Le tout nouveau directeur général d’EDM –SA, Sambou Wagué, entend faire parler de lui, en tentant de recouvrer les impayés de la société, évalués à plusieurs milliards de F CFA. Ce gestionnaire, réputé rigoureux, n’épargne même pas les lieux de culte. En effet, le jeudi 29 mars, sous son impulsion, le service en charge du recouvrement a instruit à la direction régionale d’EDM-SA à Tombouctou de couper l’électricité aux trois grandes mosquées de la ville, classées patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit de la Mosquée de Djingareïber (bâtie en 1325, sous le Sultan Kankou Moussa), de Sankoré (entre 1325 – 1423) et de Sidi Yéhiya (1400). Elles font la fierté de Tombouctou, et bien sûr du Mali.
En effet, ces maisons de Dieu ont toujours été à la charge de la municipalité de la ville des 333 saints, particulièrement la prise en charge de l’électricité. Avec l’agrandissement de la ville et la construction de nouvelles mosquées, la mairie continuait à s’acquitter des factures de tous les lieux de culte. Depuis 2009, elle a cessé de payer les factures d’électricité. La crise sécuritaire de 2012 ayant aggravé sa situation financière. Résultat : au compte des trois mosquées, la mairie totalise des impayés estimés à 10 millions de nos francs FCFA.
Il y a 6 mois, la direction régionale de Tombouctou avait reçu des instructions pour couper l’électricité aux mosquées classées patrimoine mondial de l’UNESCO, en raison de ces arriérés.
Rapidement, l’Association des ressortissants de Tombouctou, dirigée par Cheick Moulaye Haidara, est montée au créneau pour trouver la solution idoine. C’est ainsi qu’elle s’est transportée dans les locaux du ministère de la culture où elle a été chaleureusement accueillie par la locatrice, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo. Sans tarder, une séance de travail a été improvisée. Les visiteurs du jour n’avaient qu’une seule doléance : demander à la ministre de faire prendre en charge par l’Etat les frais d’électricité des trois mosquées, classées patrimoine mondial de l’UNESCO.
Avec tout le respect et la considération aux notabilités de Tombouctou, soutenus par son sourire et son éloquence habituels qu’on lui connait, la ministre a fait savoir à ses interlocuteurs que le Mali compte des dizaines de sites, lieux cultuels et culturels, classés patrimoine mondial de l’UNESCO et qu’aujourd’hui le pays ne peut pas s’engager à prendre en charge de telles dépenses. Ensuite, elle avait demandé, nous-a-t-on dit, combien coûte mensuellement la facture d’électricité de ces trois mosquées ? Cent mille francs (100 000F CFA) seulement, s’il vous plait ! La répartition est la suivante : 40 mille francs pour la mosquée de Djingareïber, 30 mille francs pour celle de Sankoré et le même montant pour Sidi Yéhiya.
De bonnes sources, en provenance de Tombouctou, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo s’est engagée personnellement, sur place, à assurer durant 10 ans le paiement des factures des trois grandes mosquées de la Cité des 333 saints. Après les applaudissements de l’assistance et les « Dwua » de protection de la généreuse donatrice, la séance fut close par des bénédictions pour le pays et l’ensemble des maliens.
Les mêmes sources indiquent qu’une semaine après cette promesse, la ministre de la culture a envoyé un chèque de 1million 200 mille francs F CFA pour 12 mois. Que Dieu la donne longue vie et beaucoup d’argent afin qu’elle puisse continuer à honorer ses engagements vis-à-vis des mosquées, notre patrimoine commun.
La menace de la semaine dernière de couper l’électricité à ces trois mosquées concerne le paiement des impayés (environ 10 millions) que la mairie doit à EDM-SA, laquelle n’est pas prête à laisser ce montant au compte des pertes et profits.
Moralité : l’incapacité de la municipalité de Tombouctou à préserver les sites touristiques et les lieux de culte interpelle tous les tombouctois et sa diaspora.
Ensuite, les mosquées ont l’obligation de s’organiser, à l’image des autres, avec un comité de gestion, qui rend compte, et au besoin s’adressera à des personnes ressources pour lui venir en aide. La mosquée, c’est bien la maison de Dieu, elle doit être entretenue par d’abord ceux qui la fréquentent et toutes les bonnes volontés.
La diaspora tombouctoise est riche, malheureusement, elle accorde peu d’attention à cette ville mystérieuse, enviée par d’autres. La cité des 333 saints, savants choyés d’Allah, porte-drapeau de l’Islam mérite mieux et plus. Félicitations à Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo ! Que Dieu la paie au centuple !
El Hadj Chahana Takiou
Source: 22 Septem