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Transition au Mali : Assimi Goita peut-il faire comme ATT ?

Le 26 mars 1992, le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré dit « ATT » est choisi par ses pairs officiers supérieurs pour diriger la junte militaire qui a renversé le général Moussa Traoré. Il prend la tête du Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP) et assure les fonctions de chef de l’État pendant une transition démocratique qui dure neuf mois. Pas plus. Il organise la conférence nationale puis des élections législatives et présidentielles à l’issue desquelles, il remet le pouvoir aux civils. Le colonel Assimi Goita peut-il faire pareil ?

 

« ATT » est entré dans le cœur des Maliens parce qu’il a su respecter la parole donnée, celle de remettre le pouvoir aux civils aux termes de la transition et de retourner dans les casernes. Il aurait pu confisquer ce pouvoir mais il ne l’a pas fait. Pour lui, un soldat, c’est la parole ; et cette parole on ne la dénie pas.

Le jeune colonel Assimi Goita a, lui, aussi conquis, pour le moment, le cœur des Maliens par sa simplicité, son calme, son humilité. Lui et son groupe qui constituent le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) ont pris la tête du pays à des moments difficiles pour les Maliens. Assaillis par la pauvreté quotidienne ; l’insécurité et la corruption galopante, les Maliens ont fini par accepter le coup d’Etat perpétré contre le régime IBK en 2020 en espérant des lendemains meilleurs.

Vice-président de la Transition puis président de la Transition, le colonel Assimi Goita doit encore convaincre les Maliens. Entouré de politiciens rompus à la tâche, l’homme doit cependant imprimer sa propre marque et ne pas se laisser entrainer dans l’impasse. Car, il faut le dire, tous ceux qui l’entourent, n’oeuvrent pas forcément pour son bien. Certains ont un agenda personnel bien caché qui ne s’encombre pas de valeurs républicaines. Tout ce qui compte pour ces individus tapis dans l’ombre et qui tissent leur toile d’araignée, c’est de profiter et de continuer toujours de profiter des circonstances.

Si Assimi Goita veut entrer dans l’histoire comme ATT, il doit poser des actes forts. Et l’un de ces actes, c’est le respect de la parole donnée. Devant le peuple malien et la communauté internationale, le colonel Assimi Goita a dit qu’il respecterait le délai imparti pour la transition, c’est-à-dire, 18 mois. ATT avait donné 9 mois. Il ne dépassera pas les 9 mois.

Savoir partir et revenir

En respectant le délai imparti pour la transition, ATT a remis le pouvoir aux civils comme promis en organisant les élections comme prévu. Il ordonna le retour des militaires dans les casernes et ne s’est plus mêlé (officiellement) d’affaire politique. Il prendra sa retraite anticipée de sa vie de soldat et se consacrera à des œuvres caritatives qui ont su conquérir davantage le cœur des Maliens au-dedans comme au dehors.

En 2002 alors que le président Alpha Oumar Konaré est à bout de ses deux mandats constitutionnels, feu le général ATT décide de répondre à un appel patriotique. Une grande partie des populations maliennes, de la capitale, des régions, des villages et hameaux, appelle à son retour à la tête du pays. Le « soldat de la démocratie » décide de répondre favorablement à cet appel mais se soumet aux exigences démocratiques qu’il a lui-même contribué à instaurer. Le retour de ATT passe par les urnes.

Le colonel Assimi Goita peut-il suivre cette voie de son « ainé » ? Peut-il organiser les élections dans les délais impartis et remettre le pouvoir aux civils quitte à y retourner un jour par la voie des urnes ? Des hommes politiques vont tenter de le dissuader. Mais, il lui appartient de faire le choix convenable pour lui et pour la nation. Ce qui est certain, une prolongation de la période de la transition ne semble pas accepter par l’ensemble de la classe politique et même la société civile y compris la communauté internationale qui vient de le signifier à travers l’envoyé spécial de la CEDEAO, Mr Goodluck EBELE JONATHAN, ancien Président de la République du Nigéria.

Si Assimi décide de prolonger, il trahirait non seulement la parole donnée mais il trahirait également la confiance de tous ceux qui lui faisaient confiance en se disant un militaire, ce n’est pas un politicien ; il respecte sa parole. Entre trahir son serment et respecter son serment, le colonel Assimi Goita a désormais le choix.

El hadj Tiémoko Traoré

Source : Le Pouce

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