L’ancien Premier ministre, Moussa MARA, président du parti YELEMA, était, hier dimanche, l’invité de nos confrères de RFI avec lesquels il a été surtout question du Rapport de la Commission parlementaire qui le met en cause dans les événements tragiques de Kidal en mai 2014. Sans détour, l’ancien PM parle de ses rapports avec le Président IBK et des leaders religieux ainsi que sa candidature la mairie du District de Bamako.
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RFI : Admettez-vous votre responsabilité dans la mort de plusieurs membres de l’administration et de militaires au cours de cette visite de l’offensive ratée qui a suivi ?
MM : Absolument pas. J’ai toujours dit qu’en tant que Premier du Mali, se rendant au Mali (à Kidal) pour m’enquérir de la situation de l’administration, je pense que j’étais tout à fait dans mon rôle. Ceux qui ont engagé les hostilités, je pense, sont les premiers responsables de cette situation.
Aujourd’hui, j’aborde cette question de manière sereine. J’ai toujours dit que je suis un citoyen justiciable ; si jamais je suis convoqué, je répondrai à la justice comme tout citoyen respectueux des règles dans notre pays. Je suis tout à fait serein.
Concernant ce qui s’est passé, vous n’admettez pas une forme d’impréparation ou de mauvaise appréciation ou en tout cas de votre part peut être un entêtement ?
Pas du tout, je ne suis pas un entêté et ceux me connaissent savent que je sais juger les situations par rapport aux informations qui me sont fournies. Aujourd’hui, cette question est une question qui est beaucoup plus, à mon avis, politique. Mais il faut laisser l’Assemblée nationale faire son travail normalement et on verra ; comme je l’ai dit, je suis tout à fait serein par rapport à la question.
Cette décision, elle a été prise avec le feu vert d’Ibrahim Boubacar KEITA, le Président ?
À mon retour de Kidal, le Président de la République a fait un discours à la Nation où il disait clairement que le Premier ministre s’est rendu à Kidal sur ses instructions. Il est inimaginable de penser que le Premier ministre puisse poser un acte, surtout un acte de cette importante sans que le chef de l’État ne donne son quitus et son accord. Beaucoup pensent qu’en disant cela que j’enfonce le préside. On n’est pas du tout là. Il s’agit simplement de dire les choses telles qu’elles sont de la manière la plus normale. Moi aujourd’hui, je fais partie de ceux qui estiment que le chef de l’État doit réussir sa mission.
Donc, IBK est en partie responsable de ce qui s’est passé ?
D’abord ce qui s’est passé n’est pas une catastrophe en soi, même si la conséquence a été une conséquence dommageable du fait essentiellement des groupes armés. Je pense que la responsabilité… Mais cette visite est une visite normale.
La Commission d’enquête parlementaire visiblement ne met pas en cause Ibrahim Boubacar KEITA, alors que vous venez de dire qu’il avait donné son feu vert. Est-ce que vous ne regrettez pas là les conclusions de la Commission ?
La conclusion de la Commission est la conclusion de la Commission. Je ne la commente pas. Elle est censée être aujourd’hui confidentielle. Attendons la plénière de l’Assemblée ; ce que l’Assemblée dira ensuite éventuellement les suites judiciaires ou les suites politiques et d’autres suites !
Un an après la signature de l’Accord d’Alger, son application piétine. Que faut-il faire d’après vous ?
Aujourd’hui, je pense que sur cette question, il y a effectivement beaucoup de retard. Les autorités maliennes ne doivent en aucun cas se mettre au même niveau que les groupes armés. Ce sont elles qui sont légitimes aujourd’hui ; ce sont elles qui dirigent le pays. Ce sont elles qui doivent entrainer l’ensemble des acteurs dans leur sillage et que la communauté internationale accompagne. Je pense que là, il y a beaucoup d’efforts à faire au niveau du gouvernement et des autorités maliennes.
Moussa MARA, nous sommes en 2016, en 2 ans c’est la présidentielle, c’est votre objectif ?
2018, c’est dans 2 ans. C’est loin et beaucoup d’eau coulera d’ici à 2018. Ma préoccupation principale aujourd’hui, pour ma personne, c’est de m’inscrire dans le processus des élections locales ; que le parti puisse avoir des bonnes positions et moi-même personnellement, je suis candidat pour être maire du District de Bamako.
La maire de Bamako, c’est peut-être un tremplin pour la présidentielle ?
C’est ce que beaucoup considèrent et c’est ce qui explique sans doute qu’il y a beaucoup d’inimitiés par rapport à cette candidature pour le District ; mais de grâce, qu’on ne mène pas les combats d’après-demain aujourd’hui. Demain et après-demain, seul Dieu sait ce qui se fera.
Quels sont vos rapports avec les religieux musulmans maliens ? Beaucoup disent que vous tentez de les amadouer justement pour les perspectives de 2018 ?
Vous savez ce bon rapport, cette participation aux activités des religieux que je considère comme étant un devoir de musulman est traduite tout de suite par les hommes politiques, comme une volonté de se mettre dans la poche des leaders religieux, alors que le soir, à l’abri des regards, beaucoup de leaders politiques arpentent les maisons des leaders religieux.
Quels sont aujourd’hui vos rapports avec Ibrahim Boubacar KEITA, le Président du Mali ?
Ce sont les rapports d’un citoyen avec un chef de l’État ; un citoyen qui le soutient ; un leader politique qui le soutient. Il est en train de faire un bon travail. Aujourd’hui, il est clair qu’il y a beaucoup de difficultés ; il y a des insuffisances, il ne faut pas se voiler la face, je viens de donner un certain nombre d’indications par rapport à la crise du nord où il y a des insuffisances au niveau des attitudes des autorités maliennes. Donc, on va dire, peut toujours mieux faire ; doit toujours mieux faire et nous allons le soutenir pour qu’il y arrive.
Source RFI