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Thaïlande: violente bataille de rue à la veille des élections

Des tirs nourris et des explosions ont eu lieu samedi à Bangkok lors de heurts entre manifestants pro et antigouvernement, à la veille de législatives à haut risque qui n’ont que peu de chances d’apaiser trois mois de crise politique meurtrière.

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Au moins six personnes, selon les secours, ont été blessées lors de ces affrontements entre des partisans du gouvernement et des manifestants qui bloquaient un bâtiment où se trouvaient des urnes destinées aux élections de dimanche que les opposants au gouvernement ont promis d’empêcher.

Un journaliste de l’AFP a vu un homme le visage caché sous un passe-montagne noir tirer plusieurs fois avec un fusil d’assaut en partie dissimulé dans un sac. D’autres hommes munis d’armes de poing ont également participé à ces violences qui ont eu lieu dans le quartier de Lak Si, dans le nord de la capitale.

La bataille de rue qui a duré au moins une heure en plein samedi après-midi à côté d’un centre commercial a provoqué la fuite de passants paniqués et de journalistes, certains rampant pour passer les portes vitrées de l’établissement pour éviter les balles.

“C’est un signe très inquiétant de ce qui pourrait se passer demain”, a commenté Sunai Phasuk, de l’ONG Human Rights Watch, alors que la crise a déjà fait au moins dix morts. “Les violences pourraient s’embraser très facilement”.

Le défenseur des droits de l’Homme, qui a assisté aux violences, a estimé que les deux camps avaient fait usage d’armes à feu, notant qu’un journaliste faisait partie des blessés.

La Première ministre Yingluck Shinawatra fait face depuis trois mois à des manifestations réclamant sa tête et la fin de l’influence de son frère Thaksin, ancien chef de gouvernement renversé par un coup d’Etat militaire en 2006.

Ce putsch avait précipité le royaume dans un cycle de crises politiques à répétition, parfois violentes, voyant descendre dans la rue à tour de rôle partisans ou ennemis du milliardaire en exil pour échapper à la prison pour malversations financières.

Lors de la dernière crise qui avait fait plus de 90 morts et 1.900 blessés en 2010, les “chemises rouges” fidèles à Thaksin avaient occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la chute du gouvernement de l’époque, avant un assaut de l’armée.

Résultats dans des mois ?

Le mouvement actuel a été provoqué par un projet avorté d’amnistie qui aurait permis le retour de Thaksin, accusé par l’opposition de continuer à gouverner à travers sa soeur et d’avoir mis en place un système de corruption généralisée en faveur de son clan.

Les manifestants, alliance hétéroclite des élites de Bangkok, d’ultra-royalistes et d’habitants du sud, veulent remplacer le gouvernement par un “conseil du peuple” non élu et ont ainsi promis de tout faire pour empêcher les législatives anticipées de dimanche.

“Le gouvernement est corrompu. Si nous laissons le vote se produire, ils vont revenir”, a déclaré avant les violences Sirames, un des manifestants à Lak Si.

Les autorités ont précisé que des manifestants bloquaient également des bureaux de poste dans le sud du pays pour empêcher l’acheminement des urnes et des bulletins.

En raison des risques de nouvelles violences, quelque 130.000 policiers doivent être déployés dimanche dans tout le pays pour protéger les 93.500 bureaux de vote.

Malgré l’état d’urgence en vigueur à Bangkok, les manifestants avaient en effet déjà fortement perturbé dimanche dernier le vote par anticipation destiné aux Thaïlandais ne pouvant être présents dans leur circonscription le 2 février.

Quelque 440.000 électeurs -sur 2 millions inscrits- n’avaient pas pu mettre leur bulletin dans l’urne et un scrutin de remplacement doit être organisé le 23 février.

Le Puea Thai au pouvoir est une nouvelle fois favori de ces législatives, une victoire d’autant plus annoncée que la principale formation d’opposition, le Parti démocrate, boycotte le scrutin.

Mais en raison de la situation politique, la commission électorale a prévenu que les résultats définitifs pourraient ne pas être connus avant des mois.

Même avec des résultats, le Parlement ne pourra de toute façon pas se réunir, faute d’un quorum de 95% des députés. Plusieurs circonscriptions ne comptent en effet aucun candidat, les manifestants ayant empêché l’enregistrement des candidatures.

© 2014 AFP

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