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Terrorisme : Quand la barbarie guette le Mali au nom de la Chari’a

Les musulmans représentent environ 90 % de la population malienne, pour leur écrasante majorité, des sunnites malékites. Si cette majorité a toujours pratiqué sa religion en adéquation avec le statut laïque de l’État malien, les revendications des groupes terroristes islamistes à l’application d’une Charia radicale prennent de plus en plus d’ampleur et sont davantage reprises dans certaines mosquées maliennes.

Cette altération de la Chari’a trouvé ses racines dans des Etats du golfe Arabo-persique, qui encouragent les pays africains à forte majorité musulmane à adopter leurs visions salafiste ou wahhabite de l’Islam. Pour ce faire, certains outils sont instrumentalisés tel que le financement de bourses d’études dans ces pays ou la construction d’écoles à d’obédience wahhabite. Un certain nombre d’imams et de personnes influentes reprochent aux Maliens d’être eux-mêmes responsables d’une dérive religieuse locale.  Selon eux, la cause est une mauvaise connaissance de la religion au sein de la population. Les soufis, avec leur pratique plus apaisée et davantage spirituelle de l’Islam, sont alors décrits comme des déviants, voire comme des apostats.

Tous les groupes terroristes du Sahel partagent cette vision rigoriste de l’Islam. Selon eux, la violence au nom de la foi est un devoir : celui qui ne se bat pas est un mauvais musulman. Cette vision travestit complètement la tradition musulmane de l’Afrique de l’Ouest. Leur interprétation arbitraire  de la Sunna prône la cruauté, salissant au passage la parole divine.

Cela n’empêche pas ces mêmes groupes de vouloir revenir à un “âge d’or” qu’ils n’ont jamais connu. Aussi, voit-on régulièrement des applications de leur vision barbare de la Chari’a dans les villages maliens qu’ils contrôlent, agrémentés d’exécutions publiques, de flagellations, d’amputations…

L’intensification de l’insurrection djihadiste est plus que vraisemblable, car les racines de l’instabilité (explosion démographique, sous-développement, retrait de l’État ou encore mauvaise gouvernance) sont toujours présentes, selon les régions.

Si cette tendance se poursuit, un modèle étatique totalement différent où cette version déviante de la Chari’a serait dominante pourrait voir le jour au Mali. Un autre modèle  inspiré des « Frères Musulmans », comme en Turquie, ou  des wahhabites, comme en Arabie saoudite pourrait également se propager au Mali, ce qui est aujourd’hui le souhait de l’Imam Dicko.

Au vu de tous ces éléments, il est vraisemblable que les négociations avec les djihadistes deviennent  centrales dans les mois et années à venir selon l’évolution de la situation sécuritaire. Sans une protection assurée par le gouvernement, les chefs de village seront obligés de collaborer avec les terroristes en échange d’une paix relative. Cette imposition d’une Chari’a bafouée dans les villages pourrait alors lentement s’étendre au Mali. Elle est déjà une réalité à l’est du pays bien que contenue par les FAMa et les troupes internationales encore présentes.

Cette possible expansion pourrait faire de nombreuses victimes : les traditions, les arts, la dignité des femmes ou encore l’éducation de la nouvelle génération. Tout ce qui caractérise la vie moderne d’un Malien pourrait bientôt n’être qu’un lointain souvenir.

Siaka Sidibé

 

 Source: Mali Tribune

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