Autant de magistrats inculpés avec les motifs qu’on sait et mis à la disposition de la justice, c’est trop rare pour être passé sous silence.
Et dans ces lignes, il n’y a aucune présomption de culpabilité. Encore qu’il ne serait point besoin de dessin sur le sort des inculpés, si c’était à la rue de juger les juges… Car ce pays est profondément corrompu, si corrompu que l’Etat n’a que la vanité du pouvoir et l’argent sa réalité, toute sa triste réalité. Des sujets d’examen vendus ; des notes sexuellement transmises ; des écritures tronquées ; des comptabilités brûlées ; des comptables publics propriétaires d’immeubles ; des agents du domaine ou des maires s’adjugeant le patrimoine foncier du pays ; des votes truqués ; des promotions-canapés ; des opérateurs économiques prête-noms de petits fonctionnaires qui peuvent acheter la moitié de Miami ; des factures gonflées ou fictives y compris pour le matériel de l’armée ; des juges qui vendent la décision de justice au plus offrant ; des avocats qui mangent aux râteliers de l’accusé et du plaignant ; et pour être complet une presse qui peut salir l’honneur des citoyens contre quelques liasses.
Après l’affaire Sanogo qui véhicule à souhait la pédagogie de l’égalité de tous devant la loi, l’Etat vient, une fois de plus de frapper fort.
A ce rythme, la tolérance zéro dont nous menace le président de la République risque de produire un pays insomniaque. Mais Ibk a-t-il seulement d’autre choix. Il a parlé, il a été entendu, il est par conséquent sous haute surveillance. Il sait que dans les espérances confusément exprimées mais fortes qui l’ont porté à notre tête, figure en bonne place le désir d’avenir d’une jeunesse dont le désarroi n’est pas une fatalité. Pas d’autre issue donc que d’investir chaque centime là où il doit l’être. Pas d’autre issue que d’imiter le sérieux et l’intransigeance des pays qui ont émergé. Il faut espérer que c’est l’appel du Mali à réparer qui a été entendu dans l’affaire de ces magistrats et pas, comme il se murmure, le vertige du chiffre à quelques encablures des 100 jours du nouveau président.
Adam Thiam
Source: Lerepublicainmali