass faisant 132 morts, tous des civils.
Également, à la suite du ministre DIOP, M. SHEBLI a félicité l’adoption de la loi électorale qui est très importante pour le Mali et la région toute entière, tout en se réjouissant de la bonne avancée des discussions entre le Mali et la CEDEAO pour la levée de l’embargo.
« Tout le monde (NDRL les diplomates) espère sur la levée immédiate des sanctions imposées à la population malienne qui a assez souffert et qui ne cherche actuellement que la levée immédiate des sanctions et non progressives », a-t-il indiqué pour qui la levée progressive des sanctions ne fera que prolonger la souffrance de la population.
Toutefois, il garde espoir que lors du sommet du 3 juillet, il y aura une annonce officielle de la levée des sanctions au grand bonheur de tout le monde et prouvera que les résultats du compromis entre le Mali et la CEDEAO ont été payants.
Par ailleurs, partageant les préoccupations du chef de la diplomatie malienne sur la question des droits de l’homme, M. SHEBLI se dit aussi convaincu que certes le droit de l’homme est important, mais assurer la sécurité de la population l’est également. À cet effet, indique-t-il, la notion des droits de l’homme doit être respectée dans tous ses volets. Parce qu’autant il est nécessaire d’évoquer la violation des droits des citoyens autant il est important d’assurer le droit de vivre aux citoyens maliens.
« Sans assurer un droit de vivre, sans assurer la sécurité, on ne fera que favoriser les forces extrémistes qui consistent une menace pour le Mali, mais aussi pour toute la région », a déclaré le diplomate palestinien.
Pour sa part, le chef de la délégation de l’Union européenne, Bart OUVRY, a aussi salué les efforts consentis par les autorités de la transition, à travers la loi électorale dont l’adoption a requis beaucoup de consensus suite à de nombreuses consultations.
Cette loi, indique-t-il, rapproche le pays d’un chronogramme attendu pour bientôt. « C’est un pas très important qui nous rapproche d’un consensus plus large non seulement avec la CEDEAO et finalement avec toute communauté internationale », a déclaré M. OUVRY.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin