Des tirs de roquettes ont tué une jeune femme et blessé trois autres personnes à Gao, dans le nord du Mali, dimanche 5 avril. Nos Observateurs sur place s’inquiètent d’une situation sécuritaire qui n’a jamais été aussi mauvaise dans leur ville.
Cinq roquettes ont été tirées à partir de 6h du matin. L’un des projectiles a endommagé une maison au nord de Gao et blessé quatre personnes, transférées ensuite à l’hôpital de la ville. L’une d’elles, une élève de terminale, âgée d’une vingtaine d’années, a succombé à ses blessures. Les trois autres se trouvent toujours à l’hôpital. D’autres roquettes ont visé le camp de l’armée malienne, mais n’ont pas fait de victimes.
L’attaque n’a pour le moment pas été revendiquée. La piste islamiste est privilégiée. Plusieurs groupes jihadistes – dont le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) – sont en effet toujours actifs dans la zone, en dépit de la présence de soldats maliens, français et de la mission onusienne pour la stabilisation au Mali, créée en avril 2013 (Minusma).
“C’était la première fois que des tirs de roquettes visaient des civils”
El Hadj Tandina vit à Gao. Il est le président du mouvement citoyen “Soni Ali Ber” (du nom d’un légendaire guerrier de l’empire Songhaï, constitué en Afrique de l’Ouest entre le XVe et le XVIe siècle).
[Le 23 mars, une explosion dans un domicile privé a également tué deux personnes à Gao. Quelques jours plus tôt, une autre explosion a frappé le marché central, sans toutefois faire de victimes. Les jihadistes ont également de plus en plus recours aux mines antipersonnel à Gao et dans la région, depuis quelques semaines, NDLR.]
Par ailleurs, la criminalité augmente. Il ne se passe pas un jour sans qu’il y ait un braquage à Gao ou dans les villages voisins. Et les auteurs de ces braquages ne sont pas de simples bandits ! Il s’agit de gens armés de kalachnikov qui s’emparent de véhicules ou dévalisent des boutiques.
Cette insécurité grandissante est en train de tuer l’économie. Gao a toujours constitué un point de passage pour de nombreux camions, notamment en provenance d’Alger. Mais actuellement, les commerçants ont peur de se déplacer d’une ville à l’autre, car ils craignent d’être attaqués sur la route.
Gao est une ville de moins de 100 000 habitants. Mais plus de 10 000 militaires sont présents dans la zone, entre les casques bleus, les Français et les Maliens, sans oublier les policiers et les gendarmes. Pourtant, ils ne parviennent pas à gérer cette insécurité. Donc il y a quand même un sérieux problème ! [D’autres observateurs, joints par France 24, estiment que les militaires devraient faire davantage de patrouilles à l’extérieur de la ville de Gao, d’où sont tirées les roquettes, NDLR.]