Amado Philip de Andrés est le directeur régional de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), dont le bureau est basé à Dakar, Sénégal. Récemment, il a accordé une interview à nos confrères de la Radio France Internationale (RFI) où il a révélé l’état des lieux du trafic de Drogue en Afrique de l’Ouest. Ainsi, il a fait savoir qu’en 2021, 57 tonnes de cannabis ont été saisies au Sahel dont une macro saisie de 17 tonnes au Niger. Toute chose qui montre le trafic florissant de la drogue en Afrique Subsaharienne.
« L’Afrique de l’Ouest est devenue une plaque tournante du trafic de résine de cannabis. En 2021, 57 tonnes de cannabis ont été saisies dont une macro saisie de 17 tonnes au Niger » a révélé le Directeur Régional de l’ONUDC au cours de cet entretien. D’après lui, les enquêtes et rapports de l’ONUDC , l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT/EMCCDA), l’Organisation de Coopération et de développement économique (OCDE) à Paris et le Groupe d’experts sur le Mali de la résolution 2541 de 2020 du Conseil de Sécurité ont confirmé que la route du cannabis traverse le Sahel et ont identifié des individus faisant partie des groupes armés connectés avec les trafiquants de haschisch dans la sous-région.
Pas que du cannabis seulement, entre 2019 et 2021, fera-t-il savoir, 47,5 tonnes de cocaïne ont été saisies en Afrique de l’Ouest ou en route vers l’Afrique de l’Ouest. Notamment au Cap-Vert, au Sénégal, au Bénin, en Gambie, en Guinée-Bissau et en Côte d’Ivoire. De surcroit, des laboratoires de crack ont été démantelés au Sénégal, au Niger et au Mali. « Le trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest a représenté 0,9% du trafic global entre 2018 et 2020 » ajoute-t-il.
Concernant les liens existants entre les terroristes et les narcotrafiquants dans la région du Sahel, le DR Andrés a déclaré qu’en 2008, lorsqu’Al-Qaïda au Maghreb Islamique a commencé à se positionner à Gao (Mali) et dans des endroits très spécifiques du Sahel et du Sahara, à la faveur du développement du terrorisme, ils se sont mis à fonctionner comme un groupe criminel transnational organisé en se mêlant aux communautés locales. A cet effet, il informe qu’en 2008, ils avaient même pu observer des narcotrafiquants colombiens qui étaient à Gao et qui négociaient des droits de passage avec les Touaregs et avec Al-Qaïda. « Maintenant, c’est plus difficile de voir ça, car les cellules de trafiquants font partie de la communauté : ils sont beaucoup plus nombreux et ils se morfondent dans la population. Chez Al-Qaïda ou Boko Haram, ils font parfois partie de la population alors que chez Daech, le modus operandi est complètement différent, ils s’imposent comme un groupe terroriste extérieur et leur relation avec la communauté est complétement différente »a-t-il spécifié.
L’impact de ce fléau sur la jeunesse
Selon lui, pour affronter ce fléau, il y a la réponse militaire, mais il faut également commencer à se demander comment couper les racines de cette connexion avec les jeunes ? Parce qu’en Afrique, dans cette région, 72% de la population à moins de 23 ans, en plus du problème de développement. « Le problème, c’est qu’avec la frustration, les jeunes rêvent tous de gagner de l’argent et beaucoup d’argent » a martelé M. Andrés en ajoutant que ces jeunes deviennent transporteurs. De ce fait ils commencent à voyager et à gagner de l’argent. Ainsi, au début ils gagnent 1% sur la marchandise convoyée et rentrent aussi en contact avec les terroristes et par la suite, développent avec eux et leur communauté des réseaux.
Pour la lutte contre ce trafic de drogue, le DR de l’ONUDC a assuré qu’avec la Mauritanie, le Sénégal, tous les pays de la Côte, mais aussi avec le Burkina Faso et les pays du Sahel, son organisation (l’ONUDC) travaille sur la façon dont elle peut soutenir les pays de la région à renforcer les capacités d’investigation et de coordination interétatique, de même que les capacités de poursuite des délits, entre autres. Au bout du tunnel, il invite à renforcer toute la chaine judiciaire.
Par Mariam Sissoko
Source : Le Sursaut