La seconde vague de la pandémie de la Covid-19, depuis la mi-novembre, frappe mortellement notre pays. Pour les plus hautes autorités, les prévisions du ciel ne sont guère optimistes : « le nombre de cas attendu pour le mois de décembre est de 1829 dont 274 cas graves et 91 cas critiques », pour ne pas dire près de 100 morts.
Pour parer au cataclysme sanitaire qui reste de l’ordre du possible, sans faire l’oiseau de mauvais augure, le gouvernement dans l’impuissance de ses moyens, rétropédale, et revient à l’ensemble des mesures que l’ancien régime avaient initiées lors de la première vague. Pour donner l’impression d’être dans un momentum qu’échappe visiblement, le gouvernement se réuni précipitamment pour dit-il ajuster son plan de riposte qui ne consiste qu’en un piteux copier-coller aujourd’hui largement dépassé.
Dans cette responsabilité équivoque de prévisibilité, le gouvernement, à travers ces mesurettes très en deçà de contexte pandémique, franchit le cap de l’expectative pour se mouvoir dans les équivoques avant de se noyer totalement dans le «moussalaha » indapté au défi sanitaire. Aussi se comprennent facilement le fait que le gouvernement de Transition sensé ne pas avoir d’état d’âme décide de fermer les rues marchandes et laisse ouverts les marchés ; décréter l’état d’urgence à la place de l’instauration du couvre-feu indispensable s’il veut stopper et rompre la chaine de transmission en cette fin d’année ; ou encore de manière pittoresque décider de cravater et de caporaliser la démocratie en s’assurant et en assurant « le contrôle de la presse et des publications de toute nature, des réseaux sociaux, ainsi que celui des émissions radiophoniques ou télévisées »…
Après le mépris souverain affiché envers l’envers de la classe politique au profit de troubadours de bas étages et de mercenaires politiques au patriotisme douteux érigés au rang d’experts, la caporalisation de l’organe de la Transition à travers le fait de prince, la tentative d’intimidation et d’instrumentalisation des syndicats à des fins inavoués, la dernière malice prince du jour est assimilable à une sonde. Sous le prétexte d’insécurité et de pandémie, le gouvernement transition militarisée décrète la prise de contrôle du dernier des pouvoirs démocratiques qui échappe à son contrôle : la presse libre.
Les hommes et les femmes de la presse maliennes, unis comme un seul homme, forts des traditions de lutte héroïque de notre peuple, engagés à rester fidèle aux idéaux de toutes victimes de la répression et de tous martyrs tombés sur le champ d’honneur pour l’avènement d’un État de droit, la consolidation et la préservation de démocratie pluraliste, disent non. La confiscation des libertés constitutionnelles ne passera pas.
Par Bertin DAKOUO
Source : INFO-MATIN